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expliquées cy-desïliSj pouvait être de quelque utilité à ceux qui cultivent, ou qui
aiment l'Architecture. Ma satisfaction serait extrême, si la justesle & la correction
de Palladio, dans /"es bâtimens fidèlement copiés & dessinés en plus de deux cens
planches, pouvaient faire entièrement difparaître cette manière de bâtir aussi peu
raisonnab/e qu' elle ess: informe, que le mauvais goût des Boromini & des Pozzi a
introduite tant en Italie qu'ailleurs. Ce n'ess: peut-être que le feu trop ardent de
leur imagination , ou la fulle ambition de se singulariser, & de pasTer pour créateurs
ou reformateurs de l'Architecture, qui les a fait donner dans ces écarts. Pour peu
de sens comun qu'on ait, on ne sçaurait s'empêcher d'être saisi d'horreur & d'
indignation, à la vue des bâtimens que ces Architectes ont imaginés. Rien de plus
extravagant que les membres qu'ils y ont fait entrer, comme par force. Outre le
mélange bisarre de parties composées de lignes de toute espece, courbes, tortueuses»
droites, ils ont encastré dans leurs édifices des enroulemens, des cartouches, des co-
lonnes spirales, & quantité d'autres parties impertinentes, & incompatibles tant
avec la (implicite, qu'avec la solidité apparente. La forme de ces parties, leur
composition, & leur accord détruit absolument tous les principes de la véritable
beauté de l'Architecture. Si ces Artïttes n*eussent pas eu une estime aveugle pour
eux mêmes j s'ils avaient bien conçu en quoi consiste la vraie eŒence de l'art, s'
ils avaient plus souvent consulté les précieux monumens de la respectable antiquité ,
s'ils avaient écouté la voix de la nature & de la raison, s'ils s'étaient moins ab-
bandonnés à leur génie qui les portait au merveilleux, qui au fond n'a rien de so-
lide, s'ils avaient sournis leurs inventions à une critique judicieuses si, dis-je, ces
artistes avaient suivi cette méthode, ils n'auraient pas donné dans ces travers, 3c ne
se seraient pas rendus ridicules dans 1* esprit de ceux qui gavent ce que c esi: que
la bonne Architecture. La nouveauté, qui a 1* autorité pour compagne Se pour ap-
pui , trouve toujours des partisans ; le nouveau goût de bâtir se repandit en divers
endroits, 3c donna lieu à la fondation de plus d'une école. Mais il s'éleva heureu-
sement de génies sublimes, qui ne se bissèrent pas éblouir par 1' éclat ssatteur de
ce goût naissant. Insensibles aux attraits de la nouveauté, & inviolabîement atta-
chés aux vrais principes 3c aux règles solioles de l'art, ils sçurent soutenir V hon-
neur de r Architecture, les maximes des grands Maîtres, 3c la {implicite, si fort
recommandée & dans l'invention 3c dans la construction des bâtimens.
Le siècle où nous vivons n'a rien à craindre des attentats du mauvais goût. Nous
voyons déjà la vraie manière de bâtir rétablie par les soins de plusieurs excellens
Architectes. La protection que des Princes puissans daignent accorder à cet art, ks
Académies des beaux Arts établies ims l'unique vue d'en avancer les progrès, la
 
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