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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0041

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l'afrique romaine d'auguste a dioclétien.

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sénat romain avait ordonné, en 146, la destruction méthodique
et complète. En relevant Carthage ou plutôt en fondant, sur
l'emplacement de la patrie d'Hannibal, une colonie romaine qui
portait le même nom, César et Auguste affirmèrent que Rome
oubliait ses rancunes et ses haines; que la vie et la richesse
devaient désormais succéder à la mort et à la ruine. C'est deux
ans après la bataille d'Actium, en 29 avant J.-C., que Carthage
fut définitivement colonisée ; elle ne tarda pas à devenir une des
villes les plus importantes de tout rempire. Je prendrai donc
cette année 29 av. J.-C. comme la date initiale de la période
pendant laquelle je veux observer le développement des cités
africaines.

Au premier et surtout au second siècle de Père chrétienne, la
vie municipale brilla d'un très vif éclat ; ce fut pour les villes
d'Afrique l'époque de plein épanouissement. Leur prospérité
était encore très grande sous les Sévères; mais elle commença
bientôt à décroître. Si Constantin, au début du quatrième siècle,
fut obligé d'assurer par des mesures législatives le recrute-
ment des assemblées municipales, il en faut conclure que, de-
puis quelque temps déjà, les Africains essayaient de se sous-
traire à des charges qu'autrefois ils ambitionnaient et dont ils
étaient très fiers, mais qui étaient devenues trop onéreuses ou
que leur fortune trop compromise ne leur permettait plus de
soutenir. Solidairement responsables des impôts qu'ils étaient
chargés de percevoir, les décurions des cités provinciales, en
Afrique comme dans les autres parties de l'empire, quittaient
leur patrie, laissaient là les débris de leur antique fortune, re-
nonçaient même quelquefois à la liberté pour fuir les honneurs
dont ils étaient accablés. Les empereurs du quatrième siècle ne
cessèrent de donner soit aux préfets du prétoire, soit aux vicai-
res provinciaux les instructions les plus sévères pour enrayer
ce courant d'émigration, qui menaçait de dépeupler complète-
ment des villes jadis très florissantes.

La décadence économique et la ruine financière. des cités
obligèrent le pouvoir central à intervenir plus directement en-
core clans leur vie intérieure. Aux anciennes magistratures mu-
nicipales fut substituée une véritable curatèle ; l'administra-
tion fut confiée, non plus aux questeurs, aux édiles et aux
duumvirs, le plus souvent originaires de la ville elle-même,
mais à un curator reipublicœ, c'est-à-dire à un fonctionnaire
impérial. Dès lors il n'y eut plus, à proprement parier, de vie
municipale ; la centralisation s'exagéra de plus en plus : la divi-
 
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