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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0127

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ARCHITECTURE, SCULPTURE. PEINTURE. MOSAÏQUE. 113

originale ni par le sujet, ni par la composition ; tous les types
reproduits par les mosaïstes africains étaient des types in-
ventés par l'art grec et fixés en quelque sorte par la coutume (1).
Si la tête du dieu Glaucus, trouvée à Sidi el Hani, peut être
considérée comme « le plus bel échantillon que l'Afrique ait
fournie de l'art du mosaïste (2), » il n'en est pas moins vrai que
le sujet traité et le type du monstre ont été empruntés de toutes
pièces à l'art gréco-romain.

Ce qui prouve d'ailleurs combien était stérile l'imagination
artistique des Africains, c'est qu'ils n'ont même pas su trouver
une forme originale pour représenter dans l'art anthropomor-
phique leurs plus anciennes divinités. Lorsque le nom latin de
Saturne se substitua au nom punique de Baal, et lorsque l'habi-
tude de concevoir les dieux sous une figure humaine se fut in-
troduite et répandue dans le pays, on emprunta à l'art gréco-
romain les traits du dieu, comme on en avait emprunté le nom
à la langue latine. Mais le Saturne italique et le Gronos grec
n'étaient pas des divinités identiques au Baal phénicien ; rien
dans l'image du vieillard barbu et voilé, dont l'attribut était une
faucille, ne rendait l'idée exprimée jadis par le double symbole
du disque et du croissant. Au lieu de composer un type nou-
veau, comme l'art alexandrin avait composé les types de
Zeus-Ammon, de Sérapis et d'Isis, l'art africain se contenta
d'ajouter au buste de Saturne les figures d'Hèlios, personnifica-
tion du Soleil, et de Sélènè, personnification de la Lune :
tandis que dans le langage, la divinité était restée une et ne
portait qu'un seul nom, dans Fart elle était devenue une
trinité (3).

Les scènes mythologiques, les portraits, les motifs de déco-
ration funéraire attestent la même banalité dans l'inspiration
et dans la conception. La mosaïque trouvée jadis à Hadrumète
et détruite aujourd'hui, qui représentait le Minotaure mourant
et le navire de Thésée au moment où il quittait la Crète avec
les Athéniens délivrés du monstre (4) ; le fragment de colonne
(ou de putéal?), décoré d'un bas-relief dont le sujet paraît ern-

(1) Collections du musée Alaoui, t. I, p. 27. (De la Blanchère, la Mosaï-
que d'Hadrumète.)

(2) Exposition universelle de Î889 ; exposition du service des antiquités
et des arts de la Régence de Tunis, p. 5.

(3) Mélanges de l'Ecole française de Rome, t. XII (ann. 1892), p. 97-98.

(4) Comptes rendus de VAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres,
ann. 1892, p. 383.

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