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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 6) — Paris, 1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.1318#0374
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3(5/l TACTIQUE DES ARMÉES FRANÇAISES

Les armées du moyen âge possédaient une tactique, conséquence
de la composition des troupes et de l'armement. Et la preuve la
plus évidente qu'ils possédaient une tactique, c'est que les victoires
ne sont pas tant acquises par le nombre que par l'ordre de bataille,
exactement comme de nos jours. D'ailleurs, les traditions romaines
n'avaient pas été entièrement perdues, et les barbares qui enva-
hirent le sol gallo-romain étaient, la plupart, alliés de l'empire,
prétendaient même opérer en son nom, avaient parfois combattu
comme auxiliaires sous les aigles romaines.

11 n'y a aucune raison de croire que l'ordre de bataille des Ro-
mains n'ait pas été conservé sous les Mérovingiens, au moins dans
quelques-unes de ses parties essentielles; puisque les barbares ne
prétendaient à autre chose qu'à se substituer à l'autorité impériale
en conservant l'administration romaine, qu'ils s'étaient instruits à
l'école des armées romaines, et se paraient encore des titres donnés
par l'empire.

Les Visigoths construisaient des remparts exactement semblables
à ceux qu'élevait le Bas-Empire, et se flattaient de supplanter en tout
la puissance romaine.

Aétius, allant combattre Attila, « avait dans son armée, des Francs,
« des Sarmales, des Armoricains, des Litiens, des Burgorides, des
« Saxons, des Ripuaires, des Ibrions, jadis soldats de l'empire, mais
« alors appelés seulement comme auxiliaires, et quelques autres
« nations celtiques et germaniques '. »

Végèce établit la différence qui existait entre les légions et les
troupes auxiliaires; et bien qu'il accorde aux premières une grande
supériorité sur les secondes, il ne considère pas celles-ci comme étant
sans valeur. «Cependant, dit-il2, ces troupes étrangères ne laissent
« pas de devenir d'un grand secours, à force d'exercices bien mon-
« tris. On les joignit toujours aux légions dans les batailles comme
« troupes légères; et si elles ne firent jamais la principale force des
« armées, on les comptait du moins pour un renfort utile, » Or, ces
troupes auxiliaires, les Bomains les avaient recrutées partout, et
avaient ainsi peu à peu fait pénétrer la tactique romaine chez toutes
les nations. Pendant le Bas-Empire, les légions elles-mêmes étaient
formées de soldats fournis parles barbares alliés ou prétendus alliés.
L'empire instruisait ainsi dans l'art de la guerre ceux-là mêmes
qui allaient tourner leurs armes contre sa puissance.

1 Jormmdès, Histoire âei C.ntlta, cajt. xxwi.
- l.ih. Il, eap. ii.
 
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