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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0026

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12 INTRODUCTION.

lectuelle, morale et sociale ? Ne convient-il pas de laisser dans
tout pays colonisé une large place aux éléments indigènes, un
rôle déterminé aux forces locales et à l'activité spontanée des
anciens habitants? .

A une époque où de tels débats sont pour ainsi dire journel-
lement soulevés, il m'a paru utile d'étudier comment le même
problème avait été résolu par un des plus grands peuples de
l'antiquité. L'histoire, en ces matières, a le très grand avantage
de pouvoir montrer non seulement par quels moyens et d'après
quelle méthode l'œuvre a été entreprise, mais encore si cette
œuvre a échoué ou si elle a réussi et dans quelle mesure, quelles
en ont été les conséquences immédiates et lointaines, quels en-
seignements et quels exemples nous devons y puiser, en tenant
compte des différences de temps et des progrès accomplis par
l'humanité.

Je ne pense pas d'ailleurs que l'historien de l'antiquité man-
que à ses devoirs en jetant un regard sur ce qui se passe
autour de lui, en prêtant l'oreille aux bruits qui montent de
la société contemporaine. Avons-nous le droit, parce que le
culte de la vérité est une des plus hautes et des plus nobles
passions qui puissent agiter l'âme humaine, de nous enfermer
dans la science pure comme dans un monde idéal, de nous
réfugier en elle comme dans le plus élevé et le plus désinté-
ressé des dilettantismes? La science doit au siècle qui va finir
d'avpir été placée sur le même rang, sinon plus haut, que la
naissance et la richesse. Ce privilège ne lui confère pas seule-
ment des droits; il lui impose des devoirs. L'humanité poursuit
le progrès dans toutes les voies ; elle est tourmentée du désir de
modifier le présent, de préparer un avenir plus heureux. Les
sciences mathématiques, physiques et naturelles cherchent et
réussissent à améliorer les conditions matérielles de l'existence
humaine ; la philosophie s'efforce de pénétrer jusqu'aux origi-
nes de la pensée pour en mieux saisir l'essence, pour en assurer
la santé et la vigueur ; elle essaie de retrouver et de définir,
dans l'infinie complexité de la vie individuelle et sociale, les lois
supérieures qui président au développement des individus et
des sociétés. L'histoire, en étudiant le passé, peut contribuer,
elle aussi, à préparer l'avenir. Elle observe et enseigne comment
et pourquoi certains peuples ont été grands et puissants ; com-
ment et pourquoi ils sont tombés en décadence ; ce qui a survécu
de leur œuvre, ce qui en a disparu. De même que la philoso-
phie , mais avec une autre méthode, elle veut dégager des évé-
 
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