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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0326

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312

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

tout égoïsme personnel ou national. A Cartilage comme à Co-
rinthe, il ne retint du passé que le souvenir de la prospérité et
de la richesse qui s'étaient épanouies pendant de longs siècles
sur ces rivages, déserts de son temps; il pensa surtout à l'ave-
nir; il vit clairement qu'il y avait là une situation naturelle et
des forces économiques que les rancunes et la haine rendaient
infécondes ; il résolut d'en tirer parti et de les mettre en œuvre.
Il envoya à Carthage une colonie, dont après sa mort le triumvir
Lépide compromit le succès, sans doute en enrôlant sous ses
drapeaux la plupart des anciens colons. Auguste répara le mal
causé par cette dépopulation inopportune, et ce fut lui qui fonda
vraiment la Carthage romaine (1).

L'acte de César était si peu en harmonie avec la politique
séculaire du sénat romain, que les contemporains du dictateur
en attribuèrent l'inspiration à la divinité elle-même ; ils racon-
tèrent que l'idée de relever Carthage et Corinthe était venue à
César pendant un songe (2).

Quoi qu'il en soit, Auguste et ses successeurs suivirent cet
exemple. Sous le gouvernement impérial, les provinciaux cessè-
rent d'être pressurés et tyrannisés par des gouverneurs sans
scrupules; du moins leur voix put se faire entendre, et leurs
réclamations ne restèrent pas toujours vaines. Les nouveaux
territoires, sur lesquels s'étendait la domination romaine, ne
furent plus considérés ni traités uniquement comme les dé-
pouilles des peuples vaincus, leurs habitants comme des enne-
mis à punir ou comme des amis à récompenser et à surveiller.
Le sol devint, à des conditions variées, partie intégrante de
l'empire ; les êtres humains furent appelés , sous des noms
divers et avec des droits différents, les uns immédiatement, les
autres plus tard, à entrer dans la cité romaine. La vie fut ré-
veillée partout où la guerre avait semé la mort; elle fut éveillée
dans maintes régions nouvelles. En tout lieu, comme à Car-
thage, on se préoccupa d'exploiter sagement et avec énergie les
ressources et les avantages naturels. Evidemment, c'était sur-
tout au profit de Rome que des colonnes d'Hercule aux rives de
l'Euphrate, et des sables du désert aux confins de la Germanie,
la richesse sortait de tous les sillons ; mais il en demeurait
assez entre les mains de ceux qui travaillaient la glèbe féconde,

(î) Dion Cassius, LU, 43 : « xou tyjv Kocpx7]ôova sTrocTrcoxiasv, ôti ô Aéttiôoç [ié-

pOÇ Tl aUTTjç Y]pY][AtùXEl, >0U Ô'.à TOUTO Ta ÔtXaiOC %YIQ à7TOtXtaç (JCpCÛV XsXuXEVat £ÔOX£l. »

(2) Appien, Punie, 137.
 
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