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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0206

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192

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

autour du massif central tunisien, les mœurs d'autrefois résis-
tèrent davantage aux habitudes nouvelles importées de l'étran-
ger. Les noms d'origine punique et numide sont particulièrement
fréquents sur les inscriptions découvertes d'une part autour de
Maktar, d'autre part dans la région voisine du Kef, par exemple
à Hr Guergour. à Ksiba Mraou, à Sidi Youcef (1). Les habi-
tants d'Ammaedara, de Thala et des villages voisins furent cer-
tainement plus fidèles aux coutumes onomastiques de leurs
ancêtres que la population des ports fondés jadis par les navi-
gateurs phéniciens et soumis de bonne heure à la domination
romaine (2). Les rapports de la géographie et de l'histoire sont
ici très frappants. Plus on se rapproche, en remontant les voies
naturelles de pénétration, soit du centre physique de la Tunisie,
soit de la barrière montagneuse qui sépare aujourd'hui la Tuni-
sie de l'Algérie, plus nombreuses sont les traces des mœurs
antiques et plus superficielle paraît avoir été la colonisation
romaine.

L'usage des noms latins ne se répandit pas plus uniformément
dans la société africaine que dans le pays lui-même. Les lois de
l'onomastique romaine, suivies au moins en apparence par cer-
tains habitants, furent au contraire ignorées ou violées par
d'autres. Les magistrats municipaux, édiles, questeurs, duum-
virs, les prêtres de la religion officielle, et les plus riches
citoyens de chaque ville portaient en général les tria nomina
empruntés à la nomenclature latine ; lorsqu'ils étaient citoyens
romains, ils désignaient chacun leur père par la première lettre
de son prénom. Les petites gens au contraire, ceux dont les
noms sont inscrits, non pas sur des édifices, sur des bases de
statues ou sur des mausolées, mais sur de modestes pierres
tombales et sur d'humbles stèles votives, petits propriétaires,
fermiers, métayers, ouvriers des champs et de la ville : ceux-là
n'affectèrent pas autant que la haute bourgeoisie de choisir pour
eux-mêmes ou de donner à leurs enfants plusieurs noms étran-
gers. Ils restèrent plus fidèles aux habitudes de leurs ancêtres.
A Thignica, par exemple, les traces de beaucoup les plus fréquen-
tes de l'ancienne nomenclature et de l'ancienne onomastique se
retrouvent sur les ex-voto dédiés à Saturne par des adorateurs
de condition modeste. A Mactaris, à Masculula, à Sicca Veneria

(1) G. I. L., VIII, Suppl, p. 1224 et suiv., 1520-1523, 1554 et suiv., 1600 et
suiv.

(2) Id., ibid., p. 53-73; Suppl., p. 1201 et suiv.
 
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