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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0062

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48

LES CITES ROMAINES DE LA TUNISIE.

de cette province, il en est bien peu qui aient vécu au milieu
d'une plaine ou dans le fond d'une vallée. Elles se sont toutes
développées à l'ombre des montagnes, sur les pentes des col-
lines, sur les flancs des coteaux. C'est là un caractère commun,
dont la variété des sites particuliers, si grande qu'elle soit , ne
saurait atténuer l'importance. Il faut essayer d'en déterminer
l'origine et la raison d'être.

Quelle était et quelle est encore, en Afrique plus que partout
ailleurs, la condition absolument indispensable, je ne dis pas à
la prospérité, mais simplement à l'existence de toute agglomé-
ration nombreuse d'individus? C'est qu'il soit possible et même
facile d'assurer à cette agglomération la quantité d'eau néces-
saire et suffisante. Par les années sèches la terre d'Afrique est
inféconde ; de même l'homme ne peut vivre sur le sol et sous
le climat africains que s'il trouve à sa portée de l'eau en abon-
dance.

En outre, les anciens ne savaient élever l'eau ni assez haut,
ni en assez grande quantité pour alimenter des cités tout en-
tières : leurs diverses machines hydrauliques (girgillus, tolleno,
cochlea, rota aquaria) ne leur servaient guère qu'à tirer l'eau
des puits, ou à répandre celle des ruisseaux et des fleuves
dans les terres riveraines. Une ferme ou même un modeste
village pouvait à la rigueur vivre en rase campagne ; mais il
en allait tout autrement d'une grande ville. Il fallait que
l'eau, dont elle s'approvisionnait, fût recueillie soit sur place,
au niveau de la cité, soit à peu de distance, en un ou plu-
sieurs points dont l'altitude fût sensiblement supérieure à
celle de la cité. Comme l'eau des sources est sans contredit la
meilleure eau potable, comme d'autre part le débit en est à peu
près constant et régulier, ce fut dans bien des cas la présence
des fontaines naturelles qui détermina l'emplacement des villes
africaines. Or, sauf exceptions très rares, les sources ne jail-
lissent pas au milieu des plaines ; elles sortent du flanc des
collines, elles sourdent entre les rochers des montagnes. C'est
donc parce qu'il leur était nécessaire d'être le plus près possible
des points d'eau que les cités se fondèrent au pied des monta-
gnes et sur les pentes des coteaux (1).

(1) Cette situation topographique avait encore un autre avantage, surtout
dans le nord de la Tunisie, où le sol des plaines et des vallées est presque
partout formé de terrains quaternaires récents, et où la pierre à bâtir ne
peut s'extraire que des collines et des montagnes. Les villes trouvaient
 
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