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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0025

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INTRODUCTION.

11

compris et l'œuvre est déjà commencée. « Dans cet effort commun,
une part est réservée aux savants, à côté des soldats, des admi-
nistrateurs, des politiques, et il appartient aux archéologues,
en nous renseignant sur le passé, de préparer l'avenir (1). » Je
me suis inspiré de ces paroles prononcées naguère par un des
maîtres éminents de l'Université. Si j'ai cherché à peindre la
vie municipale dans une partie de l'Afrique romaine; si j'ai
voulu suivre d'aussi près que possible le développement des
cités africaines sous le haut empire ; si je me suis efforcé de
faire revivre ces populations paisibles et laborieuses ; si j'ai tenté
de reconstituer les cadres politiques et administratifs dans les-
quels les anciens habitants du pays furent peu à peu distribués,
ce n'est pas seulement, je le confesse, par amour de la vérité
scientifique. Je ne suis pas resté, de parti pris, indifférent à
l'intérêt pratique et national des études que j'avais entreprises.
Mieux nous connaîtrons l'œuvre accomplie par les Romains
dans leurs provinces africaines, mieux nous pourrons diriger
nos efforts et plus vite en assurer le succès.

Je ne crois toutefois pas que ce soit là, dans cet ordre d'idées,
le seul intérêt de mon sujet, et qu'on puisse me reprocher d'avoir
recherché surtout l'actualité, d'avoir tenté de résoudre un pro-
blème sans portée générale.

La colonisation n'est pas seulement un fait géographique, c'est
un des phénomènes historiques les plus importants, un de ceux
qui ont eu et qui ont encore le plus d'influence sur les progrès
de la civilisation et sur les destinées de l'humanité tout entière.

Tous les grands Etats ont aujourd'hui reconnu cette vérité,
et tous ont une politique coloniale. Toutefois, on discute encore
sur la méthode à appliquer. Gomment faut-il traiter les tribus
sauvages, les peuples moins civilisés que nous dont nous avons
conquis ou dont nous avons occupé sans violence les territoires?
Faut-il, du jour au lendemain, bouleverser leur existence, les
forcer à renier leurs traditions religieuses, à abandonner leurs
coutumes parfois très anciennes ? Faut-il leur imposer tout
d'une pièce et comme en bloc notre civilisation vieille de plu-
sieurs siècles, faite pour un autre climat et pour une autre
race? Ou bien devons-nous chercher à pénétrer jusqu'à l'âme
de ces hommes parfois si différents de nous pour tirer d'eux-
mêmes, s'il est possible, les germes de leur amélioration intel-

(1) G. Boissicr, Discours prononcé à la séance générale du Congrès des
Sociétés savantes, le 27 mai 1891,
 
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