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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0134

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LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

un tableau sur lequel Enée, son père Anchise et son fils As-
cagne sont affublés de têtes de chien? (1).

Au total, si l'on examine de près et en détail les œuvres d'art
qui ont survécu plus ou moins intactes à la ruine des cités afri-
caines, il faut bien reconnaître, malgré l'intérêt que présentent
beaucoup de morceaux, que l'originalité artistique leur manque
entièrement. L'inspiration en est le plus souvent banale ; les
sujets traités, les types, les motifs reproduits ont été importés
du dehors ; rien n'est sorti du sol même, du cœur des vieilles
populations ; rien n'est punique ; rien, à plus forte raison, n'est
autochtone.

Les artistes africains ne rachetaient d'ailleurs pas cette pau-
vreté d'imagination par un style personnel ou par une technique
originale. Ce qui reste d'eux mérite à peine le nom d'œuvres
d'art. Elles sont bien rares, les sculptures et les mosaïques de
provenance africaine qui sont pour nous autre chose et plus
que de simples documents. Est-il, en général, rien de plus gros-
sier et de plus fruste que les stèles votives, néo-puniques ou
romaines, déterrées à Thignica, à Thugga, à Carthage, au
sommet du Dj. Bou Kourneïn? Les marbriers et les lapicides
qui fabriquaient les monuments funéraires n'étaient, pour la plu-
part, ni des artistes, ni même des artisans adroits ou habiles.
Les mosaïstes méconnaissaient souvent les règles les plus élé-
mentaires de la perspective et les proportions les plus usuelles :
ici un oiseau, là un poisson ou un coquillage étaient presque
aussi hauts qu'une maison ou qu'un homme. De tels objets
n'existent pas comme œuvres d'art, et par conséquent n'ont pas
de style.

Par bonheur ce ne sont pas là les seuls monuments d'archéo-
logie figurée qui aient été trouvés en Tunisie. Dans les musées
Alaoui et de Carthage, dans quelques collections particulières
ainsi qu'au Louvre, un certain nombre de têtes, images de di-
vinités ou portraits, un ou deux bas-reliefs, plusieurs mosaïques
méritent d'attirer l'attention. Mais, et c'est là seulement ce
qu'il faut retenir, toutes ces œuvres sont de style grec, de style
alexandrin, de style romain. A propos de trois bas-reliefs funé-
raires découverts à Carthage, MM. Babelon et Reinach ont
écrit cette phrase bien caractéristique : « Si l'on n'était pas cer-
tain, par le seul fait de leur présence dans cette collection (le
musée de Saint-Louis) qu'ils proviennent de Carthage, onpren-

(1) P. Girard, La peinture antique, p. 326, fig. 202.
 
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