Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0019

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
INTRODUCTION.

5

cette vie, lorsque l'on veut provoquer pour sa modeste part,
dans les limites géographiques et chronologiques que l'on s'est
fixées, cette « résurrection » dont a parlé Michelet, il ne faut
pas morceler l'histoire ; il ne faut pas séparer ce qui a été uni ;
il ne faut pas diviser la réalité d'autrefois en une série d'abstrac-
tions. Décrire avec autant de précision et de pittoresque qu'il
sera possible des cités et des monuments sans peindre en
même temps les êtres humains qui ont habité ces cités et
vécu à l'ombre de ces monuments, c'est vouloir évoquer des
villes mortes ; peindre ces êtres humains, raconter leur vie,
leurs habitudes, leurs mœurs, parler de leur religion sans indi-
quer leurs relations sociales et politiques, c'est vouloir nous
intéresser, non pas à un peuple, mais à plusieurs individus
juxtaposés sur le même sol ; enfin, disserter sur des institutions
municipales ou provinciales considérées en elles-mêmes et pour
elles-mêmes sans s'occuper des magistrats qui ont administré
les cités et les provinces, sans mettre en scène la foule des
citoyens qui ont éprouvé les bienfaits ou subi les inconvénients
de cette administration, c'est vouloir faire passer sous nos yeux
pièce à pièce et en quelque sorte démonté un mécanisme fort
complexe et fort délicat. Si la vraie matière de l'histoire est
bien la vie des peuples, la tâche de l'historien doit être d'ob-
server cette vie dans toutes ses manifestations et sous toutes
ses formes. Tel est, dans les limites de mon sujet, le programme
que je me suis tracé, que j'ai eu l'ambition, peut-être la pré-
tention, de vouloir exécuter. Dans ce livre, les détails, les faits
particuliers sont étudiés non pas pour eux-mêmes, mais parce
que chacun d'eux est une partie du tout et ajoute un trait au
tableau d'ensemble.

On n'y trouvera point d'identifications topographiques. Les
noms que portaient jadis les villes les plus considérables nous
ont été révélés par des inscriptions ; la plupart des cités dont
les ruines sont encore anonymes ne paraissent avoir été que
de grosses bourgades, et leur nomenclature, si on pouvait
l'établir scientifiquement, serait dépourvue à mes yeux de
toute valeur historique. C'est en d'autres termes qu'a été posé
ici le problème si important des rapports de la géographie et de
l'histoire, des liens étroits qui existent entre les hommes et le
sol sur lequel ils vivent, de l'influence profonde exercée par les
conditions naturelles sur la vie des peuples comme sur la vie
des individus. En présence de ces ruines si nombreuses, devant
ces vestiges d'un passé qui a été si prospère, je ne me suis pas
 
Annotationen