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LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.
étrangers, surtout des Orientaux (1). Les blocs de marbre anti-
ques, retrouvés à Simitthu ou dans les environs, sont pour ainsi
dire signés, eux aussi, de noms évidemment grecs : Agatha,
Abascantus, Caliistus, Athenodorus, Alcetas (2). L'Orient était
d'ailleurs le principal et le plus abondant marché d'esclaves
qu'il y eût dans le monde romain.
Outre les fonctionnaires provinciaux, les colons, les affranchis
et les esclaves envoyés par Rome, d'autres étrangers habitaient,
sous l'empire, les provinces africaines. Ils y étaient venus spon-
tanément, attirés, sans doute, parla richesse naturelle du pays,
et par les avantages commerciaux qu'ils pensaient en retirer.
Ils s'étaient fixés, de préférence, sur la côte orientale, dans les
cités maritimes. A Cartilage et à Hadrumète vivaient certaine-
ment des Grecs, peut-être des Egyptiens, adorateurs de Sérapis,
clients et dupes des magiciens et des sorciers, qui gravaient sur
des lames de plomb, tantôt des formules d'incantation , entre-
mêlées de figures cabalistiques, tantôt des imprécations étranges
adressées aux divinités infernales (3).
Des colonies juives s'étaient fixées à Carthage et dans les cités
voisines. Le P. Delattre a reconnu le caractère israélite de la
curieuse nécropole du Dj. Kaoui, colline calcaire qui s'avance
dans la Méditerranée, au nord de la capitale africaine (4). Une
synagogue avait été construite à Naro, au pied du Dj. Bou
Kourneïn ; on en a retrouvé, il y a une dizaine d'années, près
du village moderne d'Hammam el Enf, le très curieux pavement
en mosaïque (5). Saint Augustin parle, dans une de ses lettres,
des Juifs établis à Oea, en Tripolitaine (6).
Il n'y avait donc pas , dans l'Afrique romaine, que des Afri-
cains. La présence d'étrangers, d'origine fort diverse, y est
* (1) C. /. L., VIII, Suppl., 12590 et suiv.
(2) C. 7. L., VIII, Suppl, 14561-14563, 14571-14576, 14589; Mélanges de
l'Ecole française de Pxome, t. XIII (ann. 1893), p 434, n° 16; p. 436, nos 30-
33 ; p. 448, n° 57.
(3) C. 7. L., VIII, Suppl., 12508-12511. Bulletin archéologique du Comité,
ann. 1893, p. 199-200. Collections du musée Alaoui, t. I, p. 57-68, 10i-108. (
(4) Les dimensions des chambres funéraires qui composent ce cimetière
sont exactement celles que le Talmud indique; le chandelier à sept branches
est fréquemment représenté sur les parois de ces hypogées ; quelques épi- I
taphes y sont rédigées et écrites en hébreu.
(5) C. 7. L., VIII, Suppl., 12457. Revue archéologique, ann. 1883, 1er sem.,
p. 157 et suiv.; ann. 1884, 1er sem., p. 273, pl. vu, vin.
{6) Saint Augustin, lettre 71 (Ed. Migne, Patrologiae cursus completus,
séries latina, t. XXXIII, p. 242).
LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.
étrangers, surtout des Orientaux (1). Les blocs de marbre anti-
ques, retrouvés à Simitthu ou dans les environs, sont pour ainsi
dire signés, eux aussi, de noms évidemment grecs : Agatha,
Abascantus, Caliistus, Athenodorus, Alcetas (2). L'Orient était
d'ailleurs le principal et le plus abondant marché d'esclaves
qu'il y eût dans le monde romain.
Outre les fonctionnaires provinciaux, les colons, les affranchis
et les esclaves envoyés par Rome, d'autres étrangers habitaient,
sous l'empire, les provinces africaines. Ils y étaient venus spon-
tanément, attirés, sans doute, parla richesse naturelle du pays,
et par les avantages commerciaux qu'ils pensaient en retirer.
Ils s'étaient fixés, de préférence, sur la côte orientale, dans les
cités maritimes. A Cartilage et à Hadrumète vivaient certaine-
ment des Grecs, peut-être des Egyptiens, adorateurs de Sérapis,
clients et dupes des magiciens et des sorciers, qui gravaient sur
des lames de plomb, tantôt des formules d'incantation , entre-
mêlées de figures cabalistiques, tantôt des imprécations étranges
adressées aux divinités infernales (3).
Des colonies juives s'étaient fixées à Carthage et dans les cités
voisines. Le P. Delattre a reconnu le caractère israélite de la
curieuse nécropole du Dj. Kaoui, colline calcaire qui s'avance
dans la Méditerranée, au nord de la capitale africaine (4). Une
synagogue avait été construite à Naro, au pied du Dj. Bou
Kourneïn ; on en a retrouvé, il y a une dizaine d'années, près
du village moderne d'Hammam el Enf, le très curieux pavement
en mosaïque (5). Saint Augustin parle, dans une de ses lettres,
des Juifs établis à Oea, en Tripolitaine (6).
Il n'y avait donc pas , dans l'Afrique romaine, que des Afri-
cains. La présence d'étrangers, d'origine fort diverse, y est
* (1) C. /. L., VIII, Suppl., 12590 et suiv.
(2) C. 7. L., VIII, Suppl, 14561-14563, 14571-14576, 14589; Mélanges de
l'Ecole française de Pxome, t. XIII (ann. 1893), p 434, n° 16; p. 436, nos 30-
33 ; p. 448, n° 57.
(3) C. 7. L., VIII, Suppl., 12508-12511. Bulletin archéologique du Comité,
ann. 1893, p. 199-200. Collections du musée Alaoui, t. I, p. 57-68, 10i-108. (
(4) Les dimensions des chambres funéraires qui composent ce cimetière
sont exactement celles que le Talmud indique; le chandelier à sept branches
est fréquemment représenté sur les parois de ces hypogées ; quelques épi- I
taphes y sont rédigées et écrites en hébreu.
(5) C. 7. L., VIII, Suppl., 12457. Revue archéologique, ann. 1883, 1er sem.,
p. 157 et suiv.; ann. 1884, 1er sem., p. 273, pl. vu, vin.
{6) Saint Augustin, lettre 71 (Ed. Migne, Patrologiae cursus completus,
séries latina, t. XXXIII, p. 242).