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PROGRÈS ET DECADENCE. 401
docteurs, des hommes de lettres dont le goût a raffiné
les connaissances, des géomètres, des physiciens aient
tous concouru à ce travail aussi utile que pénible ,
sans aucune vue d’intérêt , sans même rechercher
la gloire, puisque plusieurs cachaient leurs noms;
enfin, sans être ensemble d’intelligence, et par consé-
quent exempts de l’esprit de parti.
Mais ce qui est encore plus honorable pour la
patrie , c’est que dans ce recueil immense, le bon
l’emporte sur le mauvais; ce qui n’était pas encore
arrivé. Les persécutions qu’il a essiuyées ne sont pas
si honorables pour la France. Ce même malheureux
esprit de formes mêlé d’orgueil, d’envie et d’igno-
rance , qui fit proscrire l’imprimerie du temps dé
Louis XI, les spectacles sous le grand Henri IV, les
commencemens de la saine philosophie lousLouisXIII^
enfin l’émétique et l’inoculation ; ce même esprit ,
dis - je , ennemi de tout ce qui instruit, et de tout ce
qui s’élève , porta des coups presque mortels à cette
mémorable entreprise ; il est parvenu même à la
rendre moins bonne qu’elle n’aurait été , en lui
mettant des entraves, dont il ne faut jamais enchaîner
la raison ; car on ne doit réprimer que la témérité
et non la sage hardiesse , sans laquelle l’esprit humain
ne peut faire aucun progrès. Il est certain que la
connaissance de la nature , l’esprit de doute sur les
fables anciennes honorées du nom d’histoires , la
saine métaphysique dégagée des impertinences de
l’école , sont les fruits de ce siècle , et que la raison
s’est perfectionnée. ( 16)
(16) Qu’il nous Toit permis d’ajouter ici quelques traits au tableau
tracé -par M. de Voltaire. C’est dans ce siècle que l’aberration des
Précis du Siècle de Louis XVCe