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https://doi.org/10.11588/diglit.45321#0014
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l’art français
xvnf siècle, par exemple chez Fragonard, on ne trouvera
guère ici de pochades enlevées sous le coup d’une impres-
sion passagère. Même quand l’œuvre est bâclée (ce qui est
rare), on sent que précisément c’est grâce à des principes
fortement élaborés par l’Ecole, patiemment appris par
l'élève. C’est ce qui fait l’incomparable beauté de leurs
dessins, même les plus spontanés.
Idéal du beau, méthode et règle pour l’atteindre, l’art
classique ne croit pas devoir les inventer. Ce serait fantai-
sie. Or il veut être objectif, et pour cela il veut que son
idéal soit historique, c’est-à-dire fondé sur l’autorité du
passé. Passé deux fois auguste ; l’antiquité gréco-romaine
et l'Italie (car il n’avoue pas ses emprunts fréquents au
Moyen Age). Il paraît que deux fois au cours des âges
l’observation de la nature et la raison réfléchie, intimement
unies, ont créé des chefs-d’œuvre devant lesquels toutes
les générations ont plié les genoux: de Périclès à Auguste
et de Raphaël aux Carrache. Étudions ces époques « de
maturité et de perfection » ; prenons-leur, non seulement
dés sujets, mais même leur vision: non pour les copier,
loin de là, mais pour faire comme elles, c’est-à-dire pour
suivre leur méthode. Repousser l’expérience des siècles est
une présomption aussi caractérisée que celle de vouloir se
passer de maîtres. C’est aussi une insanité, car le monde
moderne, plus il va plus il est condamné à se souvenir.
L’Académie sur ce point est aussi nette que La Bruyère :
l’éclectisme est pour nous une nécessité, puisque nous
sommes venus trop tard dans un monde trop vieux. Nous
savons trop de choses, comme les Alexandrins, les Gréco-
Romains et les Bolonais! Nos pères du XVIIe siècle, en
faisant ces réflexions à la fois orgueilleuses et tristes,
n’ont jamais songé au moyen dont s’est servi notre Néo-
Archaïsme, avec Puvis de Chavannes ou Gauguin, pour se
l’art français
xvnf siècle, par exemple chez Fragonard, on ne trouvera
guère ici de pochades enlevées sous le coup d’une impres-
sion passagère. Même quand l’œuvre est bâclée (ce qui est
rare), on sent que précisément c’est grâce à des principes
fortement élaborés par l’Ecole, patiemment appris par
l'élève. C’est ce qui fait l’incomparable beauté de leurs
dessins, même les plus spontanés.
Idéal du beau, méthode et règle pour l’atteindre, l’art
classique ne croit pas devoir les inventer. Ce serait fantai-
sie. Or il veut être objectif, et pour cela il veut que son
idéal soit historique, c’est-à-dire fondé sur l’autorité du
passé. Passé deux fois auguste ; l’antiquité gréco-romaine
et l'Italie (car il n’avoue pas ses emprunts fréquents au
Moyen Age). Il paraît que deux fois au cours des âges
l’observation de la nature et la raison réfléchie, intimement
unies, ont créé des chefs-d’œuvre devant lesquels toutes
les générations ont plié les genoux: de Périclès à Auguste
et de Raphaël aux Carrache. Étudions ces époques « de
maturité et de perfection » ; prenons-leur, non seulement
dés sujets, mais même leur vision: non pour les copier,
loin de là, mais pour faire comme elles, c’est-à-dire pour
suivre leur méthode. Repousser l’expérience des siècles est
une présomption aussi caractérisée que celle de vouloir se
passer de maîtres. C’est aussi une insanité, car le monde
moderne, plus il va plus il est condamné à se souvenir.
L’Académie sur ce point est aussi nette que La Bruyère :
l’éclectisme est pour nous une nécessité, puisque nous
sommes venus trop tard dans un monde trop vieux. Nous
savons trop de choses, comme les Alexandrins, les Gréco-
Romains et les Bolonais! Nos pères du XVIIe siècle, en
faisant ces réflexions à la fois orgueilleuses et tristes,
n’ont jamais songé au moyen dont s’est servi notre Néo-
Archaïsme, avec Puvis de Chavannes ou Gauguin, pour se