£c ÎKiroir öe ta Salvation humaine, XXX. XXXI.
fans coufture, et fe vefti par beffus b’un manteau be la
Soubie mocquerie qu’on avoit fait a fon fil. £’un veftement
eftoit blanc, bebens lequel 3MU Erift avoit efte mocque
be perobe, et l’autre eftoit be pourpre vermeille, bebens il
avoit efte blafpfyeme bes chevaliers be Pilate. Eertes, la
Pierge llîarie eft raifonnablement veftue be veftemens, l’un
blanc et l’autre vermeil, pour ce que fon fil fe chante blanc
et vermeil, et toute fa paffion eft comparée a un faifceau
be mirre, qui boit bemourer entre les mammelles be l ame
biligente efprife be charité. £a Pierge Xlîarie raffambla
billigamment toutes les paines et travaulp be 3hefu Eriftz
bout par une comparution elle fift ung faifceau be mirre,
lequel elle loga en lieu be boucler et b’efcu entre fes boulces
mammelles. Et atout ces armures fe combatti elle contre
noftre ennemi, le biable b’enfer. En ce faifceau be mirre
eftoient loyees enfamble toutes les chofes qui avaient [ete]
faittes contre fon trefcher fil en fa paffion, c’eff a favoir
les efpees, les hachcsz les lances et les armures bout il
avoit efte pris, les lanternes et les falots arbans bout on
le queroit bebens le jarbin, la triftreffe, la paour et l’oroifon
qu’il fift par trois fois, la fueur vermeille et le confort
be l’angele, comment il vint a l’encontre bes 3u’f3z com»
ment b’une feule parole il les abati tous au revers, et puis
qu’il leur eut reftitue leurs forces, comment il fe prefenta
a eulp et f’en laiffa prenbre. ©ubit faifceau be mirre eftoit
auffi loye le figue be congnoiftre, la falutation et le baifier
bu faulp 3u^as, la benigne refponfe be 3WU £rift, fa
cruele prife, et comment il fu loye a la coulompne, la
garifon be l’oreille Pîalcus, que faint pierre lui avoit
coupe, et la fuite bes bifciples, la fefte et joie bes faulp
3uifj, l’interrogation be 2Inne, la buffe bu ferviteur be
pilate, et la boulce refponfe be Poftre Seigneur, comment
faint Pierre renia trois fois 3hcfu Erift, et comment il fe
converti, les noms bes juges, c’eft a favoir 2lnne, Eayphe,
perobe et Ponce pilate, bevant lefquels il fu mene,
rubement accufe, faufement et injuftement conbempne,
la coulompne, les verges, les flayaulp, les fouets, le rofel,
la croip, les cloup, la lance, les marteaulr, la couronne,
les injures, les blafphemes, les mocqueries, le.benbel be fes
yeulp, le prophetifement qu’on lui bemanboit, et la parchon
be fes veftements, le fort bes bes fur la robe, le blanc
veftement qu’perobe lui bailla, le fiege bu jugement, le
lavement bes mains, le manteau be pourpre, le fonge be
la femme Pilate et la belivrance be Sarrabas, le cri et la
noife bes 3uxf5z comment ils birent : „Erucefie»Ie", la foif,
le vinaigre beftrempe be fiel, le rofel avec l’efponge, le
vin plain be mirre, tous les cris be 3fyefu Erift, les larmes,
l’acceptation bu bon larron, toutes les paroles qu’il bift en
la croip, la recommanbation bu bifciple Saint 3eanz I®
trefpas be 3WU ©nfh l<mce be Éongin et fon enlumi»
nement, l’effufion bu fang et be l’eau, le centurion avec fa
proteftation, l’obfcurciffement bu foleil, le tramblement be
la terre, le voile bu temple qui fe rompi en beup pièces,
les pierres qui fe fenbirent, le trefbufchement b’une partie
bu temple en 3hcrufa^em, ouverture bes fepulcres et bes
monumens, le mont be Calvaire, l’enfeveliffement en ung
nuef fuaire, les trente beniers bout 3hcfu Erift fu venbu
et acheté bes 3uxf5z et befefpoir be 3u^asz Qm ne fu
point racheté bu precieur fang be 3hefu Erift. ©e toutes ces
paines et be plufieurs autres fe arma la Pierge ZTÎarie, et
comme noftre beffenfereffe en enchaca noftre ennemi et le
foula beffoubs fes pies. 2Ilors furent acomplies en elle les
figures qui jabis en eftoient premouftrees, et aucuns bits
bu prophète ©avib, c’eft a favoir : „© Pierge lîîarie, tu
iras beffus le ferpent qu’on bift afpis et fur le bafilic, et
fouleras be tes pies le lyon et le bragon, c’eft a favoir
Sathan, qui agaitera a ton talon en bataillant contre les
hommes. iïïais tu lui froifferas le cl?icf en le fourmontant
par avoir compaffion be 3hefu Erift."
zÇ’ eci préfigura auffi femme be ilber Einey, la»
quelle tranfpercha Sijaire par les temples b’un clou
be fer. Sijaire eftoit le prince be la chevallerie bu roy
3abin, qui befgafta les enfants b’3frael, en leur faifant
une granbe violence. En la parfin ^abel lui tranfpercha
les temples b’un clou be fer, par quoy le pueple b’3frael
fu belivre be fou infeftation. Samblablement la Dierge
Xlîarie tranfpercha noftre abverfaire, l’ennemi b’enfer, be cloup
be la fainte croip et le befpouilla be fa puiffance qu’il avoit
fur nous tous.
^Ça royne Ehamaris préfigura auffi la Picrge iliarie,
quant elle becola le treferuel murtrier Eirus, le grant
roy orguilleup et félon, qui f’efforcoit b’un tant granb
befir a tuer et murtrir gens, qu’il ne povoit eftre faoule
pour quelcunques effufion qu’il feift bu fang humain. 31
prenoit bebat a tous et envaiffoit tous royaumes. 31 n’ef»
pargnoit nul, ains il refpanboit tout le fang humain qu’il
povoit. En la parfin la royne ©hmnaris le prift, puis en
jettant fon chief en un vaiffeau plain bu fang be fes
chevaliers, elle lui bift : „Saoule toy maintenant bu fang
humain, que tu as eu en fi grant foif, que jamais en ta vie
tu n’en as efte faoule!" Pareillement le biable, qui bes le
commencement bu monbe eft murtrier, ne peut oneques eftre
faoule be la bampnation bes hommes. Plais la royne bu
ciel le fourmonta par avoir compaffion be fon fil, et le
faoula be la bampnation eternele qu’il nous avoit appa-
reillie.
© bon 3fyefuz faY uous par ton aibe telemcnt four»
monter le biable, que nous befervions habiter en ta gloire
eternele! 2Imen.
XXXI
nous avons ouy ou chapitre precebent comment le
biable b’enfer a efte vainqu. ©r oyons confequamment
comment l’homme fu belivre be la prifon infernale.
Sorfque 3^?efu £rxf* renbi l’ame en la croip, le jour bu
grant Penbrebi, fon ame unie a la beite entra tantoft en
enfer. Pe il ne attenbi mie jufques a la nuit bu bimenche,
comme aucuns cuibent, ains il fe hafta be tantoft y bef>
cenbre pour aler reconforter ceulp qui y eftoient emprifonnes.
(Eertes, fe ung homme povoit belivrer aujourb’huy fon amy,
ce feroit mal fait be attenbre jufques au tiers jour. 3fyefu
(Erift boneques, noftre trefloyal amy, ne attenbi riens qui
fuft, ains incontinent que fa paffion fu acomplie, il ala
vifeter les faints qui eftoient eu la prifon b’enfer. En quoy
nous eft bonne epample que fe nous voulons fecourir aup
âmes bes trefpaffes, qu’il famble non eftre eppebient a
icelles que leurs fuffrages foient prolongies. Ear tref grief»
ventent et en grant ennuy boivent attenbre ceulp qui font
tourmentes be paines fi horribles que on ne les feauroit bire.
Ses aucuns font pour leurs amis trefpaffes celebrer
trente meffes par trente jours. E’eft bien fait, mais il
feroit plus prouffitable aufbites âmes que les trente meffes
fuffent acomplies le premier jour, pour ce qu’attenbre en
telles paines par trente jours eft une paine trefamere.
pareillement fe boibt on entenbre bes autres fuffrages qu’on
fait pour les âmes bes trefpaffes. bfaftonsmous boneques
le pluftoft que nous povons be fecourir aup âmes qui
font en purgatoire; car par la haft’DXte be 3hcfu
eft il prouve qu’il leur eft eppebient. 3hefu ne délivra
pas tantoft en ung mefmes jour les faints peres, ains
bemoura avec eulr et les efjouy be fa boulce prefence; et
le bimenche, a la minuit, quant il refufeita be mort a
vie, lors les tyra il et mena h°ts la captivité bu biable
b’enfer.
/C" efte captivité beffufbite fu jabis préfigurée par la cap»
tivite bes enfans b’3frael en Egypte. £es enfans
b’3frael furent griefvement bommagies en Egypte be par
( 148 )
fans coufture, et fe vefti par beffus b’un manteau be la
Soubie mocquerie qu’on avoit fait a fon fil. £’un veftement
eftoit blanc, bebens lequel 3MU Erift avoit efte mocque
be perobe, et l’autre eftoit be pourpre vermeille, bebens il
avoit efte blafpfyeme bes chevaliers be Pilate. Eertes, la
Pierge llîarie eft raifonnablement veftue be veftemens, l’un
blanc et l’autre vermeil, pour ce que fon fil fe chante blanc
et vermeil, et toute fa paffion eft comparée a un faifceau
be mirre, qui boit bemourer entre les mammelles be l ame
biligente efprife be charité. £a Pierge Xlîarie raffambla
billigamment toutes les paines et travaulp be 3hefu Eriftz
bout par une comparution elle fift ung faifceau be mirre,
lequel elle loga en lieu be boucler et b’efcu entre fes boulces
mammelles. Et atout ces armures fe combatti elle contre
noftre ennemi, le biable b’enfer. En ce faifceau be mirre
eftoient loyees enfamble toutes les chofes qui avaient [ete]
faittes contre fon trefcher fil en fa paffion, c’eff a favoir
les efpees, les hachcsz les lances et les armures bout il
avoit efte pris, les lanternes et les falots arbans bout on
le queroit bebens le jarbin, la triftreffe, la paour et l’oroifon
qu’il fift par trois fois, la fueur vermeille et le confort
be l’angele, comment il vint a l’encontre bes 3u’f3z com»
ment b’une feule parole il les abati tous au revers, et puis
qu’il leur eut reftitue leurs forces, comment il fe prefenta
a eulp et f’en laiffa prenbre. ©ubit faifceau be mirre eftoit
auffi loye le figue be congnoiftre, la falutation et le baifier
bu faulp 3u^as, la benigne refponfe be 3WU £rift, fa
cruele prife, et comment il fu loye a la coulompne, la
garifon be l’oreille Pîalcus, que faint pierre lui avoit
coupe, et la fuite bes bifciples, la fefte et joie bes faulp
3uifj, l’interrogation be 2Inne, la buffe bu ferviteur be
pilate, et la boulce refponfe be Poftre Seigneur, comment
faint Pierre renia trois fois 3hcfu Erift, et comment il fe
converti, les noms bes juges, c’eft a favoir 2lnne, Eayphe,
perobe et Ponce pilate, bevant lefquels il fu mene,
rubement accufe, faufement et injuftement conbempne,
la coulompne, les verges, les flayaulp, les fouets, le rofel,
la croip, les cloup, la lance, les marteaulr, la couronne,
les injures, les blafphemes, les mocqueries, le.benbel be fes
yeulp, le prophetifement qu’on lui bemanboit, et la parchon
be fes veftements, le fort bes bes fur la robe, le blanc
veftement qu’perobe lui bailla, le fiege bu jugement, le
lavement bes mains, le manteau be pourpre, le fonge be
la femme Pilate et la belivrance be Sarrabas, le cri et la
noife bes 3uxf5z comment ils birent : „Erucefie»Ie", la foif,
le vinaigre beftrempe be fiel, le rofel avec l’efponge, le
vin plain be mirre, tous les cris be 3fyefu Erift, les larmes,
l’acceptation bu bon larron, toutes les paroles qu’il bift en
la croip, la recommanbation bu bifciple Saint 3eanz I®
trefpas be 3WU ©nfh l<mce be Éongin et fon enlumi»
nement, l’effufion bu fang et be l’eau, le centurion avec fa
proteftation, l’obfcurciffement bu foleil, le tramblement be
la terre, le voile bu temple qui fe rompi en beup pièces,
les pierres qui fe fenbirent, le trefbufchement b’une partie
bu temple en 3hcrufa^em, ouverture bes fepulcres et bes
monumens, le mont be Calvaire, l’enfeveliffement en ung
nuef fuaire, les trente beniers bout 3hcfu Erift fu venbu
et acheté bes 3uxf5z et befefpoir be 3u^asz Qm ne fu
point racheté bu precieur fang be 3hefu Erift. ©e toutes ces
paines et be plufieurs autres fe arma la Pierge ZTÎarie, et
comme noftre beffenfereffe en enchaca noftre ennemi et le
foula beffoubs fes pies. 2Ilors furent acomplies en elle les
figures qui jabis en eftoient premouftrees, et aucuns bits
bu prophète ©avib, c’eft a favoir : „© Pierge lîîarie, tu
iras beffus le ferpent qu’on bift afpis et fur le bafilic, et
fouleras be tes pies le lyon et le bragon, c’eft a favoir
Sathan, qui agaitera a ton talon en bataillant contre les
hommes. iïïais tu lui froifferas le cl?icf en le fourmontant
par avoir compaffion be 3hefu Erift."
zÇ’ eci préfigura auffi femme be ilber Einey, la»
quelle tranfpercha Sijaire par les temples b’un clou
be fer. Sijaire eftoit le prince be la chevallerie bu roy
3abin, qui befgafta les enfants b’3frael, en leur faifant
une granbe violence. En la parfin ^abel lui tranfpercha
les temples b’un clou be fer, par quoy le pueple b’3frael
fu belivre be fou infeftation. Samblablement la Dierge
Xlîarie tranfpercha noftre abverfaire, l’ennemi b’enfer, be cloup
be la fainte croip et le befpouilla be fa puiffance qu’il avoit
fur nous tous.
^Ça royne Ehamaris préfigura auffi la Picrge iliarie,
quant elle becola le treferuel murtrier Eirus, le grant
roy orguilleup et félon, qui f’efforcoit b’un tant granb
befir a tuer et murtrir gens, qu’il ne povoit eftre faoule
pour quelcunques effufion qu’il feift bu fang humain. 31
prenoit bebat a tous et envaiffoit tous royaumes. 31 n’ef»
pargnoit nul, ains il refpanboit tout le fang humain qu’il
povoit. En la parfin la royne ©hmnaris le prift, puis en
jettant fon chief en un vaiffeau plain bu fang be fes
chevaliers, elle lui bift : „Saoule toy maintenant bu fang
humain, que tu as eu en fi grant foif, que jamais en ta vie
tu n’en as efte faoule!" Pareillement le biable, qui bes le
commencement bu monbe eft murtrier, ne peut oneques eftre
faoule be la bampnation bes hommes. Plais la royne bu
ciel le fourmonta par avoir compaffion be fon fil, et le
faoula be la bampnation eternele qu’il nous avoit appa-
reillie.
© bon 3fyefuz faY uous par ton aibe telemcnt four»
monter le biable, que nous befervions habiter en ta gloire
eternele! 2Imen.
XXXI
nous avons ouy ou chapitre precebent comment le
biable b’enfer a efte vainqu. ©r oyons confequamment
comment l’homme fu belivre be la prifon infernale.
Sorfque 3^?efu £rxf* renbi l’ame en la croip, le jour bu
grant Penbrebi, fon ame unie a la beite entra tantoft en
enfer. Pe il ne attenbi mie jufques a la nuit bu bimenche,
comme aucuns cuibent, ains il fe hafta be tantoft y bef>
cenbre pour aler reconforter ceulp qui y eftoient emprifonnes.
(Eertes, fe ung homme povoit belivrer aujourb’huy fon amy,
ce feroit mal fait be attenbre jufques au tiers jour. 3fyefu
(Erift boneques, noftre trefloyal amy, ne attenbi riens qui
fuft, ains incontinent que fa paffion fu acomplie, il ala
vifeter les faints qui eftoient eu la prifon b’enfer. En quoy
nous eft bonne epample que fe nous voulons fecourir aup
âmes bes trefpaffes, qu’il famble non eftre eppebient a
icelles que leurs fuffrages foient prolongies. Ear tref grief»
ventent et en grant ennuy boivent attenbre ceulp qui font
tourmentes be paines fi horribles que on ne les feauroit bire.
Ses aucuns font pour leurs amis trefpaffes celebrer
trente meffes par trente jours. E’eft bien fait, mais il
feroit plus prouffitable aufbites âmes que les trente meffes
fuffent acomplies le premier jour, pour ce qu’attenbre en
telles paines par trente jours eft une paine trefamere.
pareillement fe boibt on entenbre bes autres fuffrages qu’on
fait pour les âmes bes trefpaffes. bfaftonsmous boneques
le pluftoft que nous povons be fecourir aup âmes qui
font en purgatoire; car par la haft’DXte be 3hcfu
eft il prouve qu’il leur eft eppebient. 3hefu ne délivra
pas tantoft en ung mefmes jour les faints peres, ains
bemoura avec eulr et les efjouy be fa boulce prefence; et
le bimenche, a la minuit, quant il refufeita be mort a
vie, lors les tyra il et mena h°ts la captivité bu biable
b’enfer.
/C" efte captivité beffufbite fu jabis préfigurée par la cap»
tivite bes enfans b’3frael en Egypte. £es enfans
b’3frael furent griefvement bommagies en Egypte be par
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