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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0258

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244

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIË.

Des tombeaux du même type ont été récemment trouvés dans
la nécropole romaine d'Hadrumète et près d'Agbia (1). A Bu lia
regia, les grandes dalles de pierre qui supportent les caissons
sont quelquefois traversées par un conduit cylindrique, plus
rarement par un tube en terre cuite qui aboutit au sarco-
phage (2).

On ne saurait se méprendre sur le véritable caractère de ces
sépultures. Il est évident qu'en disposant à travers les dalles
des tombeaux de Bulla regia, comme dans la maçonnerie des
cippes de Garthage et d'Hadrumète, ces conduits ou ces tubes,
les vivants voulaient rester en communication constante avec
ceux qu'ils avaient perdus, non pas avec leur corps ou avec
leurs cendres, mais avec leur ombre dépouillée de toute enve-
loppe matérielle et passée désormais au rang des Dieux Mânes.
De telles sépultures n'étaient plus des demeures souterraines,
où les restes des morts devaient être et rester à l'abri de tout
sacrilège : les cippes étaient des autels, les mausolées étaient
de petits temples où l'on venait faire des libations en l'honneur
des défunts. C'est d'Italie que le culte des Dieux Mânes a passé
dans l'Afrique romaine ; avec ce culte s'y est introduite une
conception nouvelle des relations qui doivent exister entre les
vivants et les morts; les cippes de Garthage, d'Hadrumète et
d'Agbia, les tombeaux de Bulla regia qui viennent d'être décrits
sont comme les signes extérieurs et matériels de cette conception.

Quel que soit le point spécial sur lequel se porte le regard
pendant une excursion à travers les nécropoles romaines d'Afri-
que, ce qui frappe l'attention, c'est la présence simultanée et
contemporaine de coutumes funéraires très diverses, qui pro-
viennent surtout de deux sources différentes, et qui démontrent
l'existence de deux courants d'idées tout à fait distincts. Les
plus anciens habitants du pays inhumaient leurs morts dans
des cavernes naturelles ou dans des tombeaux mégalithiques ;
les colons phéniciens venus d'Orient apportèrent avec eux l'ha-
bitude d'enfouir profondément et de dissimuler le plus possible
les sépultures ; le souci dominant d'assurer la persistance après
la mort du corps humain ou de sa forme extérieure , et de
mettre à la portée du défunt tout ce qui lui avait été utile et
nécessaire pendant sa vie terrestre ; l'usage enfin d'ensevelir

(1) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1893, p. 193 et suiv ; Carton,
Découvertes....., p. 42-43, fig. 21.

(2) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1890, p. 15G-157.
 
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