Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 2.1873

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.8638#0116
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
jyE ôii't^Èï


SIFFLEMENTS

Malheureux shah que je te plains !

Ah ! je comprends que tout cela t’...ennuie. Une petilé
fête par-ci par-là, ça fait plaisir, mais être toujours en
noce, ça n’est pas tenable.

Ah ! roi des rois, c’est pas comme ça qu’on s’amuse à
Paris. Aux grands dîners,-’âux fêtes de nuit, aux repré-
sentations de gala, une partie fine dans un cabinet par-
ticulier, une soirée à Mabille et une avant-scelle aux
Folies-Marigrty sont cent millions de fois préférables. Si
tu reviens à Paris, que ce soit incognito.

Quand tu h’aiiras pltls tll grands dignitaires avec toi,
y compris .ton bourrea a 'particulier, tu verras com-
ment on s'amuse.

Tu pourras alors, âù lieii d’aller t’ennuyer à une re-
présentation de gala, te payer la Fille de la mère An-
got, l’Alcazar d’été, le cirque des Champs-Elysées. Si
le Chàteau-Rouge t’attire, il te sera loisible d’y voir la
course au cochon êt de danser un quadrille avec Nini

Jaiduchignon.

• Tu assisterais aussi au défilé* sur le boulevard, de nos
jolies gommeuses, et comme elles préfèrent généralement
le chat au chien, tu verrais comme elles te sourieraient.

Tu te méfierais par exemple de l’Arnlfigu;'.. Il fie fau-
drait pas que le rat qui s’y trouve te mît en arrêt.

Tu ferais également bien attention de ne jamais ren-
contrer le rédacteur en chef de l’Univers... tu ne pour-
rais plus t’amuser après.

Ah! j’oubliais ! tu aurais encore à visiter l’escadre de
Chatou et le grand établissement balhéaire de la Gre-
nouillère.

Ah ! fils du Ciel ! c’est de ce côté-là que tu ne regret-
terais pas d’être revenu nous voir incognito.

Songes-y 1 car je te le répète, illustre souverain... ce
n'est pas comme ça qiCon s'amuse à Paris !

L’interdiction du Roi s'amuse est encore l’événement
du jour.

Naturellement je ne vais pas me permettre la plus
peiite réflexion sur ce sujet ! (il fait trop chaud ! ! !) seu-
lement je puis bien répéter, après un de mes spirituels
collaborateurs que cette interdiction n’a rien d’étrange,
car, il est certain qU'eri république le roi ne s'amuse
pas.

Je crois que le fait suivant est sans exemple daiis
Phistoire.sainte.

Avez-vous entendu dire qu’un saint ait demandé la
canonisation de son vivant ?

Jamais lü

Eh bien, M. Marc Girardin tient absolument à l’ob-
tenir, lui... Marc ne lui suffit pas, il veut être saint
Marc !

Voyez-vous cela !

Voyons, monsieur qu’avez-vous fait pour exiger la
béatification ?

Etes-vous vierge et martyr ?

Avez-vous fait des miracles?

Vous fia geliez-vous avec énergie?

Ne mangez-vous que des racines?

Respectez-vous tous les parasites qui peuvent vivre
sur vous ?

Non !... Eh bien, alors, vous n’avez pas plus droit à la
sainteté que moi... Si vous l’obteniez, par impossible, je
promets que je révolutionne aussitôt la terre et les
cieux.

Vous connaissez la nouvelle loi que l’Assemblée vient
de voter qui est ainsi conçue :

« Quiconque, sachant qiî’il est dans l’impossibilité
absolue de payer, se sera fait servir des aliments ou
des boissons qu’il aura consommés 'èü tout ou en partie
dans des établissements à ce destinés* Aéra puni d’un
emprisonnement de six jours à six mois et d’une amendé
de 16 francs à 200 francs. »

Ah! ah! ah !... il n’y a plus à discuter... il faut payer
la note.

Les restaurateurs et les limonadiers sont dans la
jubilation.

Le temps des Pouffs est passé !

Faire de l’œil à la caissière... peine pôrdue!

Sacrifier ses principes pour être d’accord avec ceux du
marchand d’eau chaude — vieux truc .

Accrocher des boutons de chrysocale à ses chemises
et regarder l’heure toutes les cinq minutes à un chrono-
mètre en aluminium, pour éblouir le garçon — vieille
ficelle !

Il faut payer maintehant, car ceux qui n’auront pas le
sou paieront 200 francs.., y compris l'emprisonnement
le montant de leur note!

Michel ànézo.

LA RÉCEPTION

Quand le jour de l’arrivée du shah appr6cha, on tâ-
cha d organiser des fêtes c/z&toyantes et des réceptions
c/zàrmantes.

Revues où brillent schakos et schâüraques, rien n’y
manqua.

Ce fut un c/zabannais d’enfer !

Le char destiné au sultan à Servi aux empereurs les
plus chamarrés.

Cette réception devra certainement c/z&louiller l’or-
gueil du Roi dès Rois.

A leur grand chagrin, beaucoup de personnes n’ont
pu emboucher le c/ndumeau ue l’éloquence pour fêter
son arrivée.

On cite cependant, parmi lés favorisés, la députation
suivante, dont le süccès erhpêb/tà plus d’un bourgeois de
dormir :

M. le comte de G/mbaut-Latour, Gustave G ha deuil,
Henri CTzabrillat, Céleste de CTzàbrillan, C/zagot, Cha-
ravet, Charnel, Charles Blanc (le merle blanc des di-
recteurs), Puvis de CVzavannes, Charly, G/mrton, Cha-
teaubriand fils, le directeur de C/mrenton, celui de la
Charité, le général papalin' Chareüe, un coutelier de
Châtelleraut, une meute de chasseurs, le maire de Châ-
teau-Gontier, lord C/mtterton, le rédacteur en chef du
C/z&rivari, dont les cheveux sont cMtains, les délégués
du O/zarabia (Auvergnats de la rue Châûc/zat, qui man-
gent les c/mtaigneS); ùtt fabricant de châssis, un faiseur
de charades, un c/msseur de c/mmois, un descendant
de Schamyl, CAallemel-Lacour, le maire de C/taville,
une rosière de C/millot, qui avait bien chaud par ce
temps de chaleur^ un zouave surnommé le Chacal, le
colonel Chahert, un brave de C/mteaudun, une femme
chaste, le rédacteur du; Châtiment, un descendant de
CAm‘lemdgr]e,un disciple de l’abbéCArliel, un c/zartoine,
un constructeur de chalets, un notable de Chahi's, un
épicier dé CAàrleville, le baron deCùdssirbri, uîi cornac
de o/zameaux, le marchand de pipe du pac/za d Egypte,
lin châyelain disant son d/zapèlet, et Un acteur du C/zd-
telet.

Beaucoup d’entre eux, dans leur joie, quoique cod*
verts de crachats, ont dansé des enti echats,

Le shali, tout joyeux, se dépêo/zÆ de les congédier.

Le soir, un banquet servi par Potel et Chahut les réu-
nit en agapes fraternelles;

Je crois qü’eii voilà assez sür ce cMpitre.

Louis Gîlle.

AVEZ-VOUS VU LE

Musique dé Fëfrnmd MàüIjert.

Avez-vous vu le shah d’Perse,

C’est un très beau potentat ?

Sa présence me renverse,

De le voir dans notre État.

Son allure est vraiment drôle,

Et sort regard est perçant,
Quand il parle on croit qh’il miaule,
Ça va toujours croassant ?

(Refrain.)

Avez-vous tu T shah,

Est-ce un angora ?

Non, non, non, du tout,

Mia, mia, mia, miaou !

Car c’est un matou.

Cë n’est pas une ganache,

Comme les rois de cartoti,

On le voit à sa moustache*

Elle frise en tir’-bouchOm
Pour connaître l’industrie,

Il a quitté son pays,

Et voit bien qu’un parapluie,

Est très utile à Paris.

Et passant en Angleterre,

Coiffé de son grand bonnet,

Toutes les cliatt’s pour lui plâiré*
L’appelaient : Mon gros ïfiinet,
Dans le cours de son voyagé,

Il va dans les opéras,

C’ést pour saisir au passage,

Et les souris et les rats !

On dit que le vin en Perse
Est défendu, mes enfants,

Et pourtant quand on eh vebsë.

Le shah met le nez dedans.

Enfin pourtant on le bercé,

C’est urt shah bien réüssi.
Pendant que sa chatte est en Perse

France. Le miracle est consommé. La France possède
un nouveau saint.

Aurait-il en lui toutes les vertus de Jeanne d’Arc?

Un concile nous dira cela dans quelques centaines
d’années, s’il y a encore des conciles.

Désormais ces deux noms : Paray-le-Monial et Belcas-
tel, soht inséparables.

Je propose qu’on dise désormais : M. Belcastel de
Parayle-Monial. ,

Le déparlement de Saône-et-Loire, où a eu lieu le
saint pèlerinage, doit être d’autant plus fier de cette céleste
aventure qu’il n’a pas donné naissance à de Belcastel.

Ce député est né dans la Haute-Garonne.

Il est tout ce qu’il y a de plus Gascon.

On le devine bien, d’ailleurs, dans ses façons d’agir.
De telles allures appartiennent en propre aux bords de la
Garonne.

En outre, son prénom le vouait fatalement aux entre-
prises séraphiques: Il s’appelle Gabriel.

Un ange et lui, ça ne fait qu’un. ,

Aussi son âge se perd dans la nuit des miracles. Il peut
avoir six cents ans, comme il peut n’en avoir que cin-
quante^ Moi, j'opine pour six cents ans, car il parle
encore comme on parlait à cette époque-là.

Le B février 1871, le dernier sur dix, il fut élu député
par le département de la Haute-Garonne, qui sera éter-
nellement fier de son choix.

Lès électeurs ne se doutaient guère qu’ils envoyaient
un saint à l’Assemblée; — pas plus que nous ne nous
doutions qu’en élisant Jean Brunet nous élisions un pro-
phète.

Mais, cette assemblée est pleine de merveilles.

En sa qualité de saint, M. Belcastel de Paray-le-Mo-
nial est un des favoris du pape.

Je ine souviens qu’après le vote de la proposition Ri-
vet il rédigea tirte adresse à Pie IX, à lui tout seul.

11 parle au pâpe au nom de la France.

Il parle à Dieu au nom de la France.

La France est donc bien et dûment sa propriété, sa
chose ; il eh dispose à son gré, c’est un article de foi.

Quelque jour, noiis lirons dans YUnivers, son organe
de prédilection, le Syllabus de Belcastel.

Il paraît que ce grand homme joue en France un
rôle politique ; c’est bien possible ; je ne m’occupe ja-
mais de ces choses-là.

Mais ce que je puis dire, c’est qu’il n’est pas seulement
un orateur inspiré d’en haut, c’est aussi un écrivain.

Et quel écrivain !

Il a publié un in-octavo intitulé : les Iles Canaries
et la vallée d’Orotava.

Orotava !... C’est tout un poème.

Quiconque ne lira pas ce livre ne sera pas sauvé.

Orotava est le mot magique qui doit cicatriser toutes
nos plaies.

Et puis, les Canaries, comme cela rappelle élégam-
ment ce petit oiseau jaune que Buffon a surnommé le
rossignol de la chambre !

Ah ! si nous avions l’innocence de mœurs des Cana-
ries !

M. Belcastel de Paray-le-Monial n’a pourtant étudié
les Canaries et la vallée d’Orotava qu’au point de vue
hygiénique et médical, ce qui fait supposer qu’il appar-
tient,à la Faculté de médecine, comme ceux dont a parlé
Molière.

Faites de tout cela un résumé, et dites-moi franche-
ment, la main sur la conscience, s’il n’est pas réjouis-
sant d’avoir, de temps à autre, un pareil député sur la
planche !

Le Güillois. -

Il vient rigoler ici.

Propriété de Véditeur.

Paul Mërigot,

M. DE BELCASTEL

Ce n’est pas à Paray-le-Monial* c’est au nouveau
saint, à saint Belcastel, que je veux faire uîi pèleri-
nage.

Gomme Jean d’Arc, saint Belcastel* dès sa plus ten-
dre enfance, entendait des voix.

11 en entendait dans les buissons, comme Midas.

Il en entendait dans le murmure des ruisseaux.

Il en entendait sur les cimes et dans les plaines, et ces
voix lui disaient : Sauve la France !

Très entier de sa nature, il ne voulut pas obéir aux
voix. .. Insensé ! Elles ont fini par parler malgré lui, par
sa propre bouche!

Il l’a dit lui-même, il a parlé sans savoir ce qu’il
disait.

Ce sont les voix qui ont demandé pardon pour la

CHIENS ET CHATS

COMÉDIE EN UN ACTE ET EN PROSE

L’intérieur d’un café-rèstaurânt. Tables de marbre, chaises, ban-
quettes de velours et becâ de gaz. Neuf heures du soir. Nombre
d'habitués. Quelques chiens.

TôM {caniche). — Et vous venez souvent ici?
fox {chien courant).— Quelquefois... Je n’aime pas le bal,
et chaque fois que mon mâître y va, il me laisse ici.
tom. — Que fait-il donc, votre maître?
fox. — Oh 1 c’ôst un peintre. Il a exposé cette année. Il
va au bal pour recruter des modèles !... Ah çà ! et le vôtre?

tôm. — Oh! le mien,c’est plutôt un ami. Il m’apprend à
jouer aux dominos.

fox. — Youûràit-il vous faire aborder la scène?

Tok. — Vraiment, non! Il est riche, et d’ailleurs je ne me
sentirais qu’une médiocre vocation. Puis cela déplairait à la
levrette de mes pensées : eilé a du monde.

FOX . — Ah !...

tom, négligemment. — Oui! la voyez-vous là-bas, à
gauche, près du comptoir.

fox. — Celle qui porte un si joli collier et un paletot du
dernier goût?
tom. — Justement.

fox, alléché, — Elle a du chien, savez-vous.
tom. — Oui, mais quel caractère! Changeante comme les
reflets de sa robe lustrée. Tenez, dernièrement... {Il parle
à l'oreille de Fox).

fox, effaré et confus. — Pas possible!
tom. — C’est Comme j’ai l’honneur de vous l’affirmer ;
mais j’en ai pris mon parti... Ah ! pardon ! il faut que je vous
quitte, c’est l’heure de mon café. A bientôt, n’est-ce pas?
{Ils se séparent.)

*

W * • '-'G

fox, monologuant, — Ah çà ! le patron ne revient pas,
et, si cet imbécile de caniche ne m’a pas trompé, cette petite
ferait bigrement mon affaire. Ça tombe d’autant mieux, que
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen