Cl
MAISON
DE V A L M A R A N A
NOBLES VENITIENS.
LE dessein de cet élégant édifice est une des produirions de Palladio. Il com-
prend une suite auiïi belle que commode de toutes les parties, dont r asietiî-
bîage régulier produit le plus heureux esfet. Digne habitation de l'illustre famille
qui le pofîede, il présente aux plus habiles Architectes un objet qui mérite leur
admiration. En effet, n* a-t-on pas lieu d'être surpris de voir avec quelle capacité
notre incomparable Martre a sçu distribuer le terrein assigné, & sans s'écarter en
rien des règles de l'art, y placer des loges, des sales, des chambres, des cabinets,
une cour, un jardin , des écuries, & tout ce grand nombre des pièces nécessaires
dans les mations des Grands? Palladio l'a desïiné en entier. Pour moi je me bor-
nerai à en donner le plan & à y joindre le desTein de ce qui a été exécuté, &
qui ne fait qu'une partie du bâtiment. Mais avant que d'en faire la deseription
méthodique, il ne sera pas hors de propos de nous arrêter un peu sur l'ingénieuse
& sage conduite que notre Auteur a tenue pour surmonter un obstacle qui s* oppo-
sait à h position qu'il convenait de donner à la façade principale.
La direction de la rue & des maisons contigiies à Taire, où se devait construire
la maison, gênait infiniment notre Architecte » Il fallait ou se conformer à la situa-
tion des bâcimens voisins, ou bien reculer d'un côté de quelques pieds la ligne de
ia façade. En prenant le premier parti, il n'est pas dissicile de comprendre que
les pièces qui répondaient à la façade, auraient formé un trapèze; en suivant le sé-
cond, on se serait écarté du ftanc-aHcu c;es aaisoos prochaines & du droit fil de
la riie, ce qui eût été une grande difformité. Quiconque sent la force de ces incon-
véniens, ne sçaurait réfuser à Palladio les justes éloges qu'il mérite pour avoir seu
y remédier avec tant d'habileté.
H détermina d'abord la longueur de la partie du bâtiment, qui appartenait à h
Tlanche 20. ^ce ^e devant, marquée par les lettres (a, a, a, a). Ensuite il dreiïa
à l'equerre avec les murs latéraux les colonnes de la loge. Enfin, sur
une ligne parallèle, il éleva le mur, qui réglait la largeur de la loge & la lon-
gueur des chambres qui y répondaient.
Que l'on se donne la peine d'observer, dans le plan que je présente, & qui est
MAISON
DE V A L M A R A N A
NOBLES VENITIENS.
LE dessein de cet élégant édifice est une des produirions de Palladio. Il com-
prend une suite auiïi belle que commode de toutes les parties, dont r asietiî-
bîage régulier produit le plus heureux esfet. Digne habitation de l'illustre famille
qui le pofîede, il présente aux plus habiles Architectes un objet qui mérite leur
admiration. En effet, n* a-t-on pas lieu d'être surpris de voir avec quelle capacité
notre incomparable Martre a sçu distribuer le terrein assigné, & sans s'écarter en
rien des règles de l'art, y placer des loges, des sales, des chambres, des cabinets,
une cour, un jardin , des écuries, & tout ce grand nombre des pièces nécessaires
dans les mations des Grands? Palladio l'a desïiné en entier. Pour moi je me bor-
nerai à en donner le plan & à y joindre le desTein de ce qui a été exécuté, &
qui ne fait qu'une partie du bâtiment. Mais avant que d'en faire la deseription
méthodique, il ne sera pas hors de propos de nous arrêter un peu sur l'ingénieuse
& sage conduite que notre Auteur a tenue pour surmonter un obstacle qui s* oppo-
sait à h position qu'il convenait de donner à la façade principale.
La direction de la rue & des maisons contigiies à Taire, où se devait construire
la maison, gênait infiniment notre Architecte » Il fallait ou se conformer à la situa-
tion des bâcimens voisins, ou bien reculer d'un côté de quelques pieds la ligne de
ia façade. En prenant le premier parti, il n'est pas dissicile de comprendre que
les pièces qui répondaient à la façade, auraient formé un trapèze; en suivant le sé-
cond, on se serait écarté du ftanc-aHcu c;es aaisoos prochaines & du droit fil de
la riie, ce qui eût été une grande difformité. Quiconque sent la force de ces incon-
véniens, ne sçaurait réfuser à Palladio les justes éloges qu'il mérite pour avoir seu
y remédier avec tant d'habileté.
H détermina d'abord la longueur de la partie du bâtiment, qui appartenait à h
Tlanche 20. ^ce ^e devant, marquée par les lettres (a, a, a, a). Ensuite il dreiïa
à l'equerre avec les murs latéraux les colonnes de la loge. Enfin, sur
une ligne parallèle, il éleva le mur, qui réglait la largeur de la loge & la lon-
gueur des chambres qui y répondaient.
Que l'on se donne la peine d'observer, dans le plan que je présente, & qui est