112 TRAITÉ DE L'ART DE BATIR.
les murs mitoyens construits en moellons tendres avaient coutume de
diminuer sur le prix qu'ils avaient coûté, autant de quatre-vingtièmes
qu'il y avait d'années qu'ils étaient construits , c'est qu'il était reconnu que
ces murs n'étaient pas susceptibles de durer plus de quatre-vingts ans;
mais ils ne diminuaient rien, si ces murs étaient construits en briques,
lateratii, et qu'ils eussent conservé leur aplomb : il est évident qu'il ne
peut être question dans ce passage des murs en briques crues, puisque
ces murs ne pouvaient porter plusieurs planchers sans avoir une
épaisseur extraordinaire, et que l'eau et l'humidité pouvaient les dé-
truire. Il est encore probable que lorsque Pline répète, d'après Vi-
truve, que tant que ces murs conservent leur aplomb, ils sont éternels,
c'est plutôt des briques cuites que des briques crues, dont il veut
parler. Les restes d'anciens bâtimens qui existent encore à Rome et
aux environs, sont construits en tuf et moellons tendres, tandis que
depuis bien des siècles on ne trouve aucun vestige de constructions en
briques crues, même postérieures à ces ruines, ce qui achève de con-
firmer cette opinion.
Des briques cuites des Romains, et de leur forme \.
Les constructions les plus anciennes, en briques cuites faites exprès,
ne remontent pas au delà du règne des empereurs. Le Panthéon d'A-
grippa paraît être le plus ancien édifice construit de cette manière :
1 On voit, par les ruines desédifices antiques de Rouie , que les constructions en briques
cuites, faites sous le règne des empereurs, ne sont que des revêtemens dont le milieu est en
maçonnerie de blocages. Les revêtemens sont formés par des briques triangulaires : elles
sont posées de manière que le grand côté est à l'extérieur, et l'angle droit à l'intérieur.
Par cette disposition, ces briques laissent entre elles un intervalle qui, en s'élargissant,
facilite le moyen de les relier avec la maçonnerie intérieure. Cependant, comme ce genre
de construction était susceptible d'un tassement inégal, capable de détacher les revêtemens
du massif du milieu , les constructeurs romains imaginèrent les grandes briques carrées, de
2 pieds , sur 1 pied \ , pour les relier à de certaines distances , c'est-à-dire , d'environ
4 pieds en 4 pieds (12 décimètres). Ces briques, qui formaient l'épaisseur des murs ordi-
naires, servaient à réunir les deux paremens. Avant de poser ces grandes briques, ils
avaient soin de battre la maçonnerie du milieu, afin de prévenir le tassement, ce
qu'ils pouvaient faire sans craindre d'écarter les briques des paremens , parce que
ces murs se fabriquaient dans des encaissemens à peu près comme ceux dont on se sert
pour le pisé. On remarque , dans les ruines de tous les édifices qui ont été dépouillés
de leurs revêtemens de briques, les trous des traverses de bois qui servaient pour former
ces encaissemens : ces trous sont rangés et espacés comme ceux des murs de pisé.
les murs mitoyens construits en moellons tendres avaient coutume de
diminuer sur le prix qu'ils avaient coûté, autant de quatre-vingtièmes
qu'il y avait d'années qu'ils étaient construits , c'est qu'il était reconnu que
ces murs n'étaient pas susceptibles de durer plus de quatre-vingts ans;
mais ils ne diminuaient rien, si ces murs étaient construits en briques,
lateratii, et qu'ils eussent conservé leur aplomb : il est évident qu'il ne
peut être question dans ce passage des murs en briques crues, puisque
ces murs ne pouvaient porter plusieurs planchers sans avoir une
épaisseur extraordinaire, et que l'eau et l'humidité pouvaient les dé-
truire. Il est encore probable que lorsque Pline répète, d'après Vi-
truve, que tant que ces murs conservent leur aplomb, ils sont éternels,
c'est plutôt des briques cuites que des briques crues, dont il veut
parler. Les restes d'anciens bâtimens qui existent encore à Rome et
aux environs, sont construits en tuf et moellons tendres, tandis que
depuis bien des siècles on ne trouve aucun vestige de constructions en
briques crues, même postérieures à ces ruines, ce qui achève de con-
firmer cette opinion.
Des briques cuites des Romains, et de leur forme \.
Les constructions les plus anciennes, en briques cuites faites exprès,
ne remontent pas au delà du règne des empereurs. Le Panthéon d'A-
grippa paraît être le plus ancien édifice construit de cette manière :
1 On voit, par les ruines desédifices antiques de Rouie , que les constructions en briques
cuites, faites sous le règne des empereurs, ne sont que des revêtemens dont le milieu est en
maçonnerie de blocages. Les revêtemens sont formés par des briques triangulaires : elles
sont posées de manière que le grand côté est à l'extérieur, et l'angle droit à l'intérieur.
Par cette disposition, ces briques laissent entre elles un intervalle qui, en s'élargissant,
facilite le moyen de les relier avec la maçonnerie intérieure. Cependant, comme ce genre
de construction était susceptible d'un tassement inégal, capable de détacher les revêtemens
du massif du milieu , les constructeurs romains imaginèrent les grandes briques carrées, de
2 pieds , sur 1 pied \ , pour les relier à de certaines distances , c'est-à-dire , d'environ
4 pieds en 4 pieds (12 décimètres). Ces briques, qui formaient l'épaisseur des murs ordi-
naires, servaient à réunir les deux paremens. Avant de poser ces grandes briques, ils
avaient soin de battre la maçonnerie du milieu, afin de prévenir le tassement, ce
qu'ils pouvaient faire sans craindre d'écarter les briques des paremens , parce que
ces murs se fabriquaient dans des encaissemens à peu près comme ceux dont on se sert
pour le pisé. On remarque , dans les ruines de tous les édifices qui ont été dépouillés
de leurs revêtemens de briques, les trous des traverses de bois qui servaient pour former
ces encaissemens : ces trous sont rangés et espacés comme ceux des murs de pisé.