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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0035
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1

BSN



LE SIFFLET



Samedi prochain, "16 mars, Vialla, le ténor aime de
l'Eldorado, chantera, pour la première fois, une chanson
intitulée : Plus de guerres! de notre collaborateur Louis
Gabillaud, musique d'Alfred d'iiacli. ,

Nous souhaitons à nos amis tout le succès que mente
leur œuvre.

Entre joueurs effrénés : '

— Eh bien ! as-tu gagné, hier soir, au baccarat r

— J'ai gagné dix mille francs sur ma première main.-..

— Veinard ! .

— Un quart d'heure après, je restais avec trois louis.

— Pasde veine! . .,, „ ,
—A minuit, j'avais quarante-cinq billets de mille francs

devant moi.

— Veinard ! ,
—A une heure du matin, j'étais complètement decaye;

je n'avaisplus ni chaîne, ni montre, ni pardessus; j ai
joué sur parole et j'ai perdu vingt mille francs, ma garde-
robe complète, les bottines que j'ai aux pieds et^meme
le seul pantalon que je porte en ce moment. Tu n'aurais
pas une une vieille culotte à me prêter ?

— Impossible, mon cher, je suis absolument dans la
même situation que toi.

Guyon à Paulus :

— Sais-tu pourquoi les compositeurs de musique sont
royalistes ?

— C'est parce qu'il n'est pas un seul de ces messieurs
qui rie soit partisan de Pair édité.

On dit que M. Janvier (qui est toujours de la Motte)
veut fonder une maison de banque à Amiens ! C'est une
idée ; là il pourra faire des virements sans trop s'écarter
de la Somme.

Tous les jours, à 2 heures, cours théâtral, lyrique et
dramatique, et cours de lecture a haute voiœ et de pro-
nonciation, par MM. Morin et Talbot, 17, galerie Mont-
martre, passage des Panoramas.

M. Roulier est un des rares députés qui représentent
vraiment la volonté du pays... mais seulement du Pays
qui s'imprime rue des Bons-Enfants.

Il existe enqore, dans certaines petites villes de Breta-
gne, de ces bons vieux hôtels dont la maîtresse, succé-
dant au mari défunt, s'asseoit sur un rond de cuir vert,
découpe et sert elle-même ses clients.

Les hasards de la conversation avaient mis en question
les conversions, en général, et celle de saint Paul, en
particulier.

— Et vous, madame, que pensez-vous de saint Paul ?
demanda à l'hôtesse un vieux voyageur de commerce,
réputé grincheur et difficile en diable sur la question du
menu.

Je pense, monsieur, répondit la dame, que c'était un
exellent homme que j'aurais eu bien du piaisir à avoir
pour pensionnaire ; car c'est lui qui a dit : Mangez ce
que l'on vous donne et ne faites jamais de questions in-
discrètes.

— Ah! il a dit cela! répond le bourru, c'est possible...
mais alors on ne lui faisait pas payer son dîner
4 fr. 50 !

Chez un banquier.

Pendant que la lampe file sur la table, — le caissier
file sur la Belgique, — et le patron un mauvais coton.

— Quand je vous vois, disais-je à une femme rouée,
mon cœur fait : Tic tac.

— Et le mien, c'est le contraire, a-t-elle répondu, il
dit : Tactique 1

Salle Saint-Laurent, rue de la Fidélité. Tous les soirs,
Bruno le fileur, Qui perd gagne, et les Suites d'unpre-
mier lit.

LE PERE-SIFFLEUB.

14° Celui des honnêtes gens;

15" Celui des crapules ;

16° Celui des femmes vertueuses ;

17° Celui des femmes qui ne le sont pas ;

18» Celui des imbéciles ;

19» Celui des gens d'esprit. (Il n'y a que les lecteurs du
Sifflet qui en ont.)

20° Celui des gens qui n'ont pas le sou. (Hélas ! il y en
a beaucoup. )

21° Enfin celui des gens qui ont de l'argent. (Il y en a
beaucoup moins.)

Avouez que la statistique serait bien plus attrayante si
elle donnait de pareils renseignements.

Alphonse Lafitte.





i*t



A PROPOS DU RECENSEMEI

On va très prochainement procéder au recensement dé
la capitale.

Nous saurons alors combien Paris possède d'hommes
et de femmes, y compris les Auvergnats.

J'avoue que ce calcul m'intéresse médiocrement. J'ai-
merais cent fois mieux connaître :

1° Combien mademoiselle Cora Pearl reçoit d'adora-
teurs par jour ;
2° L'âge de-Léonide Leblanc;
3° Le nombre des abonnés du Pays;
4»' S'il y a, au Drame de Gondo, d'autres spectateurs
que le pompier et le souffleur ;

5° Le nombre des dents de la grande Aline du café
•Garein;

6» S'il reste encore des vierges dans la rue Neuve-des-
Martyrs ;

7° La quantité de coton qui se trouve dans le maillot
de mademoiselle S. B.

8° Le nombre de cheveux qui reste sur la tête de la
Carabin lorsqu'elle a tiré son faux chignon ;

9° La quantité d'œils qui se trouve dans les bouillons
de chez Duval ;

10° Le nombre des maris trompés. — Il y a, dit-ôn,
beaucoup de maris qui ressemblent aux éléphants, puis-
qu'ils sont trompés;

11° Le tirage de la Patrie ;

12° Le nombre des concierges polis ; -

13° Celui des propriétaires désintéressés;

AMBIGU-COMIQUE.

Le Drame de Gondo a obtenu un succès de fou rire
comme jamais l'Ambigu n'en a eu depuis sa fondation.

Je ne serais pas étonné que ce drame comique obtienne
deux cents représentations consécutives.

A part Tricoche et Caeolet, je crois qu'il est difficile de
trouver à Paris en ce moment une pièce plus drôle que
celle de M. Demangeot.

M. Billion évidemment veut faire concurrence au
Palais-Royal ; avec son intelligence et sa prodigalité, il
pourrait bien faire tort à MM. Choler etPlunkett.

La Dame aux jambes d'azur, que j'ai vu jouer il y a
quelque dix ans par Grassot, Ravel et Hyacinthe, était
une pièce vénitienne, mais le Drame de Gondo, qui en
est une aussi, a des situations autrement comiques que
la bouffonnerie de MM. Marc-Michel et Labiche.

Micukl Anézo.

CAUSES CELEBRES

GUIGNOSCHAT L HONNÊTE HOMME

Nous sommes au tribunal correctionnel. Le banc de la
prévention est occupé par un grand gaillard imparfaite-
ment vêtu d'une blouse qui" pendilloehe en guenilles
autour de lui. — C'est Télesphore Guignoschat, de
Breurey-Ies-Nonnes (Haute-Saône.)
M. le président. — Votre profession ?
Le prévenu. — Casseur de glace.
M. le président. — Expliquez-vous.
Le prévenu. —■ Eh oui, quoi.1 je casse la glace sur la
rivière; quand c'est gelé.

M. le président. — Je comprends alors que vous cher-
chiez d'autres ressources dans le vol.

Le prévenu. — Pas ma faute, si la saison est impro-
pice.. . Dans mes moments perdus je repêche les cadavres
dans l'eau.

M. le président. — Vous n'avez que dix-neuf ans, et
déjà vous avez été condamné cinq fois pour divers délits,
entre autres pour vols. Ce sont là de bien mauvais anté-
cédents !

Le prévenu. — Pour les T,écedents, je n' dis pas ; mais
pour le quart d'heure je surveille un peu ma conduite ;
et rien à y dire.

M. le président: — Vous voyez bien qu'il y a quelque
chose à dire, puisque le sieur Ferléchou vous a surpris en
train de marauder dans son jardin.

Le prévenu. — Oui; il est bien, le sieur Ferléchou. Il
vient faire Son honnête homme ici, et il dit par tout le
pays que si je me noyais, ça serait rendre un grand ser-
vice à la nation. Pour lors, comment que je pourrais
rester à travailler chez un maître, si on m'y fait passer
pour de la crapule ?

M. le président. — Enfin, il vous a vu prendre des
pommes dans son jardin. Vous ne pouvez nier ce vol ;
trois autres témoins vous ont vu également.

Le prévenu. — Qu'est-ce que ça prouve ? Je vous en
amènerai quarante mille qui ne m'ont pas vu..
Le sieur Ferléchou s'explique ainsi :
— Vu que j'ai des abeilles, bien à vot'service, monsieur
le président, j'étais t'allé voir une ruche avec ma femme
qui était pleine de cire. Et au lieu de ça, qu'est-ce que je
vois ? Je vois le Télesphore Guignoschat qui s'ensauvait
au grand galop avec un sac de pommes qu'il avait cueil-
lies sur un[pommier de rainettes. Qu'est-ce que je fais? Je
ne fais ni une ni deusse ; je me mets à crier : Au voleur !
au voleur J et je saute après son sac pour l'empêcher-de
s'ensauver. (Le témoin empoigne l'huissier audiencier
par le bras et le secoue violemment pour donner plus de
couleur à son récit.)
M. le président. —Modérez-vous, modérez-vous.
Le témoin. — A vot' service, m'sieu le président.
M. le président. —Et alors?...

Le. témoin. — Alors la femme Grosbèche, qui travail-
lait à côté de mon jardin avec son homme et son gendre,
celui qui est veuf, m'ont dit qu'ils croyaient que c'était
pour moi que le Guignoschat cueillait mes pommes, puis-
qu'il n'avait pas l'air de se cacher, et que c'est pour cela,
qu'ils n'avaient rien dit. Preuve donc qu'ils ont vu le vol
comme je vous vois, m'sieu le président.

Le prévenu. —Sa raison est bonne; mais puisque.je
vous dis qu'à c'tte heure je me conduis en manière d'un
honnête homme, doux comme un mouton, même qu'au-
jourd'hui le gardien de la maison d'arrêt m'a dit qu'il n'a-
vait pas ce qui S'appelle ça à me reprocher depuis que j'ai
été arrêté.

M. le président. — Vous faites bien de vous conduire
convenablement en prison.

Le prévenu. — La raison est bonne ; mais n'empêche
que si j'étais pas pour le moment un honnête homme, le
gardien do la maison d'arrêt ne m'aurait pas donné une
bonne note.

Le tribunal, après avoir entendu la déclaration des au-
tres témoins, condamne le prévenu à quinze jours de
prison.

A. Humbert.

THÉÂTRES

THEATRE-ITALIEN

Le Théâtre-Italien a fait sa réouverture cette année à
peu près à l'époque où il termine ordinairement sa sai-
son.

Si la Traviata avait été mieux interprétée, je dirais
mieux vaut tard que jamais, mais après, avoir entendu
chanter d'une façon aussi déplorable le chef-d'œuvre de
Verdi, je crois que la nouvelle direction aurait bien fait
d'attendre à l'année prochaine pour faire ses débuts.

A part Verger, dont la voix est toujours charmante,
tout le reste à été plus que médiocre.

Madame Ramirez chante plus faux qu'une romancière
de Bataclan ; il n'est pas possible d'être moins Violetla
que cette dame, à moins de faire chanter ce rôle par ma*
dame Tbierret.

Le véritable succès de la soirée a été pour l'orchestre.

LES REPORTERS

Le reporter est un animal à deux pattes et à plume
dont la perfide Albion peut revendiquer l'innovation.

Tout journal qui se respecte a non-seulement des por-
teurs, mais encore des reporters.

Plus il se respecte, plus il en a.

Quand il se respecte tout à fait il a même des sous-re-
porters chargés de préparer le travail des premiers.

Le rôle du reporter dans cette comédie humaine qui
se nomme le journalisme, est de tenir les spectateurs de
la représentation continuelle dont les écrivains sont
les acteurs, au courant des vols, des assassinats, des ac-
cidents, des inventions, des grands mariages, des décès de
gens notables, etc., etc., etc., qui émaillent et varient
la monotone existence de Khomme sur la terre.

Le genre reporter comprend un grand nombre de va-
riétés. Nous ne citerons que les plus intéressantes.

LE REPORTER CONSCIENCIEUX

Se lève à cinq heures du matin, entre aussitôt en
chasse d'aventures, prend à peine le temps de dévorer à
midi une maigre côtelette arrosée à la hâte d'un verre
de vin, reprend son fusil, c'est-à-dire sa plume de Tolède,
et, après avoir battu en tous sens le pavé de la ville jus-
qu'à sept heures, va porter à son journal cinq ou six
cents lignes de copie sur lesquelles il en estaceepté vingt-
trois en moyenne. Il a éculé une demi-paire de bottes,
usé une main de papier, et gagné deux francs trente cen-
times, sans compter qu'il s'est exposé dix fois à être
ééharpé par des individus qui l'ont pris pour un agent
de la police de sûreté, qu'il a fait la chaîne à deux incen-
dies, coopéré à l'arrestation de trois bandits de la pire
espèce, et failli recevoir sur la tète dans les jours de tem-
pête une demi-douzaine de cheminées.

LE REPORTER DU HIGH-LÏFE

A beaucoup de relations dans le grand monde, parmi
les cuisinières, les valets et les femmes de chambre, les
cochers et autres gens de service.

Aussi sait-il à un mouchoir de poche près comme est
monté en linge le ministre de la justice, de combien de
centimètres était le faux-col que portait au 31 octobre
M. Garnier-Pagès et l'heure précise à laquelle madame
Thiers prend son chocolat.

Chaque jour il va dans le monde... des larbins prendre
un de ces renseignements si utiles à l'histoire future de
la civilisation au dix-neuvième siècle. Son rédacteur en
chef lui donne cinq à six cents francs par mois pour ce
travail écrasant, — écrasant au point de vue de la caisse.

LE REPORTES EN VIEUX

Lui a des collections de vieux journaux dont il refait à
sa manière et en les adaptant au goût du jour, les ehroni«
ques jaunies par le temps. Il a raconté dix ans de suite la,
fameuse histoire du serpent de mer du vieux Constitu-
tionnel. S'il vit encore en 1873, il la servira de nouveau
à ses lecteurs. Son niétier est facile, n'exige ni frais de
toilette ni dépense de chaussure. L'aplomb suffit, et il en
a assez pour se faire grassement rétribuer.

LE REPORTER MILITAIRE :

Métier facile en garnison, mais singulièrement dange-
reux en campagne, où, s'il ne reçoit qu'avec peine ses ap-
pointements à mois échu, il risque à chaque minute de
lier connaissance avec lès fers chirurgicaux des ambu»
lances.

J'ai connu un de ces infortunés qui, jaloux de prouver
qu'il écrivait de visu, s'était astreint de rapporter à cha-
cune de ses excursions deux ou trois kilogrammes de mi-
traille qu'il déposait sur le bureau de son rédacteur en
chef. Il se faisait payer fort cher. Un confrère charitable
s'offrit à le remplacer pour 250 francs par mois, fut ac-
cepté et, en faisant chaque matin deux ou trois éclats
d'obus sur le bureau du directeur et les rapportant le
soir, -sut se faire regarder comme un héros sans peur et
un homme bien désintéressé.

LE REPORTER GRINCHEUX ,

Celui-là est un fanatique, faisant du reportage par
amour de l'art, offrant quarante sous au jeune voyou qui
lui a raconté un fait dont il tirera trente-cinq centimes,
et dépensant trois heures de fiacre pour aller visiter le
cabaret borgne où deux gredins se sont administré la
veille des coups de couteau. Mais malheur à celui $e $es
confrères qui a su avoir sur ces faits importants des dé-
tails aussi complets que les siens : c'est un misérable, un
plagiaire, un voleur. Ah I qu'il l'arrange de la belle façon.
Et celui donc qui a été assez heureux pour faire une" ré-
colte plus abondante que la sienne : « N'est-ce pas une
infamie, que des idiots, des crétins comme X tombent
toujours sur ce qu'il y a de bon, quand des hommes
comme moi n'ont pas simplement un pauvre petit assas-
sinat à se mettre sous la dent.

Le reporter grincheux ferait guillotiner son propre
père pour avoir la jojà d'avoir un gros fait à rapporter.
Le colonel Mac-Razor.

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