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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0382

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368 LES CITES ROMAINES DE LA TUNISIE.

agresseurs venus du Sud ou de l'Ouest, soit troublée par des
jacqueries et des émeutes sans cesse renaissantes. Rien de tel
n'apparaît ni dans les documents épigraphiques ni dans.les
textes des auteurs (1). Mais la Numidie et la Maurétanie césa-
rienne furent le théâtre de plusieurs soulèvements fort graves.
Vers 253, les cités romaines voisines de Cirta furent saccagées,
sans que l'on sache exactement d'où venait l'invasion ; en 258
ou 259, les Babari et les Quinquegentanei, tribus berbères
descendues des montagnes de la Grande Kabylie, pénétrèrent
jusqu'au cœur de la Numidie, à quelques milles romains de la
capitale de cette province; battues d'abord à Milevum (Mila),
puis dans les environs de Sitifis, elles furent définitivement re-
foulées dans le Djurdjura (2). Plus tard, vers 280, la peuplade
germanique des Francs ravagea peut-être les côtes d'Afrique (3).
Sans atteindre directement les villes et les campagnes de la
Proconsulaire, ces événements contribuèrent à entretenir chez
tous les habitants, avec le souvenir des maux qu'ils avaient
soufferts en 238, les craintes les plus vives pour l'avenir.

A ces dangers, plutôt extérieurs et menaçants que présents
et réels, vinrent s'ajouter, pour anéantir la confiance et les
longs espoirs, les perpétuelles vicissitudes du gouvernement
impérial. Tantôt c'était un proconsul d'Afrique qui se révoltait,
comme en 240 ce Sabinianus, que Gordien III fit écraser par le
procurateur de Maurétanie (4) ; tantôt même c'était un préten-
dant obscur qui se laissait revêtir du manteau sacré de la. Dea
Gaelestis, et qui périssait quelques jours plus tard d'une mort
violente ; tel cet ancien tribun militaire, Gelsus, salué empereur
sous Gallien par Vibius Passienus, proconsul d'Afrique, tué
après une semaine de règne, dont le corps fut dévoré par des
chiens et que l'on crucifia en effigie (5). Instruits par une expé-
rience cruelle, les Africains pouvaient toujours redouter le ter-
rible châtiment que leur avait infligé Capellien ; ils ne savaient
qu'attendre de l'empereur qui régnait en Orient, en Italie ou
sur le Danube ; ils ignoraient, comme tout le monde alors dans
l'empire, si le maître du jour devait être le prince du lende-
main. La sécurité de leurs personnes et de leurs biens était

(1) Voir plus haut, liv. III, chap. i, p. 303 et suiv.

(2) R. Cagnat, L'Armée romaine d'Afrique et Voccupation militaire de
VAfrique sous les empereurs, p. 56-57.

(3) . Goyau, Chronologie de Vempire romain, ann. 280, p. 333.

(4) Capitolin, Gord., 23.

(5) Tr. Pollion, Tyranni triginta, 29.
 
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