Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 2.1873

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.8638#0073
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE SïFjFLET

3




TYPES PARISIENS

LE RESTAURATEUR UES LETTRES

S’il y a un homme qui mérite la célébrité et une ré-
compense nationale, c’est bien lui, assurément.

Il nourrit la Patrie... le Pays... etc., etc.

Presque toute la littérature s’alimente dans son su-
perbe établissement, où tout n’est pas pour rien, mais où
tout est exquis et substantiel,.. (Allez-y la grosse caisse.
Dzing. Boum ! Boum ! )

Vous ne savez pas naturellement de qui je veux par-
ler.

— Ah ! si je savais dessiner, comme je ferais de suite
un immense faux-col, qui vous le ferait reconnaître à
l’instant.

Je compléterais mon esquisse en crayonnant... un nez
régulier... mais formidable,,., des yeux intelligents...
mais phosphorescents, et des cheveux... en argent con-
trôlé à la Monnaie.

Mais puisque je ne peux pas dessiner, il faut que je
vous le fasse connaître autrement.

Comme restaurateur, je l’ai déjà dit... c’est le premier
restaurateur de notre époque...

... Venez me dire le contraire et je vous fais embro-
cher dans sa cuisine.

Mais cela ne l'empêche pas d’être intelligent, spirituel,
bon vivant, aimable avec les dames... Je ne lui connais
pas d’autres défauts.

... Il assiste à toutes les premières représentations..,
et il sert de baromètre: si sonnez bouge, grand succès...
s’il ne remue pas, four complet... c’est invariable.

... Les critiques sérieux ne se font jamais d’opinion
sur les nouvelles pièces avant d’avoir consulté le nez de
Bre..., bon ! j’allais écrire son nom...

J’aurais été joli, je le connais impitoyable et chatouil-
leux de l’épiderme comme Mme Thierret; il m’aurait
traîné devant les tribunaux en me demandant deux cent
mille francs de dommages et intérêts... Maisparmon pro-
cédé j’échappe à sa vengeance...

Bobèche.

COUPS DE SIFFLET

Enfin ! le Salon va s’ouvrir !

Ceux du noble faubourg se ferment. En avant celui des
Champs-Elysées !

Ce que je connais de gens refusés, c’est inimaginable.
On jurerait que je suis l’ami des quatre mille, — car le
splendide jury avait à examiner six mille œuvres, et il
n’en a reçu que deux mille.

On en mangerait, de ce jury.

Il me semble le voir passer sa revue à la vapeur. Les
tableaux s’alignent pêle-mêle à mesure qu’il passe, et il
n’a que le temps de crier : — Refusé! refusé !

Non-seulement il finira par ne plus même admettre
ceux qui sont hors concours, mais il commence déjà à
les refuser.

L’an prochain, le Salon sera exclusivement composé
d’œuvres des membres du jury.

Les autres se fouilleront.

Au marché aux fleurs :

une dame. — Combien cette botte de lilas ?

la marchande. — Un franc*

la dame. — Un franc!... Par exemple! Je vous en
donne cinq sous.

là marchande, riant. — Dis donc, Joséphine, t’as pas
une botte de foin pour madame ? Elle a faim !

Au Bois i

— Juliette, tu es belle, je t’aime!... Le zéphyr est
doux, arrêtons-nous dans ce bosquet!

— Oh ! non!,., il n’y a pas encore assez de feuilles !

Trouvé dans la boîte du Sifflet :

« Monsieur le Père*Siffleuiq

« Permettez à un infortuné grammairien de vous ex-
primer ses doléances.

« Mon bonheur serait plus que parfait, s’il n’était
futur. Depuis qüè je suis marié, le caractère impératif
de ma femme me fait chaque jour songer à mon bien-
être passé ; j’envie la félicité dont le mode conditionnel
est le célibat.

« Enfin, vous l’avouerai-je ? j’en suis devenu vindi-
catif et à ce point imparfait que j ajoute aux fautes
de mon passé indéfini, celle de demander à grands cris
la mort de mon épouse dont le verbe haut prend à toute
heure plus d’empire sur moi.

« Excellent Sifflet, je sais combien tu participes à
ma peine ; mais je n’ignore pas que tu n’y peux rien,
que me plaindre pour le présent.

« Ce qui fait que je te prie d’accepter à l'infinitif
toute l’assurance (que je t’offre au subjonctif) de ma
sincère amitié et de ma reconnaissance, que tu appren-
dras à connaître en temps meilleurs.

« A. Syntaxe. »

Un rat d’opéra à une jeune et jolie balayeuse des
rues :

— Yois-tu, ma fille, mes ballets valent mieux que les
tiens ; j’y ai fait mon chemin: tu ne feras jamais que
celui des autres !

Un charmant rédacteur de la Gazette du Spleen, où
il n’a jamais écrit une ligne, est d’une politesse aga-
çante.

— Il a un tic poli, dît Fauvel.

— Ça vaut mieux qu’une politique! répond Louis
Gille.

On vient d’organiser un service régulier de prome-
nades pour faire visiter les égouts aux personnes qui
voudront se payer cette partie de plaisir.

L’administration des vidanges de la ville se propose
également, pour faire concurrence à ce projet, d’établir
sur le dépotoir de Bondy une petite flottille qui sera à la
disposition des amateurs qui voudront canoter sur ce lac
enchanteur.

Ainsi, attendons-nous prochainement à lire sur les
murs de Paris les affiches suivantes :

Dépotoir de Bondy
Régates

Joute, mât de beaupré
Course au cochon, etc.

Je ne doute pas un instant du succès qu’obtiendront
ces promenades dans les égouts et ces fêtes nautiques
sur... les matières premières.

Rue Racine, chez un marchand de curiosités, on peut
lire sur un vieux christ en ivoire : Christ trouvé dans
les ruines de Pompéi.

Depuis qu’il a plu, disait-on devant Calino, le temps
s’est radouci d’une manière surprenante.

— Mais ce n’est pas étonnant, répondit Timbécile,
c’est qu’il tombait de l’eau sucrée.

On vient de retirer de la Seine le cadavre d’une
femme à laquelle il ne restait que le tronc.

On suppose qu’elle s’est suicidée après la réception
d’une nouvelle qui lui aurait coupé bras et jambes.

Il existe des femmes qui achètent au coin de rue et
beaucoup d’autres qui s'y vendent.

— Savez-vous quelle est la plus mauvaise farce qu’on
puisse faire au gros sel ?

— Ma foi ! non, dites de suite.

— C’est de le jeter dans l’eau bouillante.

On nous raconte qu’un employé voulant se distraire
un peu, le lundi de Pâques, est allé passer une heure...
à la Morgue.

Une jeune fille désire s’unir dans le plus bref délai
possible à un monsieur d’une position intéressante. Elle
touche à sa majorité, du piano et une rente mensuelle de
cinq cents francs.

Avis aux amateurs !

Les ambitieux essayent d’atteindre le bonheur sans le
pouvoir.

Us y arriveraient s’ils cherchaient le bonheur sans le
pouvoir.

A l’hôpital militaire :

Le docteur. — Yenez-vousdu corps?

Le soldat. — Non, de permission.

Un jeune avocat d’une nullité digne d’éloges plaide
pour la première fois.

Naturellement, son client perd son procès.

— Eh bien ! dit mélancoliquement un ami au jeune
avocat, tu n’as pas obtenu gain de cause.

— C’est vrai, mais ç’a été pour moi une cause de
gain.

Entre jeunes gens :

— Je me marierais volontiers avec une veuve.

— Allons donc, il vaut mieux une jeune fille.

Calino survient.

— Je préfère, s’écrie-Uil, une veuve qui n’ait jamais
été mariée 3

LE PÈRE-S1FFLEUR.

ASPERGES ET PETITS POIS

Dans huit jours, le joli mois de mai nous apportera des
feuilles, — ce qui n’empêche pas avril de s’en faire une
parure tendre et verdoyante.

Chaque dimanche, les recettes monstres des chemins
de fer recommencent, — seulement pour les environs
de Paris.

Les touristes à poil ne font encore que songer au
choix de leur ville d’eaux que déjà les bosquets de Sures-
nés, d’Argenteuil, de Joinville, de Meudon, de Robin-
son reçoivent par milliers les couples d’amoureux qui
roucoulent la chanson du Printemps.

Moi, autrefois, j’aimais, j’adorais ces parties cham-
pêtres, — surtout à cause du petit bleu et de la
friture.

Aujourd’hui, j’aime toujours le Printemps, — mais
c’est surtout parce qu’il nous apporte des asperges et des
petits pois...

Ça n’a l’air de rien, ça, mais c’est le commencement
du défilé des primeurs.

Que m’importent les lilas, les pâquerettes et Taubé-

pine ? Ça se cueille, ça s’effeuille et ça se fane... comme
l’amour.

Tristes emblèmes dans leur poésie que ces fleurs char-
mantes dont nous aimons à parer le front de nos
adorées !

Les asperges, c’est autre chose.

Remarquez que je ne parle pas ici de ces femmes ou
de ces hommes, — jeunes ou vieux — qui ressemblent
à des allumettes ou à des fourreaux de parapluie, et
qu’on a si bien baptisés : asperges.
s La plus belle asperge montée que j’aie vue en ce genre,
c était le tambour-major de mon régiment.

Mais je parle des asperges qui se mangent.

Celles^ des environs de Paris, les plus savoureuses;
celles d’Orléans, rougeâtres et splendides, petites et
grosses, je les aime toutes ; elles me tiennent l’esprit
sain et le ventre libre, et ne se font pas prier pour se
laisser manger.

Quand je les entends crier dans les rues, je me sens
sauvé.

Il en est presque de même des petits pois, surtout à
leur début, quand ils sont fins et sucrés, et à leur apogée
quand ils viennent authentiquement de Clamart.

Je ne suis pas de ceux qui les arrangent au sucre. La
vieille mode de nos pères avant tout; c’est encore la plus
jeune.

Ce qui fait surtout mon bonheur quand je vois venir
les asperges et les petits pois, c’est que, comme je le
disais tout à l’heure, le défilé commence.

Je prévois les cerises et j’en mangerai tant qu’il y en
aura.

Je prévois les fraises et je m’en pâme d’admiration.
Ah ! je leur ferai une rude chasse dans les bois de Cha-
ville !

J'entrevois les groseilles, rouges, blanches, rafraîchis-
santes.

Je vois les prunes et les abricots mûrir et j’ai de quoi
attendre leur venue.

Et parmi les légumes, les pommes de terre nouvelles,
les carottes nouvelles, les radis roses, les jeunes romaines*
les tendres laitues, tout cela ne vient-il pas avec le prin-
temps ?

L’été nous réserve ses melons; c’est bien, c’est bien!
qu’il ne se presse pas.

L'automne aura ses pêches et surtout son raisin sacré,
ses figues, bravo !

Tout cela nous est annoncé par ce cri des rues plus ou
moins enroué :

-— Ma botte d’asperges !

Et ce cri, je l’ai entendu cette semaine pour la pre-
mière fois.

Demain, j’irai dénicher des nids ; je sais maintenant
qu’il y en a.

Je reviendrai à mes bouquets chéris de lilas, de
muguet, d’aubépine et de pâquerettes, car les asperges
et les petits pois m’ont annoncé leur apparition.

Louis Gille.

SIFFLET-FINANCE

Vivienne-House, 21 avril 1873.

Yoilà les affiches qui recommencent.

Ils sont deux qui posent aujourd’hui leur candidature
devant le suffrage... des capitaux : un charbonnier et
un batelier. C’est le feu et l’eau, allez-vous dire. •=— Pas
tant que ça. Il y a antithèse de mots ; mais, au fond,
c’est exactement la même chose. Les cyclopes de Mon-
dragon ou les naïades de T Yonne, ça se vaut : c’est de
la mythologie.

Electeurs, un conseil : ces candidatures nous parais-
sent trop conservatrices. Donnez au mot le sens que vous
voudrez.

Pendant la dernière huitaine, ça n’a pas poussé dans
le jardin des Hespérides. On dit que c’est la faute à la
lune rousse. Pleine lune, dimanche 27; déclin, dimanche,
11 mai. Il y aurait encore quelques jours de froid. Tant
pis. On rentrera les plantes les plus délicates sous la
serre.

Les Paris-Bank et les Fonciers ont la tige solide.
Pour un bourgeon desséché, mille pousses nouvelles.

Les Mobiliers se tiennent bien : toujours un petit par-
fum oriental.

Les Franco-Egyptiennes sont décidément de la
famille des grimpantes. Elles accrochent leurs brindilles
au sceptre vice-royal qui leur sert de rame. Des petits
pois à récolter, bien sûr.

Nous aurons des corolles doubles aux Dépôts. Je me
doutais bien de quelque chose. Le jardinier était tout
rayonnant. Ce n’est pas son coup d’essai A Nortgarden
il a cultivé les tulipes doubles, triples et quadruples. Les
amateurs viendront voir ça.

Les Rurales, simples fleurs des champs, dialoguent
avec leurs papillons, amants volages.

« La pauvre fleur disait au papillon céleste :

« Ne fuis pas.

« Yois comme nos destins sont différents. Je reste !

« Tu t’en vas !

Ils s’en vont. Les Gaz réunis les appellent ; les Suez
leur font de l’œil ; les Transatlantiques prennent des
poses séduisantes. Us s’en vont. Les nouvelles tiges les
accueillent avec tous les égards dus à des papillons mal-
heureux. Bonnes filles, les Usines à gaz : elles les récon-
fortent avec force dividendes. Bonnes filles aussi les
Transatlantiques, mais un peu trop concentrées.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen