4^ SI 'L’HOMME A UNE AME,
reconnaître ; bientôt après , leurs sens extérieurs
n’agissent plus , et enfin ils meurent.
Je demande alors ce qui leur donnait la vie , la
sensation , la pensée ; ce n’était pas leur propre
ouvrage, ce n'était pas celui de la matière, comme
je me le suis déjà prouvé : c’est donc DIEU qui avait
donné à tous ces corps la puissance de sentir et d’avoir
des idées dans des degrés différens , proportionnés
à leurs organes : voilà assurément ce que je soupçon-
nerai d’abord.
Enfin je vois des hommes qui me paraissent supé-
rieurs à ces nègres , comme ces nègres le sont aux
smges, et comme les smges le sont aux huîtres et aux
autres animaux de cette espèce.
Des philosophes me disent : Ne vous y trompez
pas , l’homme est entièrement différent des autres
animaux ; il a une ame spirituelle et immortelle : car
(remarquez bien ceci) sila pensée est un composé de
la matière , elle doit être nécessairement cela même
dont elle est composée, elle doit être diviCible, capable
de mouvement etc. ; or la pensée ne peut point se
diviser, donc elle n’est point un composé de la matière;
elle n’a point de parties , elle est simple , elle est
immortelle, elle est l’ouvrage et l’image d’un dieu.
J’écoute ces maîtres, et je leur réponds toujours avec
défiance de moi-même, mais non avec confiance en
eux : Si l’homme a une ame telle que vous l’alsurez,
je dois croire que ce chien et cette taupe en ont une
toute pareille. Ils me jurent tous que non. Je leur
demande quelle différence il y a donc entre ce chien
et eux. Les uns me répondent, ce chien est une forme
substantielle ; les autres me disent , n’en croyez rien,
reconnaître ; bientôt après , leurs sens extérieurs
n’agissent plus , et enfin ils meurent.
Je demande alors ce qui leur donnait la vie , la
sensation , la pensée ; ce n’était pas leur propre
ouvrage, ce n'était pas celui de la matière, comme
je me le suis déjà prouvé : c’est donc DIEU qui avait
donné à tous ces corps la puissance de sentir et d’avoir
des idées dans des degrés différens , proportionnés
à leurs organes : voilà assurément ce que je soupçon-
nerai d’abord.
Enfin je vois des hommes qui me paraissent supé-
rieurs à ces nègres , comme ces nègres le sont aux
smges, et comme les smges le sont aux huîtres et aux
autres animaux de cette espèce.
Des philosophes me disent : Ne vous y trompez
pas , l’homme est entièrement différent des autres
animaux ; il a une ame spirituelle et immortelle : car
(remarquez bien ceci) sila pensée est un composé de
la matière , elle doit être nécessairement cela même
dont elle est composée, elle doit être diviCible, capable
de mouvement etc. ; or la pensée ne peut point se
diviser, donc elle n’est point un composé de la matière;
elle n’a point de parties , elle est simple , elle est
immortelle, elle est l’ouvrage et l’image d’un dieu.
J’écoute ces maîtres, et je leur réponds toujours avec
défiance de moi-même, mais non avec confiance en
eux : Si l’homme a une ame telle que vous l’alsurez,
je dois croire que ce chien et cette taupe en ont une
toute pareille. Ils me jurent tous que non. Je leur
demande quelle différence il y a donc entre ce chien
et eux. Les uns me répondent, ce chien est une forme
substantielle ; les autres me disent , n’en croyez rien,