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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 2.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.8638#0044
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^EEMOSaîCaBSS^'SHEvïïEïSS:

LE SliFFLET

WKBWBPtSTOinaa fessa

Pour tout es qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézo, 7,
rue Rochechouart,

LES CASQUETTES NOIRES

Air du <SîVe de Fisch-ton-Kan.

On ne voit partout, dans les rues,

Le soir, quand approche minuit,

Minuit! Minuit!

Que des figures éperdues

Qui s’affaissent au moindre bruit,

Au moindre bruit.

C’est qu’on a lu dans les gazettes
Des crimes qui nous font frémir,

Oui, frémir !

Et que la bande des casquettes
En a beaucoup trop fait mourir,

Trop fait mourir !

refrain :

V’ià Gélinier, le géant,

Qui cherche aventure,

Et Renaud son lieutenant
Guigne sa pâture !

V’ià Gélinier, le géant,

Qui cherche aventure,

Le bourgeois le plus vaillant
Sera sa capture !

C’est la casquett’ noire, ouvrez l’oeil ! pressez 1’ pas !
C’est la casquett’ noir’, bourgeois, n’avancez pas !

Ce chef de brigands redoutable
Et farouche, n’a pas quinze ans,

Pas quinze ans !

Et dans sa bande formidable
On ne voit guèr’ que des enfants,

Oui, des enfants !

Ils ont lu des romans fort bêtes
Où le crime est ingénieux,

Ingénieux,

Et dans la bande des casquettes
On s’est dit que l’on ferait mieux,

L’on ferait mieux.

V’ià Gélinier, le géant, etc.

Dans ce siècle de décadence,

De sang déjà trop assombri,

Trop assombri !

N’est-il donc plus une espérance ;

Pour la sagesse aucun abri ?

Aucun abri ?

Matelots, bravez les tempêtes!

Le Progrès sera le sauveur,

Oui, le sauveur !

Malgré la bande des casquettes, #-
Notre avenir sera meilleur,

Sera meilleur !

refrain :

V’ià Gélinier, le géant,

Qui cherche aventure,

Et Renaud son lieutenant
Guigne sa pâture !

V’ià Gélinier, le géant,

Qui cherche aventure,

Le bourgeois le plus vaillant
Sera sa capture !

C’est la casquett’ noire, ouvrez l’œil, pressez Y pas !
C’est la casquett’ noir’, bourgeois, n’avancez pas !

Le Guillois.

SIFFLEMENTS

L’homme du jour, le héros (je pourrais dire le zéro)
du moment, c’est le fameux général du Temple ! ! !

Connaissez-vous ce du Temple ?

Oh non ! n’est-ce pas ?

Ni moi non plus; je ne sais du Temple que la rue,
que le faubourg, que le boulevard, que le marché, que
la femme, mais pas du tout le général.

Donc, mesdames et messieurs, comme disaient jadis
Bobèche et Galimafré sur les tréteaux de la foire, nous
allons passer à un autre genre d’exercices, car nous
voulons que notre public soit content de nous, et ee n’est
pas avec un phénomène de ce genre-là que nous pou-
vons le satisfaire.

En avant la musique:.. Dzing! boum! boum!

La semaine dernière on a vendu, dans la salle Drouot,
les diamants d’une obscure actrice, que je me permets
de ne pas nommer , quoique le journal du clergé, de la
noblesse et des honnêtes gens n’ait pas eu mes scru-
pules.

Le Sifflet a plus de pudeur, il ne veut pas s’associer
aux spéculations de ces dames, il ne mange pas de ce
pain-là.

Ainsi la semaine dernière on a vendu les bijoux de
cette comédienne in partibus.

Les enchères ont monté, paraît-il, d’une façon prodi-

gieuse;’ une broche d’une valeur de cent écus a été ad-
jugée cinquante louis... le reste à l’avenant.

Ah! mesdames du grand monde, qui vous arrachez
ces objets, vous ne songez pas que ce sont des reliques
profanes que les honnêtes femmes ne peuvent porter
sans se compromettre.

Voyez donc, chère duchesse ; si le vicomte de X... re-
connaît à votre cou le médaillon qu’il a offert a cette
fdle de la rampe, il aura, c’est logique, le droit de
dire que vous portez un souvenir de lui.

Les mariages augmentent d’une façon prodigieuse à
Paris.

Quatre cent vingt-huit personnes se sont accouplées
devant l’écharpe municipale la semaine dernière.

Que doivent penser de cela MM. Alexandre Dumas et
Adolphe Belot ?

Les derniers ouvrages de ces deux auteurs, la Femme
de Claude et la Femme de feu, avaient évidemment
pour but de détruire le conjungo. Il semblait impossible
qu’un monsieur, qui avait lu fructueusement l’un ou
l’autre de ces romans, puisse se lancer à corps perdu
dans l’hyménée.

Eh bien, c’est le contraire qui est arrivé.

Tous les lecteurs de Dumas et de Belot se marient
avec une précipitation vertigineuse.

Moralisez donc, messieurs.

Les Espagnols grandiront... oui, ils grandiront, quoi
qu’en disent les journaux qui prophétisent le contraire.

D’abord, ils viennent d’obtenir un très grand succès...
à l’Athénée, dans la Dot mal placée.

Vous voyez donc bien que l’Espagne a toujours des
ressources.

J’avoue que je croyais, il y a quelques jours, le pays
des castagnettes, des boléros et des sérénades complète-
ment perdu ; il me semblait qu’il n’y avait plus rien à
faire sous le beau ciel des Espagnes.

Je me disais que Beaumarchais et Le Sage l’avaient
-complètement épuisé.

Eh bien, non, il y a encore des centaines d’opéras
comiques à tirer dans cette république où fleurit l’o-
ranger.

La bande des casquettes noires obtient un succès qui
peut presque rivaliser avec celui de Tropmann.

Ni les discussions de l’Assemblée, ni l’incendie de la
Villette, ni la nouvelle crue de la Seine ne peuvent lui
porter ombrage.

On ne parle que de Gélinier et Ce.

Nous n’avons pas voulu naturellement passer sous
silence cette grande actualité. Meyer s’est mis à l’œu-
vre pour un dessin, Le Guillois pour la chanson ci-
contre, et moi je m’y mets pour une anecdote.

Il y a à peu près deux mois, un petit jeune homme
blond vint me trouver au bureau du Sifflet.

— Je voudrais, monsieur, me dit-il, entrer dans votre
administration, acceptez-moi, je vous prie.

Je le regardai avec attention ; il me paraissait intel-
ligent et d’une physionomie sympathique.

— Quels sont vos antécédents? lui demandai-je.

— J’ai été commis-libraire, distributeur de journaux,
garçon de magasin, employé de commerce.

— Tout cela à votre âge ?

— Mais, monsieur, j’ai quatorze ans, me répondit-il
avec aplomb.

— Comment, quatorze ans ! je vous en aurais donné
dix-huit.

— Oh ! monsieur, je suis plus sérieux que je ne le
parais.

— Comment vous nommez-vous? lui demandai-je en
ouvrant mon carnet.

— Gélinier... avec un l, manière est concierge boule-
vard Montmartre, n° 2.

— Eh bien, c’est convenu, si vos références sont bon-
nes je vous accepte; seulement, je dois vous prévenir que
je vous oblige à porter la livrée du Sifflet.

— Jamais, jamais ! me répondit-il avec indignation,
je ne suis pas un larbin, j’ai refusé la semaine dernière
d’entrer au Paris-Qazette pour le même motif.

Je tiens à ma casquette noire et je ne veux pas la
quitter.

— Alors, allez vous promener, lui dis-je.

Et voilà comment nous avons été privés des services
du capitaine de la fameuse bande des casquettes noires.

Michel Anézo.

M. CARAYON DE DUNKERQUE

Il lui a plu, à lui, de s’appeler de Carayon-Latour. Il
me plaît, à moi, de l’appeler Carayon de Dunkerque.
Nous en avons le même droit tous les deux.

Et vous allez voir comment
Le bien vient en naviguant !

Je ne me serais jamais permis une telle irrévérence,
— d’abord si elle n’avait pas été motivée, — ensuite,
si un ami extra-maladroit ne s’était pas écrié :

— La parole d’un gentilhomme vaut mieux qu’une
enquête !

Il est joli, le gentilhomme !

On suppose généralement que les gentilshommes qui

ne sont pas sortis tout à fait de la cuisse de Jupiter re-
montent au moins aux Croisades.

M. Carayon remonte tout simplement à un marchand
de peaux de lapin du temps de la première Républi-
que.

Il s’appelait simplement Carayon.

C’était un habitant de la commune de Lacaze, canton
de Yabre, arrondissement de Castres, département du
Tarn.

M. Carayon, de ce temps-là, eut beau gagner de l’ar-
gent, il se serait cru fort mal venu d’ajouter le moindre
de ou le moindre.Latour à son nom.

C’était un bon paysan, tout rond et tout madré, qui
était un peu tisserand.

Son fils, le père du Carayon de Dunkerque, est.un
natif du hameau de Camalières, commune de Lacaze.

Ce fils s’enrichit, comme il arrive de nos jours à beau-
coup de marchands de bric-à-brac ; il acheta un do-
maine appelé Latour et se fit appeler d’abord Carayon-
Latour.

C’est simple comme bonjour, et je pourrais en citer
maint exemple.

Mais il avait un prétexte, c’était son frère!

Pourquoi deux Carayon?

L’un s’appelle Carayon-Latour, et l’autre Carayon-
Tulpayrac !

Tulpayeras ! me plaît infiniment ; mais c’est celui de
Dunkerque qui le payera, vu qu’il s’est beaucoup plus
mis en relief que son frère.

Le Carayon-Latour, père du député si extraordi-
nairement gentilhomme, était tisserand, comme l’auteur
de ses jours ; on le rencontrait dans toutes les foires du
Tarn et de l’Aveyron, où il achetait du fil pour fabri-
quer des serges, des basins et des cotonines.

. Puis il vendait, de foire en foire, ses serges, ses ba-
sins et ses cotonines dans l’Hérault et aux foires de Pé-
zenas.

O Pézenas, nom prédestiné ! Combien ils te doivent,
tous ces Carayon !

Le père de notre député montait, pour ses courses
foraines, un bidet, moitié âne, moitié cheval, auprès
duquel le cheval de Dartagnan eût passé pour un pur-

sang.

Il lui arriva pourtant des malheurs ; par exemple,
celui de tomber au sort, mais il s’en tira en entrant dans
les bureaux d’un munitionnaire de l’armée d’Espagne.

Cela le conduisit, grâce à l’appui du maréchal Soult,
son compatriote, à être fournisseur, — c’est tout dire.

Il acheta, au retour, un château, — gagné en Espa-
gne ! — celui de Camalières, où habite encore le Carayon-
Tulpayeras, frère du député.

Le mot de l’énigme, faut-il le dire ?... C’est que c’était
un beau garçon, grand parleur, et pas mal roublard.

Aussi épousa-t-il la fille d’un maréchal, non pas fer-
rant, comme on aurait pu s’y attendre, mais de France,
la fille du maréchal de Pérignon, l’un des moins illustres
de la pléiade.

A peine riche, le roturier se rallia aux Bourbons, qui
le firent d’abord receveur général de la Gironde.
Charles X le fit baron.

Yous voyez que cela ne remonte ni à Jupiter ni aux
Croisades !

Louis-Philippe l’accueillit avec le même amour et en
obtint le même serment. Que voulez-vous ! un élève de
Soult !

Le père vendait des peaux de lapin ; le fils ne jure que
par saint Louis.

Preuve évidente que nous sommes en progrès.

Seulement, je me demande ceci : lequel mettent-ils
en avant, est-ce le maréchal de Pérignon ou le mar-
chand de peaux de lapin ?

Et aussi, auquel faisaient donc allusion les interrup-
teurs qui disaient que la parole d’un gentilhomme vaut
mieux qu’une enquête ?

Après ça, on peut peut-être fabriquer des parchemins
avec des peaux de lapin !

En retirant le poil pour en faire des chapeaux de
castor, c’est possible.

Et dire que mon titre de marquis ne nra jamais été
contesté !

Et que je ne suis pas de la droite !

1 C’est écornifistibulant !

Le Guillois.

CORRESPONDANCE

Le pape seul est infaillible, donc on ne trouvera pas
surprenant que notre collaborateur Le Guillois ait pu
faire une confusion dans la nomenclature des œuvres
des frères siamois Chivot et Duru.

Du reste, nous nous empressons de rectifier cette er-
reur, en publiant la lettre des deux sympathiques au-
teurs.

A M. Michel Anézo, rédacteur en chef du Sifflet.

Paris, ce 1er mars 1873.

Nous venons, monsieur, vous remercier de là charmante
biographie que M. Le Guillois a bien voulu nous consacrer
dans le dernier numéro de votre spirituel Sifflet.

M. Le Guillois, dans son article, a commis une erreur, —
bien involontaire, sans doute, — mais qu’il nous importe de
rectifier.

Nous n’avons point l’honneur d’être les auteurs de Trico-
che et Cacolet...

Nous vous prions de vouloir bien opérer un virement à
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