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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0253

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LES COUTUMES FUNÉRAIRES. 239

à incinération sont nombreuses dans les nécropoles étrusques,
et l'on sait de quel respect étaient entourées dans chaque
famille romaine les urnes qui renfermaient des cendres des
aïeux.

L'incinération , on l'a vu plus haut (pag. 232-233), n'était
inconnue ni à Carthage ni dans les autres colonies phéniciennes
de Libye. Toutefois, au temps de la domination punique, l'inhu-
mation y était beaucoup plus fréquente. L'habitude de brûler
les cadavres et de déposer les ossements calcinés dans des vases
en terre cuite ou en plomb ne se répandit vraiment en Afrique
qu'après la conquête romaine. La présence d'une pièce de
monnaie dans les tombes africaines de l'époque impériale prouve
d'ailleurs que les habitants du pays ont emprunté cette coutume
à des peuples helléniques ou hellénisés, chez lesquels était née
ou avait été favorablement accueillie la légende de Gharon, le
nocher des Enfers.

Il n'est pas jusqu'au mobilier funéraire lui-même dont la
composition et le caractère n'aient été, dans une certaine me-
sure, déterminés par l'idée que les différents peuples se faisaient
de la mort. Chez les Phéniciens et les Carthaginois, comme
chez les Egyptiens, les objets de toutes sortes déposés dans les
tombes : aliments, bijoux, vases en poterie ou en métal, armes
et statuettes, étaient, si je puis m'exprimer ainsi, des objets
réels dont le mort pouvait et devait se servir : on enfermait par-
fois avec lui de véritables trésors. En agissant ainsi, les peuples
orientaux étaient logiques et conséquents avec eux-mêmes ;
puisqu'ils croyaient que l'existence matérielle de l'être humain
se prolongeait au delà du tombeau, il était de leur devoir de
mettre à la portée du défunt, au moment de la séparation su-
prême, tout ce qui lui avait été utile ici-bas, de lui assurer tout
le bien-être dont il avait joui, tout le luxe auquel il avait été
habitué pendant sa vie terrestre.

Au contraire, dans les pays où l'incinération se pratiquait
couramment, le mobilier funéraire était d'une nature toute dif-
férente. Il se composait surtout de poteries le plus souvent ba-
nales, d'une ou de deux lampes en terre cuite de forme commune
et très simplement décorées, de quelques aiguilles en os ou en
métal; quelquefois à ce mobilier très modeste étaient joints un
miroir ou une statuette. Dans la pensée des vivants, ces objets
n'étaient destinés à aucun usage pratique; ils ne devaient pas,
ils ne pouvaient pas servir aux défunts dont les restes avaient
été réduits en cendres, dont le corps n'existait plus. On ne les
 
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