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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0222

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208

LES GITES ROMAINES DE LA TUNISIE.

paraissent être venues de la Phrygie et de la Syrie ; celles-là,
au contraire, sont issues du sol africain lui-même. Si l'origine
pour ainsi dire géographique de toutes ces divinités semble
fort complexe, l'unité intrinsèque de la religion, dont elles
constituent les principaux éléments, n'est pas, à première vue,
moins douteuse. Qu'y a-t-il, en effet, de plus différent que,
d'une part, Apollon, Diane, Neptune, Tellus, symboles de forces
et de phénomènes naturels, et, d'autre part, la Concorde, la
Vertu, l'Honneur, personnifications de qualités morales, ou
encore la Louve et ses deux nourrissons, groupe mythique créé
pour perpétuer le souvenir d'une anecdote légendaire qui flat-
tait l'orgueil patriotique des Romains ?

Faut-il donc croire, en derriière analyse, que l'Afrique ait
été envahie, au début de l'ère chrétienne, par une foule de
cultes exotiques, sans rapports entre eux, sans communauté
d'origine? Faut-il croire que la religion n'ait été dans ce pays
qu'un mélange composite de mythes étrangers, au milieu des-
quels se seraient conservées à grand'peine quelques supersti-
tions locales? Dans cette poussière de dieux et de déesses,
n'est-il point possible de retrouver, de dégager une véritable
religion, populaire et nationale, héritage des ancêtres, religion
en apparence transformée, mais non détruite par la civilisation
romaine ? Est-il téméraire de chercher à pénétrer jusqu'au
cœur même de cette religion pour en bien déterminer le carac-
tère essentiel et pour en retracer l'histoire sous l'empire?

Il est tout d'abord facile de désagréger ce polythéisme, d'y
séparer les uns des autres plusieurs groupes homogènes de di-
vinités.

La religion officielle du monde romain, la religion d'empire,
se distingue nettement des autres cultes. Les traces en sont très
abondantes : deux dédicaces à la ville de Rome, Romae, Urbi Ro-
mae Aeternae Augustae, ont été trouvées, l'une dans les ruines de
Thubursicum Bure (1), l'autre à Mograwa , non loin des ruines
de Mactaris (2). Une inscription découverte en 1889, aux envi-
rons de Zaghouan, nous révèle l'existence et le nom d'un sa-
cerdos Urbis Romae Aeternae (3). Deux autres textes nous appren-
nent que les magistrats des petites cités africaines affirmaient

(1) C. 1. L., VIII, 1427.

(2) C. L LM VIII, Suppl., 11912.

(3) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1893, p. 189 (M. Gauckler, qui
a le premier publié cette inscription, en ignorait la provenance).
 
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