CIVILES DE FRANCE. 311
Le duc d’Epcrnon et quelques autres quittèrent
l'armée , alléguant qu’ils étaient trop bons catho-
liques pour prendre les armes en faveur d’un roi qui
n’allait point à la mésié. Ils espéraient secrètement
que le renversement du royaume , l’objet de leurs
désirs et de leur espérance , leur donnerait occasion
de se rendre souverains dans leur pays.
Cependant le meurtre de Clément fut approuvé
à Rome et adoré à Paris. La sainte ligue reconnut
pour son roi le cardinal de Bourbon, vieux prêtre,
oncle de Henri IV, pour faire voir au monde que ce
n’était pas lamaison de Bourbon, mais les hérétiques*
que sa haine poursuivait,
Ainsi le duc de Mayenne fut allez sage pour ne pas
usurper le titre de roi ; et cependant il s’empara de
toute l’autorité royale, pendant que le malheureux
cardinal de Bourbon , appelé roi par la ligue , fut
gardé prisonnier par Henri IV le reste de sa vie , qui
dura encore deux ans. La ligue , plus appuyée que
jamais par le pape, secourue desEspagnols, et forte
par elle-même , était parvenue au plus haut point
de sa grandeur , et fesait sentir à Henri IV cette
haine que le faux zèle inspire , et ce mépris que
font naître les heureux succès.
Henri avait peu d'amis, peu de places importantes ,
point d’argent et une petite armée ; mais son cou-
rage , son activité , sa politique suppléaient à tout
ce qui lui manquait. Il gagna plusieurs batailles , et
entr’autres, celle d.’Ivry sur le duc de Mayenne , une
des plus remarquables qui ait jamais été donnée.
Les deux généraux montrèrent dans ce jour toute
leur capacité, et les soldats tout leur courage. Il y
Le duc d’Epcrnon et quelques autres quittèrent
l'armée , alléguant qu’ils étaient trop bons catho-
liques pour prendre les armes en faveur d’un roi qui
n’allait point à la mésié. Ils espéraient secrètement
que le renversement du royaume , l’objet de leurs
désirs et de leur espérance , leur donnerait occasion
de se rendre souverains dans leur pays.
Cependant le meurtre de Clément fut approuvé
à Rome et adoré à Paris. La sainte ligue reconnut
pour son roi le cardinal de Bourbon, vieux prêtre,
oncle de Henri IV, pour faire voir au monde que ce
n’était pas lamaison de Bourbon, mais les hérétiques*
que sa haine poursuivait,
Ainsi le duc de Mayenne fut allez sage pour ne pas
usurper le titre de roi ; et cependant il s’empara de
toute l’autorité royale, pendant que le malheureux
cardinal de Bourbon , appelé roi par la ligue , fut
gardé prisonnier par Henri IV le reste de sa vie , qui
dura encore deux ans. La ligue , plus appuyée que
jamais par le pape, secourue desEspagnols, et forte
par elle-même , était parvenue au plus haut point
de sa grandeur , et fesait sentir à Henri IV cette
haine que le faux zèle inspire , et ce mépris que
font naître les heureux succès.
Henri avait peu d'amis, peu de places importantes ,
point d’argent et une petite armée ; mais son cou-
rage , son activité , sa politique suppléaient à tout
ce qui lui manquait. Il gagna plusieurs batailles , et
entr’autres, celle d.’Ivry sur le duc de Mayenne , une
des plus remarquables qui ait jamais été donnée.
Les deux généraux montrèrent dans ce jour toute
leur capacité, et les soldats tout leur courage. Il y