Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0024

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
10 INTRODUCTION.

Il a été déjà fait à ces deux questions une réponse qui a semblé
péremptoire. Si plusieurs régions de la Tunisie en particulier
et de l'Afrique du nord en général ont subi depuis douze cents
ans une métamorphose si désastreuse, c'est, a-t-on prétendu,
parce que les conditions naturelles et surtout le régime des
eaux ont été considérablement modifiés ; c'est parce que le sol
en est devenu doublement stérile, stérile par absence d'humus
fécond, stérile par absence d'humidité fécondante (1).

Si cette explication est vraie, le mal est à peu près irrépa-
rable : les causes et les conditions nécessaires s'étant évanouies,
l'effet ne peut plus être produit.

Mais est-il certain que la nature du pays ait été ainsi trans-
formée? Dans un rapport très documenté et très curieux sur les
cultures fruitières et en particulier sur la culture de l'olivier en
Tunisie (2), M. Paul Bourde a tout récemment montré que « ni
le sol ni le climat n'ont changé notablement » (p. 29) dans la
partie du pays où précisément cette transformation paraît le
plus frappante, c'est-à-dire sur les vastes plateaux qui s'incli-
nent en pente douce depuis les montagnes de la Kessera et de
Maktar jusqu'à la mer vers l'est et jusqu'aux oasis dans la di-
rection du sud. Quant aux vallées de la Medjerdah et de ses
affluents tunisiens, quant aux plaines que traverse l'O. Miliane,
et que dominent les crêtes dentelées des monts Zaghouan et
Djoukar, le sol en est resté fertile : les sources y sont nom-
breuses, les pluies n'y sont point rares dans les années nor-
males, les grands cours d'eau n'y sont jamais à sec. Enfin, pour
atteindre les rivages voisins de Tabarka, on gravit toujours ces
collines boisées dont Juvénal a parlé (3).

Les données et la position du problème sont alors profondé-
ment modifiées. Puisque le sol et le climat n'ont pas notable-
ment changé, puisque les conditions naturelles sont restées
sensiblement les mêmes, cette prospérité économique, dont les
vestiges sont innombrables, peut renaître; ce que l'homme a
fait au début de l'ère chrétienne, il peut, il doit le refaire au
dix-neuvième et au vingtième siècle. C'est à la France qu'in-
combent aujourd'hui cette tâche et ce devoir. Notre patrie l'a

(1) Pcllissier de Reynaud, Description de la Régence de Tunis, p. 124 et
125. Tissot, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique, I,
p. 252; II, p. 613. Tour du monde, année 1886, 2e sem., p. 215 (R. Cagnat
et Saladin, Voyage en Tunisie).

(2) Tunis, imprimerie Rapide, 1893.

(3) Satires, 10, vers 194,
 
Annotationen