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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0252

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238

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

dérivée des rites funéraires observés en Orient. Au lieu de dé-
poser simplement le corps du défunt soit dans un grand vaisseau
en poterie, soit dans un sarcophage en pierre ou en plomb, soit
dans un cercueil en bois, soit même dans un loculus, les Afri-
cains l'enfermaient quelquefois dans une gangue de chaux vive
ou de chaux mélangée avec du plâtre (1). Le cadavre était pour
ainsi dire moulé; bien souvent, aujourd'hui, tandis qu'au
moindre contact les squelettes se brisent et se réduisent en
poussière, les blocs de chaux gardent encore, après plus de
quinze siècles, les empreintes des corps et des linceuls qui les
enveloppaient. Ici l'être matériel a été détruit ; il n'en reste
rien ou presque rien, mais la forme en a subsisté, fidèlement
conservée par ce moule artificiel.

Les peuples de race hellénique s'étaient fait de bonne heure
une idée toute différente de la mort et de la destinée future. Ils
n'avaient pas tardé à comprendre que le corps humain se dé-
compose rapidement, lorsque la vie ne l'anime plus, et que ce
n'est pas la partie matérielle de notre être qui survit. Ce qu'ils
considéraient comme immortel, c'est l'âme, la W6yr\. Le cadavre
restait dans la tombe ; seule, l'âme descendait aux Champs-
Elysées, où l'ombre du défunt conservait sa personnalité psy-
chologique et morale. Tandis que les Orientaux étaient préoc-
cupés d'assurer la conservation du corps lui-même et de sa
forme extérieure, les Grecs se souciaient avant tout de l'âme,
de l'ombre du défunt; ils brûlaient ses restes, mais ils n'ou-
bliaient jamais de placer dans la bouche du mort une obole des-
tinée au nocher des Enfers : toute âme qui ne pouvait pas
franchir le Styx était condamnée pour l'éternité à errer sur les
bords du fleuve infernal, sans jamais entrer dans le royaume de
Pluton, Il résulta de cette conception de la mort que l'incinéra-
tion devint rapidement générale en Grèce : si l'on inhumait
encore pendant la période dite mycénienne, dès l'époque homé-
rique la crémation était le rite funéraire le plus usuel. La
même coutume se répandit de bonne heure en Italie ; les tombes

(1) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1889, p. 110 et suiv.; ann. 1893,
p. 193 et suiv. (nécropole romaine d'Hadrumôte) ; — Ici., ann. 1890, p. 149 et
suiv.; ann. 1892, p. 69 et suiv. (nécropoles de Bulla regia); —Id., ann. 1892,
p. 140 et suiv. (nécropole romaine de Thaenae); — Archives des Missions,
3° série, t. XIII, p. 178, note 1 (nécropole d'Ammaedara) ; — Revue archéo-
logique, ann. 1888, 1er sern., p. 151 et suiv.; C. I. L., VIII, SuppL, p. 1301-
1302 (Cimetières des affranchis impériaux à Garthage) ; — Carton, Décou-
vertes épigraphiques et archéologiques..., p. 44 (environs d'Agbia).
 
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