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Saint-Victor, Jacques-Benjamin de
Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Band 3) — Paris, 1811 [Cicognara, 4099-3; 4110-3]

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https://doi.org/10.11588/diglit.7592#0531
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5i2 QUARTIER

leurs troupes, d'en former une armée et de se présenter au roi avec ce
renfort. Il y parvint avec beaucoup de promesses et un peu d'argent.
Huit mille hommes furent ainsi reunis auprès de Sedan , et le maréchal
d'Hocquincourt, qui d'ailleurs en avoit l'ordre secret de la cour, con-
sentit à les commander (i). Mazarin avoit eu, pendant cet intervalle, assez
de pouvoir pour se faire donner, par le roi lui-même, un ordre très pres-
sant de revenir, et, muni de cette pièce importante, il se prépara à
rentrer en France a la tète de cette petite armée.

La nouvelle inattendue de ce retour fut un coup de foudre pour Gondi,
et changea encore en un moment toute la face des affaires. Vainement la
cour fit-elle des efforts pour obtenir un consentement d'où dépendoit en-
tièrement celui de Gaston , la haine et la rivalité qui existoient entre lui
et Mazarin ne lui permettoient pas de rien écouter. Il exhala son dépit
en reproches et en menaces, et remplissant l'ame de Gaston de toute
l'ardeur dont il étoit lui-même enflammé, il l'entraîna sur-le-champ
au parlement, où. recommencèrent aussitôt et avec une fureur nouvelle
toutes les scènes que la haine contre ce ministre , l'intérêt, la crainte ,
toutes les passions y avoient si souvent et depuis si long-temps excitées.
Plusieurs séances très orageuses se succédèrent en peu de jours et se
terminèrent par un arrêt terrible contre le cardinal, dans lequel on dé-
fendoit aux commandants de places, aux maires et échevins des villes,
de lui livrer passage , où l'on ordonnoit des députations au roi, pour
lui présenter ce retour comme une calamité publique. La cour, prenant
alors une marche nouvelle parcequ'en effet sa situation n'étoit plus la
même, au lieu de chercher désormais à arrêter les excès du parlement,
prit la résolution de l'abandonner à lui-même , persuadée avec raison
que l'anarchie poussée au dernier période ne pouvoit manquer d'être
favorable au retour de l'autorité. En conséquence de ces dispositions

(i) Ce maréchal est le même qui, servant le parti des frondeurs pendant le siège de Paris, écrivit à
madame de Montbason ce billet fameux : Péronne est à la belle des belles. Par un retour qui n'est
que trop commun dans cette guerre singulière, il montroit alors à la cour le plus entier dévouement ;
et, dans celte circonstance, il poussa la flatterie envers Mazarin jusqu'à faire prendre a ces troupes
Vécharpe verte, qui étoit la livrée de ce ministre. Chaque chef avoit alors ses couleurs et sa livrée : les
troupes de Condé portoient l'isabelle ; celles de Gaston le bleu} celles d'Espagne, qui vinrent après, le
rouge ; les royalistes portoient l'écharpe blanche.
 
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