292 ESSAI SUR LES GUERRES
Il épousa la célèbre et malheureuse Marie Stuart ,
reine d’Ecosse, que sa beauté et sa faiblesse condui-
sirent à de grandes fautes , à de plus grands malheurs,
et enfin à une mort déplorable. Elle était maîtressç
absolue de son jeune époux , prince de dix-huit ans,
sans vices et sans vertus, né avec un corps délicat
et un esprit faible.
Incapable de gouverner par elle-même, elle se
livra sans réserve au duc de Guife, frère de sa mère.
Il inssuait sur l’esprit du roi par son moyen , et jetait
par-là les fondemens de la grandeur de sa propre
maison. Ce fut dans ce temps que Catherine de Médicis,
veuve du feu roi et mère du roi régnant, laissa échap-
per les premières étincelles de son ambition , qu’elle
avait habilement étouffée pendant la vie de Henri IL
Mais se voyant incapable de l’emporter sur l’esprit de
son fils et sur une jeune princesse qu’il aimait passion-
nément, elle crut qu’il lui était plus avantageux
d’être pendant quelque temps leur insiniment, et de
se servir de leur pouvoir pour établir son autorité ,
que de s’y opposer inutilement. Ainsi les Guifes
gouvernaient le roi et les deux reines. Maîtres de
la cour, ils devinrent les maîtres de tout le royaume :
l’un en France est toujours une suite nécelsaire de
l’autre.
La maison de Bourbon gémissait sous l’oppression
de la maison de Lorraine ; et Antoine, roi de Navarre,
soussrit tranquillement plusieurs affronts d’une dan-
gereuse conséquence. Le prince de Condé son frère,
encore plus indignement traité , tâcha de secouer le
joug, et s’associa pour ce grand dessein à l’amiral
de Coligni, chef <de la maison de Châtillon. La cour
Il épousa la célèbre et malheureuse Marie Stuart ,
reine d’Ecosse, que sa beauté et sa faiblesse condui-
sirent à de grandes fautes , à de plus grands malheurs,
et enfin à une mort déplorable. Elle était maîtressç
absolue de son jeune époux , prince de dix-huit ans,
sans vices et sans vertus, né avec un corps délicat
et un esprit faible.
Incapable de gouverner par elle-même, elle se
livra sans réserve au duc de Guife, frère de sa mère.
Il inssuait sur l’esprit du roi par son moyen , et jetait
par-là les fondemens de la grandeur de sa propre
maison. Ce fut dans ce temps que Catherine de Médicis,
veuve du feu roi et mère du roi régnant, laissa échap-
per les premières étincelles de son ambition , qu’elle
avait habilement étouffée pendant la vie de Henri IL
Mais se voyant incapable de l’emporter sur l’esprit de
son fils et sur une jeune princesse qu’il aimait passion-
nément, elle crut qu’il lui était plus avantageux
d’être pendant quelque temps leur insiniment, et de
se servir de leur pouvoir pour établir son autorité ,
que de s’y opposer inutilement. Ainsi les Guifes
gouvernaient le roi et les deux reines. Maîtres de
la cour, ils devinrent les maîtres de tout le royaume :
l’un en France est toujours une suite nécelsaire de
l’autre.
La maison de Bourbon gémissait sous l’oppression
de la maison de Lorraine ; et Antoine, roi de Navarre,
soussrit tranquillement plusieurs affronts d’une dan-
gereuse conséquence. Le prince de Condé son frère,
encore plus indignement traité , tâcha de secouer le
joug, et s’associa pour ce grand dessein à l’amiral
de Coligni, chef <de la maison de Châtillon. La cour