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Le charivari — 13.1844

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Décembre (No. 335-365)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17365#1421
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i

liE CHARIVARI.

Place ! place à la reine Bacchanal et à sa cour !
criait la foule, et le cortège royal s'avança : c'étaient
d'abord quatre rosses tirant un landau de louage;
— dans ce landau, la majesté du jour souriant à son

peuple, donnant des poignées de main et chantant la
Mère Gaudichon avec cette grâce qui ne saurait aban-
donner les rois, —tant qu'ils sont rois.

Puis, quatre autres rosses traînant le landau de
Couche-tout-nu, mari de la reine, gaillard robuste et
bien découplé, comme il convient à son emploi, type
tlatteur du Parisien, c'est-à-dire railleur, goguenard,
babillard, farceur, bambocheur el noceur à mort. —
Il était déguisé en malin, pour donner le change à
ses créanciers, plus malins que lui, comme on le
verra plus loin.

Là se trouvait aussi Nini Moulin, en costume anti-
que de fantaisie (casque romain surmonté d'un plu-
meau à épousseter), et Rose Pompon, frangeuse sans
occupation et chaloupeuse en activité de service.

îDGcrc meuaieilt uuts troisième
nt le nombre de douze rosses

attelées...

C'était magnifique, ébouriffant, renversant!!

La 'reine Bacchanal promenait ses regards et sem-
blait dire: « C'est toujours avec un nouveau plaisir
que je reçois l'expression des bons sentimens de ma
populace... »

Tout à coup ses yeux, écarquillés de joie et de
galté, rencontrèrent les yeux tristes et imbibés de la
Mayeux...

— Ma sœur! s'écriaCéphyse (c'était le sobriquet
que la reine Bacchanal avait reçu en naissant), ma
sueur!... et, leste comme une saltimbanque, dont elle
avait l'air et le costume, elle s'élança du landau dans
les bras de la pauvre bossue...

Lecteurs, mouchez-vous : ça devient affreusement
pathétique; vous allez pleurer comme une borne-fon-
taine.

— Viens, dit Céphyse à la Mayeux ; allons au

Veau qui tête... il y a des cabinets particuliers... je
connais ça... Viens, nous causerons de nos petites
affaires... Ma pauvre sœur ! comme te voilà fichue !...
comme tu es pâle 1...
^-Mais, pas trop... c'est que j'ai mal dormi.

— Comme tu es maigre ! Tu ne manges peut-être
pas tout ton soûl, tandis que moi... moi, malheu-
reuse, je mange tout! Ah ! c'est affreux! Tu me mé-
prises peut-être?...

— Par exemple! comment peux-tu penser ça!...
moi, te mépriser 1 bien au contraire, grand Dieu !...
Crois-tu que la Providence t'ait donné un cœur pour
ramer des choux? Crois-tu.qu'en te donnant un sang
vif, ardent, un tempérament remuant et tout ce qui
s'ensuit, «Heeût voulu que ta jeunesse se passât hon-
nêtement?... Non, non, ne calomnie pas la Providen-
ce ! il entrait dans ses vues, il fallait, pour ses. cé-
lestes harmonies, une reine Bacchanal —et son sab-
bat, et ces danses de caractère, et tout le diable et
son train... Qui donc aurait inventé la contredanse
delà Tulipe orageuse, si tu n'étais pas, ô ma noble
sœur! ce que tu es?... D'ailleurs, qu'est-ce que la
société a fait pour toi?... Rien... Si elle t'avait fait
seulement quarante sous par jour !...

— Oh ! cela serait bien différent ! Quarante sous
par jour auraient calmé l'ardeur de mon sang, satis-
fait mon goût des plaisirs... Dieu! comme j'aurais
été sage si la société m'avait donné quarante sous
par jour !...

Passant de cette théorie socialiste un peu bien
avancée à la pratique, Céphyse raconte, sans sour-
ciller, à sa pudique sœur, qui l'écoute de même, sa

vie quelque
peu décolletée,
et ses prodiga-
lités , et ses
changeantes
amours,etune
foule d'autres
choses édifian-
tes. — En ce
moment arri-
ve Couche -
tout-nu, qui,
après les civi-
lités d'usage
entre gens
comme il faut,
demande des
nouvelles de
son ami Agri-
col. Mayeux
raconte 1 e s
malheurs de
!a dynastie Da-
gobert, et comme quoi, faute d'une caution de cinq
cents balles, Agricol est resté en plan à Sainte-
Pélagie.

Couche-tout-nu se dépouille aussitôt de sa—n'ayez
pas peur, mesdames — bourse, qui renferme trente
napoléons.

La Mayeux accepte et fait la révérence.

Mais les sujets de la reine Bacchanal chantent la
Marseillaise, trépignent et demandent Sa Majesté.

— Fichtre ! dit la reine émue, ces voyoux sont ca-
pables de faire une révolution et de tout casser si je
ne me montre pas; embrasse-moi et va-t'en...

La Mayeux tend les bras, embasse sa sœur, pleu-
re, se mouche et descend furtivement l'escalier pour
se dérober aux hommages publics.

Elle court rue de Babylone, au pavillon occupé par
Mlle Adrienne de Carotteville.

— Pourquoi ?

Lecteur, tu le sf plus tard.

En attendant, n ! marche !

Au même inst;. jis bourgeois parfaitement
couverts,—l'un a paletot blanc-jaune à longs
poils, earni de gr; mtons en os, un pantalon
rouge piou-piou i bs bâton.

L'autre était p( m carrife bleu-clair, à trois

collets, et d'un g'

~ «a 1ui Pleure et !

Et le troisième, d'une redingote à la proprîétai-1 Ise et M11" de c
reexrverte, ornée de velours ex-noir et d'un gros bà- ton cabanon, et
ton. t de converse

Ces trois bourgeois étaient au nombre de quatre rt et la pauvre I
car un dernier survint (avec un gros bâton) et leurfJps est encore
dit: Il est là... m ■

— T'en es sûr ?

— Plus que sûr !...

Ces bourgeois avaient attendu, depuis la veille le
lever du soleil pour mener quelqu'un coucher à
Sainte-Pélagie.

h Mayeux descem
ifrienne tailler un

Céphyse buvait comme un pompier et excitait songes phrases un
peuple et du geste et de la voix. faWville est-ell

Et son peuple, docile ainsi que tout bon peuple ces trésors d'i:
doit l'être, répondait à l'appel de la reine, buvan%si vilain coffre,
comme un seul homme à bouche que veux-tu, jje son\côté, la •]

Nini Moulin a le vin commentateur; Couche-toutW ynté jointe
nu gris ea* affreusement noir; Ro«f> Prm- -^vieny^.- excellentes
sentiment* . Lie petite,

peut, mais tous deviennent (/^.1U^, m à ja,']yiayeux,

Un garçon de salle s'approche de Couche-tout%uJi|)re doit rcmeti
lui dit deux mots à l'oreille, et Couche-tout-nu s'é-
clipse... Le même garçon revient dire un mot à Cé-
physe, qui pousse un cri et file comme une étoile]
dégommée.

Couche-tout-nu était la proie des.quatre gourdins
(vous pouvez lire gredins, si cela vous fait plaisir)1
que nous avons vus tout à l'heure... Il était fumé, ce
qui veut dire, en langue académique, pris, arrêté,
emballé...

Les quatre gourdins étaient autant de recors, re
malin était un jocrisse coffré pour une lettre de chan-
ge de 10,000 francs qu'il avait oublié de porter sur
son carnet d'échéances. — Céphyse pleure énormé-
ment, fait des projets de réforme, embrasse son
amant, lui jure fidélité complète et lui donne sa bé-
nédiction I

Pendant que ces événemens chicandards se pas-
sent, la Mayeux est allée visiter le pavillon de la rue
de Babylone, où elle a trouvé Florine, une femme de
chambre vendue aux jésuites, qui a lâchement trahi
sa maîtresse, sa bienfaitrice. Florine, cet le misérable concierge et du j;
ingrate, a le cœur excellent ; elle dit un tas de bon- ; Vo-
nes choses à la Mayeux, qu'elle envoie demander de Js, et
l'ouvrage à un couvent voisin. J^rt ^

Mais , imagi-
nez-vous la sur-
p r ise de la
Mayeux ! Par un

hasard bien pro- ^| ^an*

iobert.
's el-
Vs

vent est précisé- fïiiiSsrM K>?P^ Se trou

L"était

videnliel, ce cou- 'k[
ment celui #esdgH^H§fl ft^lHl k,^1 de «5hii d>

petites Simonet-gfS^fgggfl W m COUp dl

tes ; — par un1ï%|||ûâB % ^Ups dans '

deuxième h a - ""^jjjlBM mÊ'' Bref J?kards de s

sard, ce couvent ""^MB W^- H rPt ^aveux 1

touche à l'hôpital ^ HP"1 tr°uvées.
de folles où Mlln de Carotteville est enfermée ;^PU]?|t °ah ! fit ie vie,
par un troisième hasard non moins providentiel. <u Jeune . t L

Bah 1 fit le jeu,
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le Juif errant; Complainte constitutionelle en dix volumes.
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Entstehungsdatum
um 1844
Entstehungsdatum (normiert)
1839 - 1849
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur
Romangestalt
Le juif errant

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
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Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
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Le charivari, 13.1844, Décembre (No. 335-365), S. 1414

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
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