LES CIIAK1VAJHI*
place du Carrousel serait destiné bientôt à éclai-
rer les quarante-huit quartiers de Paris, tous les
soirs, toutes les nuits et tous les jours d'éclipsés.
Alors les personnes qui ont les yeux sensibles ne
pourraient plus sortir la nuit sans être munies de
garde-vues. Le gaz de Paris réussira si bien à rem-
placer le soleil que le moment viendra où les habitans
des deux sexes ne pourront plus se promener le soir
sans ombrelle.
11 LISTE-CIVILE POSANT DES CHASSIS
APRÈS AVOIR CASSÉ LES VITRES.
Eh bien !
à la bonne
heure! voici
un fait de
nature à re-
poser quel-
que peu le
cœur navré,
déchiré par
le spectacle
de ce pauvre
b e s a c i e r
Montalivet,
réduit à éta-
ler une af-
freuse mi-
sère de 571
millions, et
à solliciter
la commi-
sération des
passans.
Qui sait si
on ne le ren-
contrera pas, un de ces jours, dans les rues avec un
caniche et une clarinette ?
Heureusement que le ciel, toujours pitoyable aux
malheureux, lui a envoyé un léger soulagement,et ce,
sous la forme d'une idée. La Liste-Civile, tout en
tendant la main au coin du Moniteur, s'ingéniait na-
turellement à trouver quelques moyens de se relever
un peu de sa profonde débine, ce qu'on appelle des
expédiens de gagne-petit. C'est la seule ressource des
incligens.
Enfin elle a fini par trouver son affaire.
Le Palais-Royal, qui, aux jours de 1830, voyait la
foule affluer dans son enceinte, n'a pas tardé à voir
sa popularité suivre une décadence analogue à celle de
tant d'autres coryphées de la même époque, c'est-à-
dire dégringoler insensiblement. On dirait que son
titre de berceau du Juste-Milieu lui a porté guignon.
Par suite de cette désertion, les boutiques qui or-
nent ce bazar jadis si renommé perdirent de leur a-
chalandage et subirent le sort du Système. En d'au-
tres termes, elles furent de moins en moins louées.
Or, les boutiques en question appartiennent, com-
me chacun sait, en grande partie à la Liste-Civile,
cette malheureuse marquise de Carabas.
Cet état de choses était pour elle un sujet incessant
de désolation ; elle en éprouvait un grand vide dans
son cœur et dans ses poches. C'est alors qu'à force de
se retourner elle a découvert un expédient afin de ra-
mener la foule transfuge et de faire remousser ses
boutiques. Par parenthèse cet expédient est de la mê-
me nature que les raisons et les comptes présentés
par M. de Montalivet à l'appui des demandes dotales :
c'est un expédient en l'air.
Ecoulez un grave journal :
« On parle, très sérieusement d'une société qui se-
rait au moment de s'organiser entre les propriétaires
et les boutiquiers du Palais-Royal dans le but
de couvrir le jardin de ce beau palais d'une vaste
toiture mobile en verre, afin d'en faire dans la mau-
vaise saison une splendide promenade. On espérerait
par ce moyen rappeler au célèbre Palais-Marchand
son ancienne vogue et la foule qui l'a abandonné. »
C'est très adroitement trouvé, comme vous voyez, et
la Liste-Civile est une nouvelle preuve de la vérité
de l'axiome qui dit que rien ne rend industrieux
comme la misère.
Ainsi M. Montalivet s'apprête à mettre les Parisiens
sous cloche,.; ses demandasse dotations avaient déjà
prouvé de.resta, à ce que dit Hyacinthe} qu'il nous
prend pour des melons.
Par exemple, une fois l'immense toiture établie,
nous aimons à croire que la Liste-Civile n'osera plus
venir se plaindre qu'elle est à découvert.
Va donc pour la magnifique promenade du Palais-
Royal ! Certes, la Liste-Civile est bien en droit de nous
envoyer promener; ce n'est qu'une revanche.
Nous souhaitons sincèrement que les châssis de
verre puissent faire repousser les chalands et reliorir
les locations de boutiques. La foule ne demandera
sans doute pas mieux que d'y accourir pour trouver
un abri contre la pluie. Toutefois un moyen d'at-
traction plus puissant peut-être, ce serait de promet-
tre un abri contre les demandes dotales.
Les contribuables français aiment encore mieux
être mouillés qu'être mis à sec. C'est leur idée.
RETOUR D'UN GRAND CRITIQUE.
( FEUILLETS D'ALBUM. )
Mantoue.
On me nomme Gustave Planche, barbare, fils de
barbare. Je suis venu, il y a quatre ans, de Lutèce,
le pays de la boue. L'atmosphère d'une Revue celte
me pesait; j'accourais sur les pas de Martial afin de
prendre un bain de ce doux soleil qui rôtit éternelle-
ment le sol ausonien.
Par le laurier de Virgile ! quatre fois juin, le mois
de la jeunesse, a jeté une écharpe de verdure sur le
flâne des monts, et je baille au milieu de ce luxe !
l'Italie m'agace les nerfs. Noble terre du Latium,
tu m'embêtes.....Adieu !
Dans la campagne, non loin des
champs dePollion.
Oui, je vais vous quitter, nécropole glorieuse,
fourmilière des héros, des poètes et des joueurs de
flûte ! Esclave, ouvre ma valise : je ne veux empor-
ter pour tout souvenir que ce petit caillou noir avec
lequel Jules César a peut-être fait des ronds dans
l'eau, en poursuivant les ancêtres de ces grenouilles,
là, au fond du marais.
Sur une colline sacrée s'élevant en dos d'âne.-
Voilà un beau site, mais trop de mouches. Pline le
jeune dit que les mouches de l'Italie peuvent donner
le trépas; c'est renchérir encore sur Anacréon, qui
donne à l'abeille le nom de petit serpent ailé.
Esclave, va au tibur le plus voisin dire que tu as
vu ton maître en proie aux insectes; et quelque belle
dame romaine, galante comme au temps d'Auguste,
laissera tomber de :ses mains dans la tienne son
moustiquaire aux fils d'or, en te criant :
« Puer, abige muscas ! Esclave, va chasser les
mouches 1 »
Sur la marge d'une source vouée aux nymphes.
Salut, dryades, hamadryades, nymphes du bos-
quet qui frémit et du ruisseau qui gazouille ! Je m'ar-
rête un instant, âmes de cette source, pour boire l'on-
de d'argent et pour décrotter mes bottes.
Je vois trembler d'ici un brin de folle-avoine pa-
reil à ceux que la danseuse Quintilia aimait à mêler
à ses cheveux les jours où elle dansait au Cirque ; un
narcisse épanouit aussi par là sa corolle. Qui sait!
Ovide est peut-être venu là comme j'y viens moi-mê-
me, et la vue de cette fleur lui aura donné le thème
de ce mythe fameux : « Fons erat illimis.....Il y
avait Une ibis une fontaine sans tache.....» Mais,
chut! point de mots équivoques ! Si les espions d'Oc-
tave m'écoutaient à travers ce rideau de saules I
En vue de Vérone.
Que vois-je sous ce voile de brume ? Est-ce Pa-
doue, qui n'a que des souvenirs chrétiens et un ty-
ran romantique au Théâtre-Français '? N'est-ce point
la ville où Annibal se roula en aveugle, l'illustre bor-
gne ! dans les festins, dans les amours et dans la
musique?
« Seigneur, répondit l'esclave, cette cité n'est au-
tre (pie Vérone. »
Quoi, Vérone ! la ville de Shakespeare et de l'a-
louette ! Je n'y entrerai pas ! J'ai peur de ne pas trou-
ver assez poétique dans faa réalité la place où Roméo*
et Juliette se donnèrent au lever de l'aurore leur
dernier et chaste baiser.
Tournons plutôt nos orteils vers Venise.
Venise.
Bonjour à la reine de l'Adriatique ! Tu courbes
ton front sous le sabre autrichien, ô Venise!'mais
tu es toujours belle !... J'ajoute que tu fabriques tou-
jours les meilleurs ravioli de l'univers.
Je veux encore une fois monter au palais des doges;
je veux cogner aux murs pour savoir s'il est bien vrai
qu'ils soient à double fond, avec portes invisibles,
serrures, verrous et charnières, ainsi qu'on le voit
dans tous les mélodrames.
« Seigneur, il est l'heure d'aller jetter un dernier
coup d'œil au Lido. »
Irai-je au Lido,—au Lido où Jean Sbogar faisait le
mouchoir et d'où Byron se jetait dans la mer ? Je ne;
suis pas un brigand héroïque, hélas ! ni un nageur
de forte trempe. Point de promenade au Lido, puis-
que je ne sais pas nager. Je file vers le patrimoine
de saint Pierre.
La Pentrapole.
« Sbire, que voulez-vous '?
— Seigneur, je désire savoir ce que vous faites.
— Vous le voyez, j'écris, non sur des tablettes
d'ivoire enduites de cire comme Horace, mais sur un
simple calepin.
—Seigneur, vous êtes ici dans les États du pape;
on ne doit y écrire ni d'une manière ni d'une autre
autrement le château Saint-Ange...
— Lechâteau Saint-Ange... Attendez donc ! c'és
un roman de M. Viennet qu'on m'a forcé de lire au-
trefois; mais vous ne m'y reprendrez plus. Je pars,
je suis parti. »
(La suite àun prochain relais.)
Théâtre «les "Waa-iétéa.
Le Vampire, vaudeville en un acte de M. Deligny,
Tous les étés, chaque théâtre de vaudeville donne,
à ceux de ses habitués qui ne peuvent quitter Parts,
une pièce dont la scène se passe aux eaux. On a la
consolation de voir Baden-Baden en peinture sur une
toile du fond. Ça raffraîchit toujours un peu.
Cette fois, la pièce aquatique des Variétés se passe
à Bagnères. M. Deligny est un vaudeviliste éminem
ment français qui n'a pas voulu emprunter à l'Alle-
magne, une source de succès. Il s'est contenté d'tu
robinet national.
Savez-vous quel est présentement le sujet de con
versation de tous les baigneurs ? — C'est un monsieur
qui ne parle pas, mais qui en revanche se promène
beaucoup chaque soir au clair de la lune. Aussi l'a-1
on surnommé le Vampire.
Arrive à Bagnères un jeune fat qui, apprenant
que ce personnage mystérieux n'a pas encore pro-
noncé un seul mot pendant son séjour aux eaux,
rie vingt-cinq louis de savoir s'il est décidément
muet. En conséquence il se met à sauter au cou du
Vampire en feignant de le prendre pour un ancien
ami qu'il avait cru mort. L'autre se résigne à parler
et il articule très distinctement ces trois lettres soi •
Le jeune homme est enchanté, il a gagné son pari.
Ce n'est pas tout. Les dames de la Société ne sont
pas encore satisfaites : elles savent maintenant que
ce monsieur n'est pas muet; mais pourquoi garde-t-
il constamment le plus profond silence ? Voilà qui
pique encore bien autrement leur curiosité, et c'est
le même loustic qui se charge de connaître le mol
du logogriphe.
Notre imposteur va donc harceler de nouveau %
Vampire, et cette fois ils conviennent de se battre en
duel. Mais au moment du combat, le mauvais plai-
sant confie à son adversaire un portefeuille en Ie
priant de vouloir bien le remettre à son notaire en
cas de sinistre. Il offre en échange au Vampire de lui
rendre si des services analogues en cas d'avarie
majeure.
Le Vampire donne dans le piège et confie à son
adversaire qu'il n'a pas parlé parce qu'en sa qualité
d'Allemand, il ne sait presque pas le français, et
{La suite à la ¥ page.)
place du Carrousel serait destiné bientôt à éclai-
rer les quarante-huit quartiers de Paris, tous les
soirs, toutes les nuits et tous les jours d'éclipsés.
Alors les personnes qui ont les yeux sensibles ne
pourraient plus sortir la nuit sans être munies de
garde-vues. Le gaz de Paris réussira si bien à rem-
placer le soleil que le moment viendra où les habitans
des deux sexes ne pourront plus se promener le soir
sans ombrelle.
11 LISTE-CIVILE POSANT DES CHASSIS
APRÈS AVOIR CASSÉ LES VITRES.
Eh bien !
à la bonne
heure! voici
un fait de
nature à re-
poser quel-
que peu le
cœur navré,
déchiré par
le spectacle
de ce pauvre
b e s a c i e r
Montalivet,
réduit à éta-
ler une af-
freuse mi-
sère de 571
millions, et
à solliciter
la commi-
sération des
passans.
Qui sait si
on ne le ren-
contrera pas, un de ces jours, dans les rues avec un
caniche et une clarinette ?
Heureusement que le ciel, toujours pitoyable aux
malheureux, lui a envoyé un léger soulagement,et ce,
sous la forme d'une idée. La Liste-Civile, tout en
tendant la main au coin du Moniteur, s'ingéniait na-
turellement à trouver quelques moyens de se relever
un peu de sa profonde débine, ce qu'on appelle des
expédiens de gagne-petit. C'est la seule ressource des
incligens.
Enfin elle a fini par trouver son affaire.
Le Palais-Royal, qui, aux jours de 1830, voyait la
foule affluer dans son enceinte, n'a pas tardé à voir
sa popularité suivre une décadence analogue à celle de
tant d'autres coryphées de la même époque, c'est-à-
dire dégringoler insensiblement. On dirait que son
titre de berceau du Juste-Milieu lui a porté guignon.
Par suite de cette désertion, les boutiques qui or-
nent ce bazar jadis si renommé perdirent de leur a-
chalandage et subirent le sort du Système. En d'au-
tres termes, elles furent de moins en moins louées.
Or, les boutiques en question appartiennent, com-
me chacun sait, en grande partie à la Liste-Civile,
cette malheureuse marquise de Carabas.
Cet état de choses était pour elle un sujet incessant
de désolation ; elle en éprouvait un grand vide dans
son cœur et dans ses poches. C'est alors qu'à force de
se retourner elle a découvert un expédient afin de ra-
mener la foule transfuge et de faire remousser ses
boutiques. Par parenthèse cet expédient est de la mê-
me nature que les raisons et les comptes présentés
par M. de Montalivet à l'appui des demandes dotales :
c'est un expédient en l'air.
Ecoulez un grave journal :
« On parle, très sérieusement d'une société qui se-
rait au moment de s'organiser entre les propriétaires
et les boutiquiers du Palais-Royal dans le but
de couvrir le jardin de ce beau palais d'une vaste
toiture mobile en verre, afin d'en faire dans la mau-
vaise saison une splendide promenade. On espérerait
par ce moyen rappeler au célèbre Palais-Marchand
son ancienne vogue et la foule qui l'a abandonné. »
C'est très adroitement trouvé, comme vous voyez, et
la Liste-Civile est une nouvelle preuve de la vérité
de l'axiome qui dit que rien ne rend industrieux
comme la misère.
Ainsi M. Montalivet s'apprête à mettre les Parisiens
sous cloche,.; ses demandasse dotations avaient déjà
prouvé de.resta, à ce que dit Hyacinthe} qu'il nous
prend pour des melons.
Par exemple, une fois l'immense toiture établie,
nous aimons à croire que la Liste-Civile n'osera plus
venir se plaindre qu'elle est à découvert.
Va donc pour la magnifique promenade du Palais-
Royal ! Certes, la Liste-Civile est bien en droit de nous
envoyer promener; ce n'est qu'une revanche.
Nous souhaitons sincèrement que les châssis de
verre puissent faire repousser les chalands et reliorir
les locations de boutiques. La foule ne demandera
sans doute pas mieux que d'y accourir pour trouver
un abri contre la pluie. Toutefois un moyen d'at-
traction plus puissant peut-être, ce serait de promet-
tre un abri contre les demandes dotales.
Les contribuables français aiment encore mieux
être mouillés qu'être mis à sec. C'est leur idée.
RETOUR D'UN GRAND CRITIQUE.
( FEUILLETS D'ALBUM. )
Mantoue.
On me nomme Gustave Planche, barbare, fils de
barbare. Je suis venu, il y a quatre ans, de Lutèce,
le pays de la boue. L'atmosphère d'une Revue celte
me pesait; j'accourais sur les pas de Martial afin de
prendre un bain de ce doux soleil qui rôtit éternelle-
ment le sol ausonien.
Par le laurier de Virgile ! quatre fois juin, le mois
de la jeunesse, a jeté une écharpe de verdure sur le
flâne des monts, et je baille au milieu de ce luxe !
l'Italie m'agace les nerfs. Noble terre du Latium,
tu m'embêtes.....Adieu !
Dans la campagne, non loin des
champs dePollion.
Oui, je vais vous quitter, nécropole glorieuse,
fourmilière des héros, des poètes et des joueurs de
flûte ! Esclave, ouvre ma valise : je ne veux empor-
ter pour tout souvenir que ce petit caillou noir avec
lequel Jules César a peut-être fait des ronds dans
l'eau, en poursuivant les ancêtres de ces grenouilles,
là, au fond du marais.
Sur une colline sacrée s'élevant en dos d'âne.-
Voilà un beau site, mais trop de mouches. Pline le
jeune dit que les mouches de l'Italie peuvent donner
le trépas; c'est renchérir encore sur Anacréon, qui
donne à l'abeille le nom de petit serpent ailé.
Esclave, va au tibur le plus voisin dire que tu as
vu ton maître en proie aux insectes; et quelque belle
dame romaine, galante comme au temps d'Auguste,
laissera tomber de :ses mains dans la tienne son
moustiquaire aux fils d'or, en te criant :
« Puer, abige muscas ! Esclave, va chasser les
mouches 1 »
Sur la marge d'une source vouée aux nymphes.
Salut, dryades, hamadryades, nymphes du bos-
quet qui frémit et du ruisseau qui gazouille ! Je m'ar-
rête un instant, âmes de cette source, pour boire l'on-
de d'argent et pour décrotter mes bottes.
Je vois trembler d'ici un brin de folle-avoine pa-
reil à ceux que la danseuse Quintilia aimait à mêler
à ses cheveux les jours où elle dansait au Cirque ; un
narcisse épanouit aussi par là sa corolle. Qui sait!
Ovide est peut-être venu là comme j'y viens moi-mê-
me, et la vue de cette fleur lui aura donné le thème
de ce mythe fameux : « Fons erat illimis.....Il y
avait Une ibis une fontaine sans tache.....» Mais,
chut! point de mots équivoques ! Si les espions d'Oc-
tave m'écoutaient à travers ce rideau de saules I
En vue de Vérone.
Que vois-je sous ce voile de brume ? Est-ce Pa-
doue, qui n'a que des souvenirs chrétiens et un ty-
ran romantique au Théâtre-Français '? N'est-ce point
la ville où Annibal se roula en aveugle, l'illustre bor-
gne ! dans les festins, dans les amours et dans la
musique?
« Seigneur, répondit l'esclave, cette cité n'est au-
tre (pie Vérone. »
Quoi, Vérone ! la ville de Shakespeare et de l'a-
louette ! Je n'y entrerai pas ! J'ai peur de ne pas trou-
ver assez poétique dans faa réalité la place où Roméo*
et Juliette se donnèrent au lever de l'aurore leur
dernier et chaste baiser.
Tournons plutôt nos orteils vers Venise.
Venise.
Bonjour à la reine de l'Adriatique ! Tu courbes
ton front sous le sabre autrichien, ô Venise!'mais
tu es toujours belle !... J'ajoute que tu fabriques tou-
jours les meilleurs ravioli de l'univers.
Je veux encore une fois monter au palais des doges;
je veux cogner aux murs pour savoir s'il est bien vrai
qu'ils soient à double fond, avec portes invisibles,
serrures, verrous et charnières, ainsi qu'on le voit
dans tous les mélodrames.
« Seigneur, il est l'heure d'aller jetter un dernier
coup d'œil au Lido. »
Irai-je au Lido,—au Lido où Jean Sbogar faisait le
mouchoir et d'où Byron se jetait dans la mer ? Je ne;
suis pas un brigand héroïque, hélas ! ni un nageur
de forte trempe. Point de promenade au Lido, puis-
que je ne sais pas nager. Je file vers le patrimoine
de saint Pierre.
La Pentrapole.
« Sbire, que voulez-vous '?
— Seigneur, je désire savoir ce que vous faites.
— Vous le voyez, j'écris, non sur des tablettes
d'ivoire enduites de cire comme Horace, mais sur un
simple calepin.
—Seigneur, vous êtes ici dans les États du pape;
on ne doit y écrire ni d'une manière ni d'une autre
autrement le château Saint-Ange...
— Lechâteau Saint-Ange... Attendez donc ! c'és
un roman de M. Viennet qu'on m'a forcé de lire au-
trefois; mais vous ne m'y reprendrez plus. Je pars,
je suis parti. »
(La suite àun prochain relais.)
Théâtre «les "Waa-iétéa.
Le Vampire, vaudeville en un acte de M. Deligny,
Tous les étés, chaque théâtre de vaudeville donne,
à ceux de ses habitués qui ne peuvent quitter Parts,
une pièce dont la scène se passe aux eaux. On a la
consolation de voir Baden-Baden en peinture sur une
toile du fond. Ça raffraîchit toujours un peu.
Cette fois, la pièce aquatique des Variétés se passe
à Bagnères. M. Deligny est un vaudeviliste éminem
ment français qui n'a pas voulu emprunter à l'Alle-
magne, une source de succès. Il s'est contenté d'tu
robinet national.
Savez-vous quel est présentement le sujet de con
versation de tous les baigneurs ? — C'est un monsieur
qui ne parle pas, mais qui en revanche se promène
beaucoup chaque soir au clair de la lune. Aussi l'a-1
on surnommé le Vampire.
Arrive à Bagnères un jeune fat qui, apprenant
que ce personnage mystérieux n'a pas encore pro-
noncé un seul mot pendant son séjour aux eaux,
rie vingt-cinq louis de savoir s'il est décidément
muet. En conséquence il se met à sauter au cou du
Vampire en feignant de le prendre pour un ancien
ami qu'il avait cru mort. L'autre se résigne à parler
et il articule très distinctement ces trois lettres soi •
Le jeune homme est enchanté, il a gagné son pari.
Ce n'est pas tout. Les dames de la Société ne sont
pas encore satisfaites : elles savent maintenant que
ce monsieur n'est pas muet; mais pourquoi garde-t-
il constamment le plus profond silence ? Voilà qui
pique encore bien autrement leur curiosité, et c'est
le même loustic qui se charge de connaître le mol
du logogriphe.
Notre imposteur va donc harceler de nouveau %
Vampire, et cette fois ils conviennent de se battre en
duel. Mais au moment du combat, le mauvais plai-
sant confie à son adversaire un portefeuille en Ie
priant de vouloir bien le remettre à son notaire en
cas de sinistre. Il offre en échange au Vampire de lui
rendre si des services analogues en cas d'avarie
majeure.
Le Vampire donne dans le piège et confie à son
adversaire qu'il n'a pas parlé parce qu'en sa qualité
d'Allemand, il ne sait presque pas le français, et
{La suite à la ¥ page.)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La Liste-civile posant des chassis après avoir cassé les vitres
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1844
Entstehungsdatum (normiert)
1839 - 1849
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 13.1844, Juillet (No. 183-213), S. 758
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg