Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 2.1873

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.8638#0084
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
■ 2

Tous les journaux ont annoncé qu’on vient de procé-
der au curage du bassin des Tuileries et qu’on y a
trouvé une quantité considérable d’objets de tous
genres.

Voyons ! qui diable peut perdre quelque chose dans
cette cuvette où personne 11e met les pieds ?

Je ne comprends pas du tout comment on a pu y repê-
cher une tragédie en cinq actes, un corset, un nez en
ruolz, douze poupées articulées, un paquet d’entrées de
faveur de T Ambigu, une paire de lunettes en or, un
plan de Paris et ses environs, une canonnière Farcy, un
exemplaire de la Revue des Deux Mondes, seize chi-
gnons de toutes les couleurs, une paire de bottes, un
dentier osanore, et trois photographies de Cora Pearl
(shoking).

Il y aurait vraiment une curieuse étude à faire pour
l’écrivain qui voudrait expliquer comment ces objets
sont arrivés dans le bassin.

. Les mystères qu’il dévoilerai t feraient connaître d’amu-
santes comédies et des drames terribles, car l’infortuné
qui a englouti une tragédie en cinq actes et le mal-
heureux qui a jeté son nez dans l’onde impure devaient
être bien désespérés pour arriver à ces extrémités.

Quant à ceux qui ont mis dans le limon le paquet
d’entrées de faveur de T Ambigu et les photographies de
Cora Pearl (shoking), c’étaient certainement de joyeux
farceurs et de braves gens qui ne voulaient pas que le
public s’abusât sur la valeur de ces objets, qui l’un et
l’autre ne pouvaient être que nuisibles à l’esprit et à la
santé.

Mme Olympe Audouard continue, à la salle des Con-
férences, >es cours de gynécologie historique.

Si vous êtes amateur de la franche gaîté, je vous en-
gage à vous payer une stalle d’un franc vingt-cinq pour
assister à ce spectacle, vous ne regretterez pas votre
argent. . . . ,

La charmante conférencière ... (suis-je assez galant !)
dit avec un accent convaincu qu’on devrait envoyer au
bagne tous les séducteurs.

Son désir serait de siéger.pendant une heure au Corps
législatif (sic), pour faire accepter une loi qui condam-
nerait tous les don Juan aux travaux forcés.

Oh ! Olympe ! vous m’étonnez bien ! Comment ! c’est
vous, la femme à barbe, qui dites de pareilles choses ; mais,
morbleu! vous ne devez pas avoir à redouter les Faublas,
votre vertu est trop : ien garantie par vos nombreux
printemps et par la cuirasse d’expérience que vous vous
êtes confectionnée.

S’il y a une T mme qui ne doive pas s’effrayer des sé-
ductions, c’est assurément vous.

Je comprends que vous jalousiez les jeunes femmes
belles et séduisantes auxquelles s’adressent les Lovelaces,
mais n’exprimez pas si franchement votre dépit, ni voire
désir de siéger au Corps législatif (sic).

Les créanciers seront toujours sans cœur, sans âme,
sans entrailles, sans pudeur, sans délicatesse, sans sen-
timents, sans pitié, sans affection, sans estime, sans foi,
sans amour et sans tendresse.

Voyez plutôt ce qui arrive à Blanche d’Antigny, l’in-
nocente mariée de la rue Saint-Denis, et vous maudirez,
comme moi, ces terribles vautours.

Cette pauvre fille simple et modeste que tout le monde
connaît, avait fait quelques dettes pour le plaisir seule-
ment de savoir si 011 avait confiance en elle.

Depuis longtemps même se • créanciers avaient disparu
de sa mémoire, elle croyait à juste titre les avoir payés
par un sourire ou un mot aimable.

Mais son erreur était immense, les oiseaux de proie
ne lui avaient pas donné quittance avec cette monnaie-
là, ils ne considéraient même pas les gracieusetés de
Blanche comme des à-comptes, et il paraît que ces indé-
licats personnages étaient malgré tout dans leur droit,
car le tribunal vient de condamner l’infortunée mariée à
renoncer à ses appointements à leur profit.

C’est terrible !

Si cette décision est maintenue sur appel, le Sifflet se
propose d’organiser une souscription pour venir en aide
à la malheureuse artiste qui n’a plus que sa vertu pour
ressource.

Un inventeur vient de trouver un appareil pour faire
entendre les sourds.

C’est merveilleux, mais ce n’est pas tout.

Ce même inventeur a la prétention d’être sur le point
de découvrir un système pour faire parler les muets,
pour faire voir les aveugles, pour calmer les fureurs de
l’aliénation et pour guérir radicalement l’épilepsie.

S’il arrive à ces résultats, nous pourrons bien déclarer
que notre chère France sera sauvée, car il faut recon-
naître que ce sont toujours les sourds, les muets, les
aveugles, les épileptiques et les fous qui compromettent
toutes les situations.

Mais, hélas ! je crains bien que cet inventeur de génie
ne soit pas autre chose qu’un charlatan, qui veut spécu-
ler sur les infirmités et s’en faire quelques mille livres
de renie.

Michel Anézo»

LE SIFFLET

MAISON A VENDRE

?

Les temps sont durs, Niniche!

Tu te souviens de ma jolie maison de campagne d’Ap-
pogny ?

Dès que les lilas étaient en Heurs, nous quittions Paris
et nous nous embarquions audacieusement sur la ligne
P. L. M. (Paul Mahalin), à la gare de Lyon.

Que de bécots en route ! et quelle légèreté en descen-
dant du wagon ! — car, tu remarqueras que nous n’a-
vons pas été tués une seule fois !

C’est à la gare de Chemilly que nous descendions.
L’omnibus nous attendait... mais nous préférions aller
à pied, par ce joli chemin ombragé où chantaient les
pinsons et les fauvettes.

Ah ! quand j’y pense ! Nous sautions, nous valsions,
nous cueillions des pâquerettes...

Et, rouges comme des coquelicots, nous arrivions sur
les bords de l’Yonne, la coquette rivière.

Toi, Niniche, tu devenais folle.

Tu ne voulais plus entrer dans la maison avant d’avoir
pêché une friture.

Elle était là, rustique et pimpante, qui nous tendait les
bras, ma pauvre maison !

Et toi, tu me disais :

— Ya me chercher une ligne !

Puis tu ôtais ton chapeau et ton châle, tu t’asseyais
dans l’herbe, au bord de l’eau,., et j’étais bien forcé de
t’obéir.

C’est vrai, tu n’as jamais manqué ton coup.

On y pêcherait en dormant dans cette rivière-là, tant
elle est poissonneuse.

Niniche, les bonnes fritures! Surtout quand on les pê-
che soi-même ! Et comme Toinette les apprêtait bien !

Pendant qu’elle les préparait, petite folle, tu courais à
la volière et tulutinais tes faisans chéris; puis tu lâchais
le jet d’eau...

Ah ! c’était le bon temps !

Je dis, c’était... car bientôt, cette maison qui abrita
nos amours heureux, je n’en serai plus le propriétaire.

Je vais la vendre, Niniche! Je vais renoncer à mon
droit de pêche, à nos arbres, à nos gazons, à notre basse-
cour, à notre volière, à tout...

Et tu n’y reviendras plus avec moi !

Et les amis n’y viendront plus passer leur quinzaine à
s’amuser comme des fous.

Car, tu t’en souviens, c’est grand!

Quatre chambres à feu au premier !

Au rez-de-chaussée, salle à manger, antichambre,
chambre à coucher, — la nôtre, Niniche, — cabinet et
cuisine !

Et notre bon vin de Bourgogne !

Il en aurait pu tenir quinze cents pièces dans notre
cave... Que rdai-je été commerçant au lieu d’être
homme de lettres !

Nous avions des fruits à revendre; nous en rappor-
tions à Paris pour tout notre hiver. Pauvres arbres frui-
tiers, Niniche ne vous secouera plus, ni moi non plus,
ni les amis non plus.

C’est fini, je vais tout vendre.

Cinq mille mètres de terrain enclos de murs!... J’étais
un petit pacha ! Ta étais ma sultane.

Et encore, trouverai-je un acquéreur ?

Niniche, je n’en demande que quarante mille francs,
— et encore on pourra s’entendre.

Si tu connais quelque bon bourgeois qui veuille se re-
tirer dans l’Yonne, un pays charmant, aune demi-heure
delà gare, Niniche, tu me sauveras peut-être en me l’en-
voyant.

Et tu lui feras faire une bonne affaire.

Adresse-le aux bureaux du Sifflet, 7, rue Roche-
chouart, de cinq à six heures du soir, il s’entendra avec
moi.

Ah ! que c’est dur ! j’ai placé hier l’écriteau :

MAISON A VENDRE !

Louis Gille.

CAROLUS DURAN

Croisez... ette!

Il faut que M. Carolus ait entendu souvent cecom-
iqandement retentir à ses oreilles pour qu’il soit venu
à l’idée de M. Duran d’en faire dériver Croizette.

Il ne le dit pas au public, au moins!

Il faudrait dire aussi que la sémillante actrice est sa
belle-sœur, et qu’il s’agit là d’une petite réclame de fa-
mille à grand orchestre.

Carolus Duran entre définitivement dans la catégorie
des coups de pistolet.

Le premier coup de pistolet fut tiré, à une époque où
la poudre n'était pas encore inventée, par un nommé
Alcibiade qui coupa la queue de son chien.

Pauvre bête !... si pareille chose se reproduisait au-
jourd’hui, la Société protectrice des animaux y mettrait
bon ordre.

Un ne peut donc plus couper la queue de son chien ;
il faut bien s’y prendre autrement.

Dumas fils contrefait l’insensé, écrit Tue-la et lance
la Femme de Claude.

Courbet fait les Baigneuses et l'enterrement d'Or-
nans.

Lambron fait rigoler des croque-morts.

Manet se mire dans un chat noir.

Et Carolus Duran expose d’abord une femme colosse
laide comme les sept péchés capitaux, mais vêtue d’une
vraie robe.

Puis, il expose sa belle-sœur... à ta critique..

D’abord, on n’aurait jamais su que Mlle Croizette
était parente de M. Carolus Duran; il fallait bien le
crier par dessus les toits.

Pétard à deux coups.

Cela n’empêche pas l’artiste d’avoir du talent.

Voici le jugement que porte, sur son tableau Coup de
pistolet, le rutilant Paul de Saint-Victor :

« Le cheval est faiblement construit, d’un modelé
pauvre et creux ; il manque d’aplomb et de consistance;
il s’enlève, avec la figure, sur un fond de petite marine,
mesquin, uniforme, sans aspect et sans intérêt. »

J’ai passé à dessein les compliments adressés au por-
trait de l’actrice, pour ne mettre en relief que les dé-
fauts.

Paul de Saint-Victor conclut ainsi :

« Ces réserves faites, on peut ranger Y immense toile
de M. Carolus Duran parmi les trois ou quatre meilleurs
portraits du salon. »

C’est celui qui fait le plus de bruit, — surtout à
cause de sa dimension exagérée. Il faudra que Mlle
Croizette achète un hôtel aux vastes salons pour y trou-
ver la place de son cadre.

Après cela, peut être va-t-elle s’engager au cirque
des Champs-Elysées et placer son tableau à la porte,
comme celui de la Femme à barbe.

La réclame serait encore plus splendide.

Non, jamais je ne digérerai une statue équestre érigée
à une comédienne des Français, charmante, sans doute,
mais fort ordinaire comme talent, et, pour ainsi dire,
débutante.

Pourquoi la déguiser enCiélie? a-t-elle voulu tuer
Porsenna?

Ah ! si elle a voulu tuer Porsenna, c’est autre chose.

Non content de ce grandissime coup de pistolet, Ca-
rolus a voulu en tirer un autre, mais son arme a raté.

11 a voué le petit Jacques au bleu.

Il a voué le fond de son tableau au bleu.

Tout est bleu, jusqu’aux yeux du gamin.

Et le spectateur s’écrie ■

—: Décidément, c’est trop bleu !

On divise ainsi ce bleu désagréable :

« Bleu sale de la tenture, — bleu vif de la jaquette, —
bleu cru des manches. »

Et cela fait tellement papilloter les yeux qu’on en
éternue.

On dit qu’il a voulu faire en bleu ce que le regretté
Régnault avait fait en jaune pour sa Salomé.

C’est une rude maladresse.

On dit qu’il a voulu lutter avec le Blue Roy de
Gainsborough, un chef-d’œuvre delà galerie du marquis
de Westminster.

C’est une inpertinence.

Assez de coups de pistolet comme cela ! Du sérieux
maintenant, jeune homme. Vous avez l’étoffe des grands
peintres, servez-vous-en.

Manet, plus réaliste et moins habile que vous, mais
beaucoup plus cascadeur, s’est borné à faire la carica-
ture de notre ami Bellot buvant son quinzième bock.

C’est d’autant plus ressemblant que c’est chargé.

Qui sait! voilà un type moderne aujourd’hui, qui,
dans cent ans, se vendra peut-être deux cent mille
francs.

Au fond, quoique son réalisme soit cruel, Manet peint
bien. Et, dites moi, est-ce que les toiles des grands maî-
tres flamands, par exemple, ne représentent pas des types
purement modernes à l’époque où ils ont été reproduits ?

C’est là le secret de l’école réaliste. Si elle ne niait pas
tant l’arrangement, si elle ne dédaignait pas tant de
plaire aux yeux, elle serait la première du monde.

J’aime mieux cela que les gigantesques, monotones et
guindés Puvis de Chavannes, où l’on trouve de tout,
excepté du vrai.

Le vrai succès réaliste de cette année, et le triomphe
du salon selon les maîtres critiques, appartient à un jeune
homme à peu près inconnu, M. Henri Lévy, un israélite
qui a représenté : Jésus dans le tombeau, et qui, l’an-
née dernière, s’était déjà fait remarquer par son Hêro-
diade.

Il faudrait cinq cents lignes pour dire tout ce qu’il y a
de poésie et d’énergie dans ce Christ et ces deux anges.
La place me manque.

D’ailleurs, j’aurais l’air de faire le salon, — ce que
je ne veux, certes, pas.

Je n’ai voulu parler que de Carolus Duran ; les
autres noms sont venus tout seuls au bout de ma plume ;
et il en viendrait bien d’autres, si je ne me retenais

pas.

Le Guillois.

TYPES PARISIENS

LE PÈRE J’AI T’ÉTÉ ‘

Il restera légendaire dans les fastes théâtrals ; nos
arrière-petits-neveux, dans plus d’un siècle, parleront
encore de ce personnage épique qui, de marchand de
cuillères, s’est transformé, sans vocation, en directeur de
théâtre. Son avarice sordide, ses mots naïfs, sa lâcheté,
ses indélicatesses, sa bêtise,, ne seront jamais oubliés de
nos descendants.

Vous le connaissez... il n’y a pas à s’y tromper... il
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen