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Lutz, Jules [Editor]; Perdrizet, Paul [Editor]
Speculum humanae salvationis (1): Text — Leipzig: Hiersemann, 1907

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https://doi.org/10.11588/diglit.49738#0171
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€c 21tiroir fcc la Salvation ljuntainc, XXIX. XXX.

entra en fa cifterne, c’eft a favoir en enfer, et par fa
verge, c’eft a bire par fa fainte croir, il le abbaty et vain«
qui bu tout. Êt c’eft ce que Davib le prophète pretenboit
jabis en fou pfaultier, quant il bift : ,,Êa verge et ton bafton
m’ont confole beaucoup." Ên ce lieu ci fe prenb la verge
pour un bâton qu’on porte en fa main pour aler et fe
fouftenir pluffeurement et pour fe beffenbre bes chiens.
£a croif be 3fyefu Êhrift boneques eft le bafton par quoy
nous fommes foufteuus, affin que ne créons, par quoy
auffi nous cfyacons arriéré les chiens b’enfer. Par ce bafton
cy abbati et traventa Jfyefu Êrift le lyon b’enfer, et ce
mefmes bafton il nous a baillie pour refiffer auf biables
b’enfer.
(D vous, mes trefcljers et âmes freres, confiberej bien
et penfej combien nous fommes tenus be fyoïmourer la fainte
croif, par laquelle nous pouvons fourmonter nos ennemis,
c’eft a favoir les biables b’enfer. Êar ainfi comme le
biable emprifonna l’homme, quant il eut mangie bu fruit
be parabis terreftre, famblablement 3fyefu Êrift triumpha
contre le biable par le boys be fa fainte croif. Hous
fommes boneques tenus be moult fyonnourer la fainte croif
que Dieu a baignie confacrer be fon propre fang. (Dn
penboit jabis en la croif les maufaitteurs compagnons bu
biable, et par elle font maintenant pugnis et befcfyacies les
ennemis. £e nombre bes bampnes eftoit jabis augmente
par la croif, et a prefent l’affamblee bes bieneures eft
multipliée par labite croif. £es gommes eftoient jabis mor«
tefies par la croif, et maintenant les malabes font guaris
par elle, et les mors en font refufeites. £a joie bes biables
eftoit aucunement accreue jabis par la croif, et maintenant
eft engranbie par elle la joie et lieffe bes angeles be para-
bis. £es mauvais eftoient jabis tourmentes par la croif
pour leurs crimineulf pechies, et maintenant les vices et
iniquités font par elle retapes mifericorbieufement. £a croif
eftoit jabis, pour la vilete b’elle, affife es lieuf ors et puants,
mais aujourb’fyuy, pour la faintete b’elle, on la met fur les
autels et fur les pinacles bes eglifes. (Dn reffongnoit et
avoit on jabis vergongne be attoucfyer la croif, pour l’in«
famete b’elle, mais a prefent elle eft aouree bes princes et
roys pour fa gloire. £e fort biable, ennemi b’enfer, que
ja pieca tout le monbe ne povoit fourmonter, un enfant
le puet maintenant cfyacier par le figue be la croif. Êefte
puiffance a bonne cellui fort bateillereuf champion, qui par
die a vainqu le biable et a beftruit les portes b’enfer.
/Ç’efte victoire be 3hcfu Êrift fu auffi préfigurée jabis par
Sanfon, le fort, qui bebens les vignes Êngabi befcljira
et mift a mort un lion. Par ce treffort Sanfon eft befigne
3hefu Êrift, le treffort, par lequel le lyon infernal, c’eft a
favoir le biable, a efte prive be fa puiffance. Sanfon f’en
aloit une fois b’un lieu a autre pour caufe be efpoufer
une femme, et en fon chemin il rencontra un lion, lequel il
vainqui et mift a mort. Samblablement le fil be Dieu
befeenbi en ce monbe affin qu’il contrayft un mariage avec
nature humaine. Sanfon efpoufa une femme qui eftoit be
la région be Êhananee. Êt le fil be Dieu, entre toutes les
nations bu monbe, eflu pour foy le pays be 3ubee. £abite
femme be Sanfon le beceut faulfement; pareillement 3ubee,
c’eft a favoir la faulfe gent bes 3uifjz traitta burement
3hefu Êrift. Sanfon brufla les blés et les vignes be fes
ennemis, et en fe combattant contre eulf il fe beffenbi
franchement be treftous. Samblablement 3hefu ÊLrift fe
venga bien bepuis be ces obftines 3u’f5/ quant il fift gafter
tout leur pays par l’oft bes Romains. Sanfon boneques
préfiguré 3hefu (trift, le trefpuiffant et le treffort, qui four-
monta le lyon infernal.
Samblablement Jljoth, qui fe aiboit auffi bien b’une
main que be l’autre, préfigura jabis 3hefu Êrift, quant
il tranfpercha be fon efpee le trefgras roy Êglon, ennemi
bes enfans b’3frad. £e roy Êglon eftoit trefgras, lequel

en moleftant le pays be 3ubee befouloit les enfans
b’3frad. Pour quoy 2ljotl) fe appenfa comment il pourrait
le beftruire, et par ainfi il belivreroit lefbits enfans b’3frad
be l’infeftation bubit (Êglon. iljotl? boneques f’approclja be
lui et f’en vint en fa court, et be fa feneftre main lui tout
bebens le ventre fon efpee tant fort et tant puiffamment
que l’alumde y entra toute jufques a la poignie, bout il fu
fevre be la plantureufe graiffe bu corps bubit Êglon. Puis
lebit 2ljoth, laiffant fon efpee bebens le ventre Êglon, f’en«
foui et efcfyappa. Par cefte maniéré belivra il les enfans
b’3frael b’un tel et tant puiffant ennemi. Êglon atout fon
ventre trefgrant et trefgras fegnefie le biable, qui a ung
ventre infatiable et trefgrant, lequel on bit eftre trefgras
pour ce que jabis il tranfglutiffoit toutes les âmes bes
hommes. Êar tout le genbre humain avant la paffion be
Xïoftre Seigneur entroit en fon ventre, quant par l’efpee be
fa paffion il tranfpercha les portes b’enfer. £e biable four«
monta l’homme par boulcement agoufter be la pomme,
et pour ce le fourmonta 3hefu <Drift Par fa treffainte
paffion. Ên ceci nous bonna eyemple Ùoftre Seigneur com-
ment nous bevons combattre contre le biable et contre les
vices, par nous armer be faintes vertus. Êar ainfi comme
en malabies corporeles les contraires font garis par leurs
contraires, comme le chault par le froit et le fec par le
moifte, famblablement en la bataille bu biable les vices font
vainqus par vertus. Êertes, il n’eft homme qui boive eftre
couronne, fenon qu’il ait bien et loyaument bataillie, et il
n’eft homme qui puift batailler, fenon qu’il ait aucuns
ennemis. ïcoftre Seigneur 3MU <^hft uuelt boneques que
les hommes fouftiengnent en cefte vie mortde paines, tra-
vailla et inpugnations, affin que par tant leurs rétributions
et loyers foient augmentes la fus es cieulf. Êt fouvent il
permet que les bons foient temptes en bormant, affin qu’en
veillant leurs guerrebons foient accrus. Êt be tant que ung
homme aura eu plufgrans et plus burs eftrits, be tant
recevra il plufgrans loyers be la victoire qu’il aura eu en
parfeverant foubis patiemment jufques en fin.
(D bon 3hefu, ottroie nous tellement batailler contre
les vices et le biable que nous befervons eftre couronnes
b’une couronne perpetuele! ihnen.

XXX

Par le chapitre precebent avons ouy comment 3hefu
Êrift vainqui le biable par fa paffion. (Dr oyons ab-
prefent comment la Pierge iTïarie le vainqui par corn-
paffion.
(toutes les chofes que 3M11 fouffri en fa victo«
rieufe paffion, la Pierge Dîarie les porta en foy-mefmes
par maternele compaffion. Êar les clouy qui perchèrent
tout oultre les pies et les mains be fon fil 3MU <Drift,
tranfpercherent par compaffion la treffainte poiftrine be fa
befolee mere. Êt la lance qui fora le cofte be fon fil mort,
tranfpercha par compaffion le euer be fa befeonfortee mere
vivante. £es agues pointes b’efpines, qui peignirent le chief
be 3WU navrèrent burement par compaffion le euer
be fa treffainte mere. £’efpee bes trefpoignans langues bes
3uifj que 3MU 0UY, trefpafferent par compaffion
l’ame be la Pierge lïlarie tout au parbebens. Êt ainfi
boneques que 3WU »ainqui le biable b’enfer par fa
trefamere paffion, famblablement la Pierge Xlîarie le four-
monta par fa trefmaternele compaffion, laquelle f’arma
bes armures be la paffion be 3hefu Êrift, quant die f’a-
pareilla pour combatre encontre le biable b’enfer.
Æii ceci boneques fu la Pierge Dîarie préfigurée par 3u^’’th,
'wqui refifta a (Dlofernes et le becola, pour ce qu’elle fe
oppofa au biable, le prince b’enfer. 3U^*’^ fc fcs
joyeufes robes be parement, puis mift fur fon chief un habi-
llement comme une miftre, et chauca fes pies b’unes fanbales.
£a Pierge ITÏarie fe vefti be la robe be fon fil qui eftoit faitte

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