ai* TRAITÉ SUR LA CAVALERIE.
dont elle est susceptible, &C mettre à profit l'intelligence ÔC le zelc
des individus qui la composent, il faudroit qu'on voulût se per-
suader que la diversité de sentiments sur les principes de son ins-
trudion , qui existe encore aujourd'hui, empêchera indubitable-
ment qu'elle ne soit poussee à sa perfection , &: que la quantité d'o-
pinions particulières qui s'élèvent sans cesse les unes contre les au-
tres , en n'établissant rien de fixe , ne servira, tout au plus, qu'à
multiplier les difficultés de son instru£tion. Or, comme ce vice
doit nécesîairement inssuer sur les opérations delà guerre, èc qu'il
est prouvé que la manière de la faire, n'est plus une routine, si
l'on ne s'attache sérieusement à former au Roi une Cavalerie ner-
veuse, & dont la seience puilîe suppléer au nombre, non-seule-
ment le bien de l'Etat en soufFrira, mais même c'est que ceux qui
auroient à la conduire, quoiqu'en état de la bien commander,
pourraient être souvent très-embarralTés dans le choix des moyens.
En effet, est-il rien de plus affligeant dans les circonstances, où
un homme de guerre sentiroit qu'un mouvement de Cavalerie fait
à propos, pourroit remplir un objet utile, ô£ produire une action
d'éclat, que de se voir contraint, par l'inaptitude des Troupes,
de la laisser échapper, n'osant, ni ne pouvant alors l'entreprendre
avec confiance ?
La confiance dont je parle, est celle que doit inspirer à un Chef
la certitude d'avoir à ses ordres des Troupes alTez instruites, pour
qu'un mot lui suffise pour être entendu. Car, comme le coup-d'œil
est ce qui décide l'instant où il faut ébranler une ligne, un Géné-
ral seroit trop à plaindre, s'ilétoit obligé d'employer ces moments
décisifs à expliquer une manoeuvre quelconque , dont quelquefois
cinq minutes de retard, peuvent faire manquer l'exécution 5 mais
comment la Cavalerie saura-t-elle exécuter ces mouvements de
grande tadique, qui exigent une précision Ô£ un ensemble par-
faits , si, d'une part, l'on conteste toujours, & si,de l'autre, au
lieu d'exercer des ailes entières de Cavalerie, on se borne à faire
manœuvrer des Troupes de vingt-quatre Maîtres, qui figurent
pour des Escadrons ? L'on a beau dire que les camps sont trop
dispendieux, pour qu'on puisse se déterminer à en faire la propo-
sition ; toutefois comme une bonne armée peut seule aisurer de
grandes possessions, j'avoue que je ne puis concevoir comment on