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parties, sélon les usages auxquels lés bâtimens étaient deslinés , il cônserva l'exceî-
Jente coutume de décorer décemment les façades & les entrées, ne manquant ja-
mais d' augmenter les ornemens du dedans, dans la proportion sélon la quelle il
ornait le dehors.
11 ne fut ni moins judicieux, ni moins exact dans la justesse de 1*exécution. Il
s* en tînt toujours à cette régularité ponctuelle, qui dépend des loix que les Maîtres
de l'art ont établies pour la proportion des membres de l'Architecture. Mais pour
donner à un bâtiment la beauté» qu'on demande, il ne susfit pas d'observer ce
que nous venons de dire. Il faut, outre cela, que l'Architecte ait le rare avanta-
ge d'avoir le goût bon-& sur. Ce n ess pas y dit un Auteur célèbre (r), que V Jlr-
chlte&ure n*ait fes principes ou connus & sondés sur la nature , comme, par exemple,
que le plus sort doit soutenlr le plus faible, ou bien établis successivement , comme un
resultat de V expérience de ceux qui nous ont précédés. Hais la partie de cet art la
plus dissicile , la plus étendue & la plus. vafle, sçavoir la décoration & les ornemens,
dont elle ess fusceptlble ne peut venir que du bon goût. Un fameux Architecte fran-
çais (2) s'exprime à peu près dans les mêmes termes. 1' .ArchlteEhure ( dit il ) étant
un art, qui en tout ce qui sait la beauté, dont ses produtllons sont susceptlblei , n' a
presque d' autre règle que ee qiï on appelle bon goût, & qui sait le jufle dîscemement
du bon & du beau d3avec ce qui ne l*ess pas* .
Et qu'eit ce donc que ce bon goût, qui a le privilège de donner aux ouvrages
de l'art ce degré de beauté & de perfection? Il ressemble en quelque façon au gra-
cieux de la peinture. Il ess très dissicile de dire ce que c ess que le gracieux dans la
peinture. On /' entend, on le conçoit bien mieux qu on ne V exprime ; il découle des lu-
mières d3 un ejprh sublime. On ne sçaurolt ï acquérir, & c ess par lui que nous don-
lions aux choses un certain agrément, qui les sait plaire infiniment d* avantage (3 ).
Voila comment parle un célèbre écrivain, qui s' elt proposé de faire l'analise de h
beauté, & je m'en remets volontiers à son jugement. Je sçait trop qu'il est moins
difficile de dire ce que n'est pas le bon goût, que d'expliquer ce qu'il est.
Nous aurons lieu de réconnaître, dans toutes les productions de Palladio, les
traits les plus marqués & les caractères les plus distinctifs du bon goût. Un accord
de choses qui forme la plus farfaite symmétrie, une certaine grâce qui enchante,
& enlevé non seulement les ConnailTeurs, mais ceux même qui n'ont aucune tein-
ture de l'artj des idées neuves> qui font voir qu'il possedait en maître la matiè-
(1) Le Blane, Tom. I. let. j4, (3; Guillaume Hogard. Analise de la beauté tra~
(*) Perault, Architcsturcgenexaïe de Vitlstve xedui- duît de l'Original Anglois. pag. 8. dans une
te en abregç Art. I, Note. Livoumc 17*1 in 8,
parties, sélon les usages auxquels lés bâtimens étaient deslinés , il cônserva l'exceî-
Jente coutume de décorer décemment les façades & les entrées, ne manquant ja-
mais d' augmenter les ornemens du dedans, dans la proportion sélon la quelle il
ornait le dehors.
11 ne fut ni moins judicieux, ni moins exact dans la justesse de 1*exécution. Il
s* en tînt toujours à cette régularité ponctuelle, qui dépend des loix que les Maîtres
de l'art ont établies pour la proportion des membres de l'Architecture. Mais pour
donner à un bâtiment la beauté» qu'on demande, il ne susfit pas d'observer ce
que nous venons de dire. Il faut, outre cela, que l'Architecte ait le rare avanta-
ge d'avoir le goût bon-& sur. Ce n ess pas y dit un Auteur célèbre (r), que V Jlr-
chlte&ure n*ait fes principes ou connus & sondés sur la nature , comme, par exemple,
que le plus sort doit soutenlr le plus faible, ou bien établis successivement , comme un
resultat de V expérience de ceux qui nous ont précédés. Hais la partie de cet art la
plus dissicile , la plus étendue & la plus. vafle, sçavoir la décoration & les ornemens,
dont elle ess fusceptlble ne peut venir que du bon goût. Un fameux Architecte fran-
çais (2) s'exprime à peu près dans les mêmes termes. 1' .ArchlteEhure ( dit il ) étant
un art, qui en tout ce qui sait la beauté, dont ses produtllons sont susceptlblei , n' a
presque d' autre règle que ee qiï on appelle bon goût, & qui sait le jufle dîscemement
du bon & du beau d3avec ce qui ne l*ess pas* .
Et qu'eit ce donc que ce bon goût, qui a le privilège de donner aux ouvrages
de l'art ce degré de beauté & de perfection? Il ressemble en quelque façon au gra-
cieux de la peinture. Il ess très dissicile de dire ce que c ess que le gracieux dans la
peinture. On /' entend, on le conçoit bien mieux qu on ne V exprime ; il découle des lu-
mières d3 un ejprh sublime. On ne sçaurolt ï acquérir, & c ess par lui que nous don-
lions aux choses un certain agrément, qui les sait plaire infiniment d* avantage (3 ).
Voila comment parle un célèbre écrivain, qui s' elt proposé de faire l'analise de h
beauté, & je m'en remets volontiers à son jugement. Je sçait trop qu'il est moins
difficile de dire ce que n'est pas le bon goût, que d'expliquer ce qu'il est.
Nous aurons lieu de réconnaître, dans toutes les productions de Palladio, les
traits les plus marqués & les caractères les plus distinctifs du bon goût. Un accord
de choses qui forme la plus farfaite symmétrie, une certaine grâce qui enchante,
& enlevé non seulement les ConnailTeurs, mais ceux même qui n'ont aucune tein-
ture de l'artj des idées neuves> qui font voir qu'il possedait en maître la matiè-
(1) Le Blane, Tom. I. let. j4, (3; Guillaume Hogard. Analise de la beauté tra~
(*) Perault, Architcsturcgenexaïe de Vitlstve xedui- duît de l'Original Anglois. pag. 8. dans une
te en abregç Art. I, Note. Livoumc 17*1 in 8,