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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0142

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LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

Ces traces d'une inspiration originale sont exceptionnelles ;
comme les arts proprement dits, les industries artistiques subi-
rent en Afrique l'influence de la civilisation gréco-romaine,
mélangée de quelques éléments orientaux et égyptiens.

A défaut d'invention, ces menus objets témoignent-ils d'une
technique spéciale, propre au pays? Si les types, les groupes et
les motifs reproduits étaient empruntés à Rome, à la Grèce et
à l'Orient, du moins ces lampes, ces statuettes, ces vases sor-
taient-ils d'ateliers locaux? Les moules des uns, les modèles des
autres étaient-ils fabriqués sur place ? Il est certain qu'il y avait
dans le pays des ouvriers potiers ; la cité de Gemellae semble
même avoir surtout vécu de l'industrie céramique (1). D'autre
part, si les miroirs découverts à Bulla regia (2), si la plupart
des statuettes et des groupes en terre cuite trouvés dans les rui-
nes de Garthage et d'Hadrumète sont, à n'en pas douter, de
style gréco-romain, plusieurs figurines d'exécution plus gros-
sière semblent avoir été modelées par des indigènes (3). Mais ce
sont là de rares exceptions : les potiers du pays n'ont guère été
que des fabricants de vases communs ; de leurs ateliers et de
leurs fours ne sont sortis que des amphores banales, des tuiles
grossières, des ustensiles de ménage : leurs produits étaient de
ceux que l'on ne signe pas. Si l'on examine en effet les noms de
potiers inscrits soit au dos des lampes soit sur les vases dont
le grain est un peu fin, dont la couverte est brillante, et qui
sont décorés avec art, on constate en règle générale que ces
noms ne diffèrent pas des noms lus sur les lampes et les vases

l'art industriel africain deux monuments en terre cuite, récemment décou-
verts dans la nécropole romaine d'Hadrumète. Ils ont été publiés et com-
mentés l'un par M. Sal. Reinach, l'autre par M. G. Lafaye, dans les Collec-
tions du musée Alaoui (t. I, p. 33-44 et 121-132). Le premier représente un
homme assis de côté sur un chameau ; le second est un médaillon sur le-
quel est figurée une course de dromadaires dans le cirque. La présence de
ces animaux ne doit pas nous induire en erreur : le chameau a été connu
en Orient plus tôt que dans l'Afrique du Nord, où il semble même n'avoir
été introduit qu'à l'époque de Justinien. Il est donc sage de s'en tenir à la
conclusion de M. Reinach : « Les terres-cuites et les moules voyagent, les
ouvriers qui les fabriquent voyagent aussi. »

(1) Voir plus loin, livre II, ch. vi.

(2) Collections du musée Alaoui, t. I, p. 95-96 (S. Reinach, Reliefs de mi-
roirs en bronze).

(3) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1886, p. 29 (Babelon et Rei-
nach, Explorations archéologiques en Tunisie); Id., ann. 1892, p. 210-213
{Statuettes trouvées à Sidi-Athman et Hadid et à Carthage) ; R. Cagnat, Ex-
plorations..,, fasc. II, p. 27-29.
 
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