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tain va décider de son sort et de celui du
monde, il ne voit que Cléopâlre, il ne songe
qu'à la suivie ; et sans faire aucunes dispositions,
sans donner aucuns ordres , il laisse toutes ses
forces de terre et de nier sous le commande-
ment de ses lieutenants, qui agissent chacun à
sou gré, faute de s'être concertés. Pour lui, il
se précipite sur un vaisseau, meilleur voilier que
le sien, pour rejoindre plus promptement la reine,
et devient le déserteur de sa propre cause et
de son armée. Cette lâcheté irrite Cléopâlre ;
mais les deux amants se raccommodent à Té-
nare, d'où ils gagnent l'Egypte, espérant à peine
pouvoir s'y maintenir. Ce mélange de grandeur
d'ame et de la plus étrange insouciance se re-
trouve dans la conduite d'Antoine pendant la
dernière année de sa vie. Nul plau arrêté pour
sa défense , ou pour opérer sa retraite ; aucunes
négociations entamées. Les chefs ahandonnés
1' abandonnent à leur tour. Ceux qui lui sont
restés fidèles cèdent enfin à sa mauvaise fortune,
et embrassent le parti du vainqueur. Ces défec-
tions l'exaspèrent; il s'éloigne de la cour et des
affaires, et fait construire sur le rivage de la mer
une maison isolée, qu'il appelle Timoniuni, du
nom de ce misanthrope athénien, qui, blessé de
l'ingratitude des hommes, faisoit profession de
les haïr. Tantôt il se rapproche de Cléopâtre,
tantôt il la soupçonne de mauvaise foi. A l'ar-
rivée d'Octave, sou ardeur guerrière semble se
réveiller un moment, et il paroh se ressouve-
tain va décider de son sort et de celui du
monde, il ne voit que Cléopâlre, il ne songe
qu'à la suivie ; et sans faire aucunes dispositions,
sans donner aucuns ordres , il laisse toutes ses
forces de terre et de nier sous le commande-
ment de ses lieutenants, qui agissent chacun à
sou gré, faute de s'être concertés. Pour lui, il
se précipite sur un vaisseau, meilleur voilier que
le sien, pour rejoindre plus promptement la reine,
et devient le déserteur de sa propre cause et
de son armée. Cette lâcheté irrite Cléopâlre ;
mais les deux amants se raccommodent à Té-
nare, d'où ils gagnent l'Egypte, espérant à peine
pouvoir s'y maintenir. Ce mélange de grandeur
d'ame et de la plus étrange insouciance se re-
trouve dans la conduite d'Antoine pendant la
dernière année de sa vie. Nul plau arrêté pour
sa défense , ou pour opérer sa retraite ; aucunes
négociations entamées. Les chefs ahandonnés
1' abandonnent à leur tour. Ceux qui lui sont
restés fidèles cèdent enfin à sa mauvaise fortune,
et embrassent le parti du vainqueur. Ces défec-
tions l'exaspèrent; il s'éloigne de la cour et des
affaires, et fait construire sur le rivage de la mer
une maison isolée, qu'il appelle Timoniuni, du
nom de ce misanthrope athénien, qui, blessé de
l'ingratitude des hommes, faisoit profession de
les haïr. Tantôt il se rapproche de Cléopâtre,
tantôt il la soupçonne de mauvaise foi. A l'ar-
rivée d'Octave, sou ardeur guerrière semble se
réveiller un moment, et il paroh se ressouve-