De l'Eqaitaiion. 9
val, seroic une Cavalerie très-redoutable. Mais comme les remon-
tes les recrues apportent, en tout temps, un obstacle inévitable
au projet qu'on auroit d'instruire également tous les Cavaliers &
les Dragons du Royaume, il cst à craindre que cette cla(se d'hom-
mes & de chevaux, ne pouvant marcher d'un pas égal dans les
Escadrons, ne mette la plupart des Chefs dans la nécessité de se
priver, un jour d'action, de Pamlîance de ces nouveaux hommes
de ces nouveaux chevaux, par la raison qu'ils auroient trop à
redouter de leur ignorance.
Un autre motif, sélon moi, capable de faire appréhender de
rendre les Cavaliers trop habiles dans l'art de monter à cheval,
(sur lequel je ne vois peut-être pas juste, mais qui m'en: inspiré par
mon zele pour les intérêts du Roi, ) c'en: de penser que ces mêmes
Cavaliers, accoutumés, en temps de paix, à des chevaux dressésj
$C qu'ils auroient mis à leur point, (croient bien tentés, pendant
la guerre, de leur refuser leurs soins, des qu'ils verroient que la fa-
tigue les empêcheroit de répondre aux aides , &C qu'ils ne pour-
roient plus les créacer.
Je suis donc dans l'opinion que, pourvu qu'un Cavalier sâche
porter son cheval en avant, l'arrêter quand il veut, le faire recu-
ler, le tourner à droite, à gauche, &: le faire aller au pas, au trot
& au galop, c'en: exactement tout ce qu'il doit savoir 3 &C, dans ce
cas, un très-petit nombre de gens instruits dans l'art de monter à
cheval, sussit pour dreiser, en fort peu de temps, tous les Cava-
liers d'un Régiment, c'est-à-dire, pour les mettre en état d'exécu-
ter, dans l'Escadron, toutes les manœuvres ulitées dans la Cava-
lerie , &: même de plus difficiles encore que celles que j'y ai vu
pratiquer jusques-ici.
L'on ne peut exiger du cheval de Cavalier, dont le prix est
borné, qu'il ait la souplelse, l'agilité 6c le nerf qu'ont à peine les
chevaux de Maître, que l'on acheté au poids de l'or, ce dont ce-
pendant celui de Cavalier auroit tant de besoin, s'il falloit qu'il exé-
cutât tout ce qu'on semble attendre de lui, parce que ce ne seroit
donc qu'aux dépens de ses jarrets, &C conséquemment de la durée
de son service, qu'il pourrait être plié à tout ce qui se pratique dans
les Manèges.
Je craindrois, d'un autre côté, qu'en donnant au Cavalier la
val, seroic une Cavalerie très-redoutable. Mais comme les remon-
tes les recrues apportent, en tout temps, un obstacle inévitable
au projet qu'on auroit d'instruire également tous les Cavaliers &
les Dragons du Royaume, il cst à craindre que cette cla(se d'hom-
mes & de chevaux, ne pouvant marcher d'un pas égal dans les
Escadrons, ne mette la plupart des Chefs dans la nécessité de se
priver, un jour d'action, de Pamlîance de ces nouveaux hommes
de ces nouveaux chevaux, par la raison qu'ils auroient trop à
redouter de leur ignorance.
Un autre motif, sélon moi, capable de faire appréhender de
rendre les Cavaliers trop habiles dans l'art de monter à cheval,
(sur lequel je ne vois peut-être pas juste, mais qui m'en: inspiré par
mon zele pour les intérêts du Roi, ) c'en: de penser que ces mêmes
Cavaliers, accoutumés, en temps de paix, à des chevaux dressésj
$C qu'ils auroient mis à leur point, (croient bien tentés, pendant
la guerre, de leur refuser leurs soins, des qu'ils verroient que la fa-
tigue les empêcheroit de répondre aux aides , &C qu'ils ne pour-
roient plus les créacer.
Je suis donc dans l'opinion que, pourvu qu'un Cavalier sâche
porter son cheval en avant, l'arrêter quand il veut, le faire recu-
ler, le tourner à droite, à gauche, &: le faire aller au pas, au trot
& au galop, c'en: exactement tout ce qu'il doit savoir 3 &C, dans ce
cas, un très-petit nombre de gens instruits dans l'art de monter à
cheval, sussit pour dreiser, en fort peu de temps, tous les Cava-
liers d'un Régiment, c'est-à-dire, pour les mettre en état d'exécu-
ter, dans l'Escadron, toutes les manœuvres ulitées dans la Cava-
lerie , &: même de plus difficiles encore que celles que j'y ai vu
pratiquer jusques-ici.
L'on ne peut exiger du cheval de Cavalier, dont le prix est
borné, qu'il ait la souplelse, l'agilité 6c le nerf qu'ont à peine les
chevaux de Maître, que l'on acheté au poids de l'or, ce dont ce-
pendant celui de Cavalier auroit tant de besoin, s'il falloit qu'il exé-
cutât tout ce qu'on semble attendre de lui, parce que ce ne seroit
donc qu'aux dépens de ses jarrets, &C conséquemment de la durée
de son service, qu'il pourrait être plié à tout ce qui se pratique dans
les Manèges.
Je craindrois, d'un autre côté, qu'en donnant au Cavalier la