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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0283

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LES AFRICAINS CHEZ EUX ET HORS DE CHEZ EUX. 269

Voilà, je crois, tout ce que les documents nous apprennent
sur la vie privée et publique, sur l'existence quotidienne des
Africains restés dans leur patrie. On serait tenté de prendre ces
provinciaux pour des colons immigrés. Rien de ce qui se passe
autour d'eux n'est original; les fêtes auxquelles ils assistent,
les spectacles qu'ils aiment, l'instruction qui leur est donnée,
tout cela a été importé chez eux. Ils ne sont ni des artistes, ni
des industriels, ni des lettrés ; ils ne cherchent même pas à
l'être, soit que la nature de leur esprit les en détourne, soit
qu'ils aient conscience de leur impuissance et de leur incapacité.
La plupart d'entre eux se consacrent à la culture de la terre qui
les a engendrés ; devenus riches, ils emploient leur fortune à
embellir leur ville natale. Leur idéal est d'être les premiers
dans leur patrie, les premiers par la richesse et par les hon-
neurs; ils n'ont soif ni de gloire, ni d'originalité.

Mais d'autres Africains, dont l'humeur était plus vagabonde,
ou dont l'ambition se serait crue étouffée entre les murs d'une
modeste cité provinciale, dédaignaient les fonctions et les hon-
neurs municipaux pour s'élancer sur un plus vaste terrain.
Après avoir étudié ou terminé leurs études dans les écoles de
Carthage, quelques jeunes gens de bonne famille abordaient
les carrières d'empire. Ils appartenaient rarement à l'ordre
sénatorial. Les documents épigraphiques mentionnent peu
de clarissimi qui aient été fonctionnaires de l'administration
centrale; je citerai M. Aurelius Seranus de Neapolis, et G. Ju-
nius Faustinus Postumianus, né dans un vaste domaine voisin
d'Ammaedara (1).

Xes Africains, dont nous connaissons exactement le cursus
honorum, étaient en général des chevaliers ; ils entraient d'abord
dans l'armée, où ils devenaient soit tribuns légionnaires, soit
préfets de cavalerie; puis ils exerçaient différentèsprocuratèles
financières et administratives : tels, par exemple, L. Egnatuleius
Sabinus, de Thysdrus (2), G. Sextius Martialis, de Mactaris (3),
Q. Julius Maximus Demetrianus, de Zama minor (4). Le bien-
faiteur de Sicca Veneria, P. Licinius Papirianus, avait proba-
blement parcouru les mêmes étapes avant d'être nommé procu-



(1) C. I. L., VIII, 971; 597 et Suppl, 11763.

(2) Jd., ibid., 10500.

(3) Icî., ibid., Suppl, 11813.

(4) Jet, ibid., Suppl., 12020.
 
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