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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0055

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RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES CITÉS AFRICAINES. 41

vite que l'Afrique était alors couverte de forêts. Si cette ombre
avait été donnée par de hautes futaies, comment pourrait-il être
question d'une ligne ininterrompue de villages ? Aussi bien, voici
une légende rapportée par Ibn Abd el Hakem, qui fera disparaî-
tre les derniers doutes. Le chef de l'armée arabe qui avait tué le
patrice Grégoire et pris sa capitale Sufetula en 647, en présence
de l'énorme butin amassé par ses soldats, eut la curiosité de
s'enquérir d'où provenaient tant de richesses. Voyant les pièces
monnayées qu'on avait mises en tas devant lui, Abd Allah ibn
Saad ibn Ali Serh demanda d'où cet argent était venu ; et l'un
des habitants se mit à aller de côté et d'autre, comme s'il cher-
chait quelque chose ; et ayant trouvé une olive, il l'apporta à
Abd Allah et lui dit : « C'est avec ceci que nous nous procurons
de l'argent. » —Gomment cela? » dit Abd Allah. — « Les
Byzantins, » répondit cet homme, « n'ont pas d'olives chez eux,
et ils viennent chez nous acheter de l'huile avec cette pièce de
monnaie (1). »

C'est donc par l'olivier et grâce à l'olivier que la Tunisie cen-
trale, déserte et stérile à l'époque de Marins, devint féconde,
prospère et peuplée sous l'empire romain ; aujourd'hui encore
ce n'est pas parce qu'elle est stérile qu'elle est déserte ; c'est
au contraire parce que le pays a été dépeuplé que les oliviers,
abandonnés à eux-mêmes, ont presque entièrement disparu. Ce
que l'on se plaît d'habitude à considérer comme la cause est en
réalité l'effet. ,

Mais la culture de l'olivier n'est possible ou tout au moins ré-
munératrice que dans certaines conditions. D'abord l'arbre n'est
en plein rapport qu'au bout de vingt ans ; en second lieu, il est
difficile de planter plus de vingt oliviers à l'hectare. Il faut donc,
d'une part, que les propriétaires du sol soient assez riches pour
se passer pendant près de vingt ans du revenu des capitaux en-
gagés ; d'autre part qu'ils possèdent une étendue de terrain
considérable : car le revenu net de chaque arbre ressort en
moyenne à six litres d'huile par an, et par conséquent celui de
chaque hectare à cent vingt litres (2). Dans un pays, où seule
la culture de bolivier est normalement féconde, seules aussi les
grandes propriétés peuvent prospérer. Tel a été le cas pour l'an-
al) Ibn Abd el Hakem, trad. par de Slane, en appendice à VHistoire des
Berbères, I, p. 306. Cf. P. Bourde, Rapport sur les cultures fruitières,
p. 2/v_23.

(2) Tous- ces renseignements sont empruntés au Rapport de M. Bourde,
p. 45-51.
 
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