416 M I L T O N.
Les Italiens s’accommodent assez des saints, et les
Anglais ont donné beaucoup de réputation au diable;
mais bien des idées qui seraient sublimes pour eux
ne nous paraîtraient qu’extravagantes. Je me souviens
que lorsque je consultai il y a plus de douze ans sur
ma Henriadefeu M. Malezieux , homme qui joignait
une grande imagination à une littérature immense ,
il me dit: ,, Vous entreprenez un ouvrage qui n’est
,, pas fait pour notre nation ; les Français n ont pas la
,, tête epique. ,, Ce furent ses propres paroles ; et il
ajouta: ,, Quand vous écririez aussi-bien que
,, meilleurs Racine et Dejpréaux, ce sera beaucoup
,, si on vous lit. ,,
C’est pour me conformer à ce génie sage et exact,
qui règne dans le siècleoù je vis, que j’ai choisi un
héros véritable au lieu d’un héros fabuleux ; que j’ai
décrit des guerres réelles et non des batailles chimé-
riques ; que je n’ai employé aucune fiction qui ne
soit une image sensible de la vérité. Quelque chose
que je dise de plus sur cet ouvrage , je ne dirai rien
que les critiques éclairés ne sâchent ; c’est à laHenriade
seule à parler en sa défense , et au temps feul de
désarmer l’envie.
F I N.
A BASLE, de l’imprimerie de J. J. TOURNEISEN, ainsi que les
9 volumes du Théâtre de M. de Voltaire, etc.
Les Italiens s’accommodent assez des saints, et les
Anglais ont donné beaucoup de réputation au diable;
mais bien des idées qui seraient sublimes pour eux
ne nous paraîtraient qu’extravagantes. Je me souviens
que lorsque je consultai il y a plus de douze ans sur
ma Henriadefeu M. Malezieux , homme qui joignait
une grande imagination à une littérature immense ,
il me dit: ,, Vous entreprenez un ouvrage qui n’est
,, pas fait pour notre nation ; les Français n ont pas la
,, tête epique. ,, Ce furent ses propres paroles ; et il
ajouta: ,, Quand vous écririez aussi-bien que
,, meilleurs Racine et Dejpréaux, ce sera beaucoup
,, si on vous lit. ,,
C’est pour me conformer à ce génie sage et exact,
qui règne dans le siècleoù je vis, que j’ai choisi un
héros véritable au lieu d’un héros fabuleux ; que j’ai
décrit des guerres réelles et non des batailles chimé-
riques ; que je n’ai employé aucune fiction qui ne
soit une image sensible de la vérité. Quelque chose
que je dise de plus sur cet ouvrage , je ne dirai rien
que les critiques éclairés ne sâchent ; c’est à laHenriade
seule à parler en sa défense , et au temps feul de
désarmer l’envie.
F I N.
A BASLE, de l’imprimerie de J. J. TOURNEISEN, ainsi que les
9 volumes du Théâtre de M. de Voltaire, etc.