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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0040

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26

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

César, la civilisation et la latinisation de l'Afrique septen-
trionale prennent place parmi les soucis du gouvernement ro-
main (1). » On ne saurait mieux caractériser à la fois l'égoïsme
stérile de la politique romaine au dernier siècle de la Répu-
blique, et les idées nouvelles introduites par César dans le gou-
vernement du monde. L'œuvre du dictateur fut reprise et pour-
suivie par son fils adoptif. Il ne s'agit plus seulement de
conserver les territoires conquis. La plupart des empereurs,
guidés par l'exemple des fondateurs de l'empire, se préoccupè-
rent vraiment « d'éveiller partout une vie nouvelle, » de rendre
leur prospérité d'autrefois aux provinces épuisées par les guerres
civiles, et, dans les pays qui jusqu'alors étaient restés barbares,
d'encourager, à la faveur de la paix romaine, l'exploitation de
toutes les richesses naturelles.

En Afrique la métamorphose fut plus complète que partout
ailleurs. Pendant deux siècles les luttes entre Massinissa et
Carthage, la troisième guerre punique, la guerre contre Ju-
gurtha, les violentes rivalités des Pompéiens et des Césariens,
des meurtriers de César et des seconds triumvirs, d'Antoine et
d'Octave avaient ruiné toutes les contrées où Rome avait pé-
nétré ; et ce n'étaient pas des proconsuls comme Salluste qui
pouvaient, pendant la paix, réparer les maux de la guerre. La
fondation de l'empire fut le salut du pays. Désormais, protégés
par les légions contre les nomades du sud et les populations
pillardes de l'ouest, gouvernés par des fonctionnaires qui admi-
nistraient, non plus pour eux-mêmes, pour payer leurs dettes
ou pour amasser une fortune considérable, mais au nom d'un
souverain dont ils redoutaient la colère et la disgrâce, les Afri-
cains purent s'adonner en toute sécurité à la culture du sol
merveilleusement fertile sur lequel ils étaient nés ; ce nouveau
régime leur assura une prospérité qu'ils n'avaient jamais connue
auparavant et qu'ils n'ont plus connue depuis.

C'est donc avec l'empire et par l'empire que la colonisation
romaine fut introduite en Afrique, que la paix y fut rétablie au
moins dans l'ancien territoire de Carthage et dans une grande
partie de l'ancien royaume numide. S'il est un événement qui
symbolise cette renaissance de l'activité pacifique et vraiment
féconde et qui ouvre dans l'histoire de l'Afrique du nord une
ère nouvelle, c'est la résurrection de la cité punique dont le

(1) Mommsen, Rômische Geschichte, V, p. 623-624 ; trad, franç., XI,
p. 254-256.
 
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