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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0088

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LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

que deux édiles de Giufis firent aménager à leurs frais la fon-
taine publique, ornée d'un mascaron de pierre, dont il a été
question plus haut (1).

D'ailleurs, comme on l'a vu dans le cours de ce chapitre, ce
sont les théories de Vitruve qui paraissent avoir été appli-
quées dans l'Afrique romaine ; les observations faites sur
place aident le plus souvent à commenter le texte de l'architecte
romain. Enfin, par leur construction, par leur aspect général,
par leur disposition, les aqueducs d'Afrique ressemblent si fidè-
lement aux aqueducs de la campagne romaine (2), du sud de la
Gaule et de l'Espagne, qu'il est vraiment impossible de consi-
dérer ceux-ci comme des œuvres puniques, tandis que ceux-là
sont de création romaine.

Que les plus anciens habitants de l'Afrique, et en particulier
les colons phéniciens établis sur la côte, aient bâti de vastes ci-
ternes et de grands réservoirs, je ne le conteste pas ; que ces
citernes et ces réservoirs aient été encore utilisés sous la domi-
nation romaine, je ne le nie pas davantage ; mais il n'en est
pas moins certain que la plupart de ces travaux, bassins amé-
nagés autour des sources, canaux souterrains, barrages, aque-
ducs, citernes, canalisation dans l'intérieur des villes, datent

(1) Page 70, note 6, et p. 71. Cf. les inscriptions ou fragments d'inscription
de Thysdrus (C. I. L., VIII, 51), de Cilibia {Ibid., 945), de Thignica (Ibid.,
1412; SuppL, 15204), d'Althiburus (Ibid., 1828), de Thugga {Bulletin de la
Société d'Oran, ann. 1893, p. 162), qui ne sont point datées, mais dont le
contexte général prouve l'âge relativement récent.

(2) Dans son ouvrage sur les aqueducs, Frontin ne s'est occupé que de
Rome et de la campagne romaine ; on y trouve pourtant le commentaire
absolument exact des découvertes archéologiques citées dans ce chapitre.
Rome était alimentée à la fois par de l'eau de source (aqua Appia, aqua
Marcia, aqua Julia, aqua Virgo, etc.), par de l'eau de rivière (Anio vêtus,
Anio novus), et même par l'eau d'un lac (aqua Alsietina). Les sources étaient
captées; l'Aqua Virgo, par exemple, était recueillie dans un bassin en bri-
ques, dont les parois intérieures étaient cimentées. Les aqueducs étaient
tantôt souterrains, tantôt élevés sur arcades. Tous ou presque tous traver-
saient, avant d'entrer dans Rome, des bassins de décantation, ce que Frontin
appelle piscinae limariae (De aquaeductibus, 15), ou encore : piscinae, ubi
quasi respirante rivorum cursu, limum deponunt (Ibid., 19). Frontin,
comme Vitruve, nomme à plusieurs reprises les castella, les lacus, les sa-
lientes ; il parle de la distribution de l'eau à domicile (Ibid., 23 : ...Osten-
dere quanta sit copia quae publicis privatisque non solum usibus et auxi-
îù's, verum etiam voluptatibus sufficit.) Il est donc bien exact de dire que
les travaux hydrauliques exécutés dans l'Afrique romaine ont été faits sur
le modèle des travaux du même genre exécutés à Rome et autour de Rome,
 
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