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MILTON.
point d’église qui pût se vanter de compter Milton
pour un de ses membres. Mais il ne garda point cette
neutralité dans les guerres civiles du roi et du parle-
ment. Il fut un des plus ardens ennemis de l’infortuné
roi Charles I. Il entra même assez avant dans la faveur
de Cromwell et par une fatalité qui n’est que trop
commune , ce zélé républicain fut le serviteur d’un
tyran. Il fut secrétaire & Olivier Cromwell, de Richard
Cromwell, et du parlement qui dura jusqu’au temps
de la restauration. Les Anglais employèrent sa plume
pour justifier la mort de leur roi, et pour répondre au
livre que Charles II avait fait écrire par Saumaije au
sujet de cet événement tragique. Jamais cause ne fut
plus belle et ne fut si mal plaidée de part et d’autre.
Saumaije défendit en pédant le parti d’un roi mort sur
l’échafaud , d’une famille royale errante dans l’Eu-
rope, et de tous les rois même de l’Europe, intéressés
dans cette querelle. Milton soutint en mauvais décla-
mateur la cause d’un peuple victorieux,qui se vantait
d’avoir jugé son prince sélon les lois. La mémoire de
cette révolution étrange ne périra jamais chez les
hommes , et les livres de Saumaije et de Milton sont
déjàensevelis dans l’oubli. Milton, que les Anglais
regardent aujourd’hui comme un poète divin , était
un très-mauvais écrivain en prose.
Il avait cinquante - deux ans lorsque la famille
royale fut rétablie. Il fut compris dans l’amnistie que
Charles II donna aux ennemis de son père ; mais il fut
déclaré, par l’acte même d’amnistie , incapable de
posséder aucune charge dans le royaume. Ce fut alors
qu'il commença son poème épique , à l’âge où Virgile
avait fini le sien. A peine avait-il mis la main à cet
MILTON.
point d’église qui pût se vanter de compter Milton
pour un de ses membres. Mais il ne garda point cette
neutralité dans les guerres civiles du roi et du parle-
ment. Il fut un des plus ardens ennemis de l’infortuné
roi Charles I. Il entra même assez avant dans la faveur
de Cromwell et par une fatalité qui n’est que trop
commune , ce zélé républicain fut le serviteur d’un
tyran. Il fut secrétaire & Olivier Cromwell, de Richard
Cromwell, et du parlement qui dura jusqu’au temps
de la restauration. Les Anglais employèrent sa plume
pour justifier la mort de leur roi, et pour répondre au
livre que Charles II avait fait écrire par Saumaije au
sujet de cet événement tragique. Jamais cause ne fut
plus belle et ne fut si mal plaidée de part et d’autre.
Saumaije défendit en pédant le parti d’un roi mort sur
l’échafaud , d’une famille royale errante dans l’Eu-
rope, et de tous les rois même de l’Europe, intéressés
dans cette querelle. Milton soutint en mauvais décla-
mateur la cause d’un peuple victorieux,qui se vantait
d’avoir jugé son prince sélon les lois. La mémoire de
cette révolution étrange ne périra jamais chez les
hommes , et les livres de Saumaije et de Milton sont
déjàensevelis dans l’oubli. Milton, que les Anglais
regardent aujourd’hui comme un poète divin , était
un très-mauvais écrivain en prose.
Il avait cinquante - deux ans lorsque la famille
royale fut rétablie. Il fut compris dans l’amnistie que
Charles II donna aux ennemis de son père ; mais il fut
déclaré, par l’acte même d’amnistie , incapable de
posséder aucune charge dans le royaume. Ce fut alors
qu'il commença son poème épique , à l’âge où Virgile
avait fini le sien. A peine avait-il mis la main à cet