[ BRODERIE ] — 84 —
« .1. jor fist es chambres son père,
« Une eslole et .j. amit père '
« De soie et d'or mol soutilmeni,
« Si i fait ententeument '
« Mainte croisete et mainte estoile 3. »
Bien avant cette époque, nous voyons que l'impératrice Judith,
mère de Charles le Chauve, passait pour une habile brodeuse : « En
826, quand Heriold, roi de Danemark, vint se faire baptiser à Igel-
heim avec toute sa famille, cette princesse, qui tint la reine sur les
fonts, lui fit don d'une robe de sa façon, relevée d'or et de pierres
précieuses *. » Mais c'était dans la confection des menus ouvrages,
tels que lacs, écharpes, manches s, ceintures, que les dames excel-
laient. Parfois même elles entremêlaient de leurs cheveux dans les
broderies de ces précieuses parures :
« Et sor le destre brac li pent
« Une mance tote de soie ;
« Jamais en quel lieu que je soie,
« N'orrai parler d'une plus riche.
« Près del poing li ferme .j. afiche 6
« Massice d'or, à .ij. lupars T.
(i Dedens, de fors, de toutes pars,
« Ot flors de glai 8 de fil d'or faites
« Et s'ot letres enlor portraites
« D'un chevels si fins et sors,
« Tôt pert estre .j. chevels et ors
« Et de biauté et de color
« Et en la letre et en la flor.
« Tel l'ot faite de chief en chief,
« Celé qui ot le plus biau chief,
« La fille au riche roi de Perse ;
« N'avoit mie la face perse,
« Ains est bêle et de gent ator,
« Ce dient les letres d'enlor,
« Qu'cle ot faites por son ami.
« Ne li ot pas doné demi
« Son cuer ; mais tôt l'a pris la France ®. »
1 Père pour pare, c'est-à-dire, brava.
2 Avec entente, intelligence.
3 Roman de la violette, vers 2299 et suiv. (xmc siècle).
* Voyez Recherches sur les étoffes de soie, d'or et d'argent pendant le moyen âge,
par M. Francisque Michel. Paris, 1854.
5 Les dames donnaient souvent, comme signe d'affection à leur ami, une manche
brodée que celui-ci portait en souvenir de sa belle.
6 Agrafe. .
7 Léopards.
8 Glaïeul.
9 Roman de l'escouffle, mss, Je l'Arsenal,
« .1. jor fist es chambres son père,
« Une eslole et .j. amit père '
« De soie et d'or mol soutilmeni,
« Si i fait ententeument '
« Mainte croisete et mainte estoile 3. »
Bien avant cette époque, nous voyons que l'impératrice Judith,
mère de Charles le Chauve, passait pour une habile brodeuse : « En
826, quand Heriold, roi de Danemark, vint se faire baptiser à Igel-
heim avec toute sa famille, cette princesse, qui tint la reine sur les
fonts, lui fit don d'une robe de sa façon, relevée d'or et de pierres
précieuses *. » Mais c'était dans la confection des menus ouvrages,
tels que lacs, écharpes, manches s, ceintures, que les dames excel-
laient. Parfois même elles entremêlaient de leurs cheveux dans les
broderies de ces précieuses parures :
« Et sor le destre brac li pent
« Une mance tote de soie ;
« Jamais en quel lieu que je soie,
« N'orrai parler d'une plus riche.
« Près del poing li ferme .j. afiche 6
« Massice d'or, à .ij. lupars T.
(i Dedens, de fors, de toutes pars,
« Ot flors de glai 8 de fil d'or faites
« Et s'ot letres enlor portraites
« D'un chevels si fins et sors,
« Tôt pert estre .j. chevels et ors
« Et de biauté et de color
« Et en la letre et en la flor.
« Tel l'ot faite de chief en chief,
« Celé qui ot le plus biau chief,
« La fille au riche roi de Perse ;
« N'avoit mie la face perse,
« Ains est bêle et de gent ator,
« Ce dient les letres d'enlor,
« Qu'cle ot faites por son ami.
« Ne li ot pas doné demi
« Son cuer ; mais tôt l'a pris la France ®. »
1 Père pour pare, c'est-à-dire, brava.
2 Avec entente, intelligence.
3 Roman de la violette, vers 2299 et suiv. (xmc siècle).
* Voyez Recherches sur les étoffes de soie, d'or et d'argent pendant le moyen âge,
par M. Francisque Michel. Paris, 1854.
5 Les dames donnaient souvent, comme signe d'affection à leur ami, une manche
brodée que celui-ci portait en souvenir de sa belle.
6 Agrafe. .
7 Léopards.
8 Glaïeul.
9 Roman de l'escouffle, mss, Je l'Arsenal,