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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0056

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42 LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

tique Byzacène. Les fermes, habitées par des colons ou par des
esclaves, s'y sont multipliées ; les gros villages agricoles,
peuplés sans doute de fermiers et de quelques négociants, y
ont vécu à l'ombre des oliviers ; mais les propriétaires libres,
les maîtres du sol, les véritables citoyens y ont été relative-
ment peu nombreux. Voilà pourquoi, semble-t-il, les centres
urbains y ont été si rares. Dans les pays de moyenne et de pe-
tite propriété, les cités pouvaient être assez rapprochées les
unes des autres, parce que la population libre y était dense ;
mais dans les régions soumises au régime de la grande pro-
priété, les possesseurs du sol étant peu nombreux, et les tra-
vailleurs agricoles étant surtout des esclaves, la vie rurale s'est
forcément développée au détriment de la vie urbaine : les ter-
ritoires des civitates ont peut-être été plus vastes, mais les
grands centres bâtis, conlinentia urbis aedificia (1), ont été fort
clairsemés. Etant donnée la nature du sol et du climat, il ne
pouvait pas en être autrement.

C'est également la nature du sol et du climat qui explique
pourquoi dans les vallées de la Medjerdah, de l'O. Miliane, de
l'O. Mahrouf et de leurs affluents, la vie municipale à été
si intense. Les plaines et les vallons, d'une étendue plus
ou moins considérable, que traversent tous ces cours d'eau,
sont d'anciens bas-fonds lacustres : le sol en est formé d'al-
luvions, et la couche d'humus fertile, que les eaux y ont dé-
posée pendant des siècles, est souvent d'une épaisseur vrai-
ment extraordinaire. Depuis les gorges de Ghardimaou jusqu'au
confluent de l'O. Béja, la Medjerdah dessine ses méandres au
milieu d'une grande plaine que ferment de toutes parts des
montagnes ou de hautes collines; jadis, à l'époque où le fleuve
n'avait pas encore percé la barrière montagneuse qui se dresse
à l'est de Béja, cette plaine était un vaste lac, au fond duquel
s'accumulait lentement tout ce que les eaux de la Medjerdah
apportaient avec elles. Ces dépôts limoneux constituent aujour-
d'hui le sol de la plaine ; leurs couches stratifiées se superpo-
sent parfois jusqu'à vingt mètres de hauteur. La basse vallée de
la Medjerdah s'est accrue, depuis les temps historiques, de vas-
tes terrains créés par les apports du fleuve : la Méditerranée a
reculé et recule chaque jour. Utique, jadis port de mer, se
trouve maintenant à dix kilomètres du rivage dans l'intérieur
des terres. Il en a été des vallées de l'O. Miliane, de l'O. Siliane,

(1) C. L L., VIII, 1641, lig. 11-13. Cf. Collections du musée Alaoui, I, p. 82.
 
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