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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0316

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302 LES CITES ROMAINES DE LA TUNISIE.

Strabon, des montagnes et des déserts; quelques peuplades
nomades erraient avec leurs troupeaux dans les steppes infé-
condes voisines du lac Triton; seuls, de rares postes fortifiés y
commandaient de loin en loin les voies militaires dont le gou-
vernement impérial avait entrepris la construction.

Deux siècles plus tard, dans le nord de la province, toute
trace des ruines passées avait disparu; les anciennes cités, en-
richies par l'agriculture et le commerce, s'étaient de nouveau
développées et épanouies; au sud, la vie urbaine avait gagné de
jour en jour des régions nouvelles ; la nature du sol et le cli-
mat, mieux connus, avaient été amendés ; sur la terre fécondée
par le travail des hommes, des villes avaient germé peu à peu;
au début du troisième siècle, Ammaedara, Thelepte, Sufetula,
Gillium et Gapsa rivalisaient de splendeur avec les ports les
plus actifs.

Dans l'histoire municipale delà Proconsulaire sous l'empire,
il faut donc reconnaître deux évolutions réellement distinctes
par leur nature, bien que le développement en ait été parallèle
et à peu près contemporain. Ici, Rome répare elle-même le mal
qu'elle a fait ou dont elle est surtout responsable; les antiques
colonies phéniciennes et les villes fondées par Massinissa re-
prennent leur essor. Là, au contraire, Rome fait vraiment œu-
vre créatrice : sous son impulsion, l'homme conquiert, au sens
le plus élevé du mot, de vastes étendues. Le gouvernement im-
périal ne se contente pas de prendre matériellement possession
du pays ; il en invite les habitants à dompter, à civiliser la terre
elle-même ; aux pasteurs oisifs qui se déplaçaient sans cesse à
la surface des steppes, se substituent bientôt des agriculteurs,
qui fouillent les entrailles du sol, qui enfoncent jusqu'aux nap-
pes d'eau souterraines les racines noueuses des oliviers, qui
fixent entre les rochers des coteaux les ceps tordus de la vigne.
Les richesses et la prospérité jaillissent de cette glèbe restée
longtemps inféconde : elles se condensent et se cristallisent
dans les cités.

Une telle métamorphose ne s'accomplit pas en quelques jours,
ni même en quelques années ; elle ne peut être le fruit que
d'efforts continus et progressifs. Or, une double condition est
indispensable à ces labeurs prolongés, qui se poursuivent de
génération en génération : cette double condition, c'est la paix
et la sécurité; toutes deux sont nécessaires pour inspirer au
travailleur l'amour de son œuvre et la confiance dans l'avenir.
 
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