LE CHARIVARI
Une fois admis dans la salle d'attente du Musée, le
tableau arrivé en temps utile voit commencer une
autre série de tribulations.
Le jury, le terrible jury entre en fonctions, et com-
me depuis un temps immémorial on prétend que la
Justice doit avoir pour principale qualité detre aveu-
gle, la plupart des membres du jury ont été choisis
parmi des personnages dignes d'entrer aux Quinze-
Vingts.
Une douzaine d'académiciens portent des lunettes
vertes ; quand à cela ils joignent une loupe — gros
bleu, les tableaux sont jugés d'une manière qui ne
laisse pas que d'avoir son charme.
Pour les gens qui aiment la bonne charge, s'en tend.
Quant aux artistes exposans, ils prennent généra-
lement beaucoup moins bien la plaisanterie, et ils
persistent à demander qu'on change les membres du
jury-
Mais le gouvernement se garde bien d'obtempérer
à ce désir, et il a raison, car s'il le faisait, il s'expo-
serait à une foule de pétitions d'une multitude d'in-
lustriels dont le commerce serait gravement com-
promis.
Nous voulons parler des quinze cents coiffeurs de
Paris, qui ne trouvent à gagner un peu d'argent
qu'en confectionnant des perruques pour les deux
mille artistes qui chaque année s'arrachent des poi-
gnées de cheveux le jour de l'ouverture du Musée.
Considérée sous ce point de vue, l'institution ac-
tuelle et académique du jury de peinture est une
chose utile à conserver, et nous votons pour le main-
tien des perruques.
Du reste, les rapins ne sont pas seuls à se lamen-
ter le jour de l'ouverture du Musée.
Un peintre célèbre et auquel rien ne paraît man-
quer pour être parfaitement heureux ici-bas, donne
également un libre cours à son désespoir toutes les
fois qu'il est question d'exposition de peinture.
Nous avons nommé M. Ingres, qui ne peut se con-
soler de voir une foule d'artistes romantiques cou-
vrir leurs toiles de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel,
tandis qu'il serait de si bon goût de n'employer que
la belle nuance grise qu'affectionne tant Huteur du
Saiut-Symphorien. [ ',
Quelques-uns se vouent au blanc, d'autres se
vouent au bleu ; M. Ingres s'est voué au gris.
Après la crainte du jury, vient pour l'artiste la
crainte du critique.
La nuit l'artiste voit en rêve Gustave Planche s'ap-
prêtant à écrire contre lui un article en trente colon-
nes. Quel cauchemar !
Depuis plusieurs années Gustave Planche n'écrit
plus sur le Salon ; mais n'importe ! ce personnage
fantastique est toujours le Croquemifaine des expo-
sans.
Le seul et véritable Gustave Planche de notre épo-
que se nomme Thoré et son cheval de monture est
le Constitutionnel.
Pauvre bon vieux L'on si 'H bon gré mal
jré on le fait marcher.
M. Thoré a un grand mérite à nos yik,
critique d'art: c'est de ne pas faire de tableaux
Presque tous les autres journalistes qui t
compte du Salon se vantent de savoir tenir ui
ceau, ce qui, la plupart du temps, ne leur a pas j>et.
mis d'apprendre à tenir une plume.
Sans compter qu'ils se mettent à prodiguer dans
leurs phrases la terre de Sienne, l'ocre, le cinabre
etc., avec une largesse qui devient malsaine pourl!
lecteur.
Car tout cela réuni parvient à former de l'opium
et l'opium pris en trop forte dose est un poison.
Je n'hésite pas à déclarer que, de tous les criti-
ques du Salon de la présente année, je suis le plUs
apte à en parler avec impartialité, par cela seul qm
je n'ai jamais eu la prétention de dessiner un œil au.
t rement que de profil.
Un jour, un seul jour j'en ai reproduit un de face,
et tous mes amis se sont accordés à reconnaître que
j'avais eu l'intention de dessiner une bouche.
Voilà comme je comprends le critique d'art. Je lie
me laisse pas égarer par la jalousie.
Maintenant entrons dans le grand salon si non»
pouvons.
Ni
Mais non, je vois que la foule nous étouffe; sor-
tons-en au plus vite et allons plutôt faire un tour
dans la galerie réservée aux sculptures.
D'ordinaire ces pauvres sculptures sont réservées
pour l'épilogue de tous les comptes rendus ; commen-
çons par elles ; c'est une politesse dont elles nous
sauront gré et dont nous serons récompensé immé-
diatement, puisqu'elle nous permettra de respirer a
notre aise.
Admirons tout d'abord cette femme qui a eu l'im-
prudence de vouloir apprivoiser des serpens, ce fl
l'a fait tourner elle-même peu au rej#;
Celte statue, pour être a demande à
vue à vol d'oiseau.
Si j'en étais propriétaire,,) rais dans J
cour puis, toutes les fois qu< >ais 1 admi*
j'irais me placer à une fenêtre ie étage.
Après ça, il faut avouer qu >
gaîté.
En fait de statues féminines
nus, d Eriirone et autres dames ,
de nos jours, île choisiraient pas
mont Olympe, mais bien le mdn «
jpetits suje
^treint celte année
L francs à une gn
Je plus difficilement
Ke'Niewerkert
.piédestal colossal.
Ce vue nous on
iet de cette pyramide
mttam a partagé cette
lirait à moi qui suis my
Epelit marbre existe réell
«soin, attendu que le
:éte de talent.
Vive les bustes, on le
il n'y a que les
D*es bourgeois se
'^eauàla Quirog;
£"<°« on croit aperce
l^i Dantan jeun
W1^ quatre ou cin
! "» marbre ont, ci
|essemblance4 Ce <
fàn«i, j'avoue c
Une fois admis dans la salle d'attente du Musée, le
tableau arrivé en temps utile voit commencer une
autre série de tribulations.
Le jury, le terrible jury entre en fonctions, et com-
me depuis un temps immémorial on prétend que la
Justice doit avoir pour principale qualité detre aveu-
gle, la plupart des membres du jury ont été choisis
parmi des personnages dignes d'entrer aux Quinze-
Vingts.
Une douzaine d'académiciens portent des lunettes
vertes ; quand à cela ils joignent une loupe — gros
bleu, les tableaux sont jugés d'une manière qui ne
laisse pas que d'avoir son charme.
Pour les gens qui aiment la bonne charge, s'en tend.
Quant aux artistes exposans, ils prennent généra-
lement beaucoup moins bien la plaisanterie, et ils
persistent à demander qu'on change les membres du
jury-
Mais le gouvernement se garde bien d'obtempérer
à ce désir, et il a raison, car s'il le faisait, il s'expo-
serait à une foule de pétitions d'une multitude d'in-
lustriels dont le commerce serait gravement com-
promis.
Nous voulons parler des quinze cents coiffeurs de
Paris, qui ne trouvent à gagner un peu d'argent
qu'en confectionnant des perruques pour les deux
mille artistes qui chaque année s'arrachent des poi-
gnées de cheveux le jour de l'ouverture du Musée.
Considérée sous ce point de vue, l'institution ac-
tuelle et académique du jury de peinture est une
chose utile à conserver, et nous votons pour le main-
tien des perruques.
Du reste, les rapins ne sont pas seuls à se lamen-
ter le jour de l'ouverture du Musée.
Un peintre célèbre et auquel rien ne paraît man-
quer pour être parfaitement heureux ici-bas, donne
également un libre cours à son désespoir toutes les
fois qu'il est question d'exposition de peinture.
Nous avons nommé M. Ingres, qui ne peut se con-
soler de voir une foule d'artistes romantiques cou-
vrir leurs toiles de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel,
tandis qu'il serait de si bon goût de n'employer que
la belle nuance grise qu'affectionne tant Huteur du
Saiut-Symphorien. [ ',
Quelques-uns se vouent au blanc, d'autres se
vouent au bleu ; M. Ingres s'est voué au gris.
Après la crainte du jury, vient pour l'artiste la
crainte du critique.
La nuit l'artiste voit en rêve Gustave Planche s'ap-
prêtant à écrire contre lui un article en trente colon-
nes. Quel cauchemar !
Depuis plusieurs années Gustave Planche n'écrit
plus sur le Salon ; mais n'importe ! ce personnage
fantastique est toujours le Croquemifaine des expo-
sans.
Le seul et véritable Gustave Planche de notre épo-
que se nomme Thoré et son cheval de monture est
le Constitutionnel.
Pauvre bon vieux L'on si 'H bon gré mal
jré on le fait marcher.
M. Thoré a un grand mérite à nos yik,
critique d'art: c'est de ne pas faire de tableaux
Presque tous les autres journalistes qui t
compte du Salon se vantent de savoir tenir ui
ceau, ce qui, la plupart du temps, ne leur a pas j>et.
mis d'apprendre à tenir une plume.
Sans compter qu'ils se mettent à prodiguer dans
leurs phrases la terre de Sienne, l'ocre, le cinabre
etc., avec une largesse qui devient malsaine pourl!
lecteur.
Car tout cela réuni parvient à former de l'opium
et l'opium pris en trop forte dose est un poison.
Je n'hésite pas à déclarer que, de tous les criti-
ques du Salon de la présente année, je suis le plUs
apte à en parler avec impartialité, par cela seul qm
je n'ai jamais eu la prétention de dessiner un œil au.
t rement que de profil.
Un jour, un seul jour j'en ai reproduit un de face,
et tous mes amis se sont accordés à reconnaître que
j'avais eu l'intention de dessiner une bouche.
Voilà comme je comprends le critique d'art. Je lie
me laisse pas égarer par la jalousie.
Maintenant entrons dans le grand salon si non»
pouvons.
Ni
Mais non, je vois que la foule nous étouffe; sor-
tons-en au plus vite et allons plutôt faire un tour
dans la galerie réservée aux sculptures.
D'ordinaire ces pauvres sculptures sont réservées
pour l'épilogue de tous les comptes rendus ; commen-
çons par elles ; c'est une politesse dont elles nous
sauront gré et dont nous serons récompensé immé-
diatement, puisqu'elle nous permettra de respirer a
notre aise.
Admirons tout d'abord cette femme qui a eu l'im-
prudence de vouloir apprivoiser des serpens, ce fl
l'a fait tourner elle-même peu au rej#;
Celte statue, pour être a demande à
vue à vol d'oiseau.
Si j'en étais propriétaire,,) rais dans J
cour puis, toutes les fois qu< >ais 1 admi*
j'irais me placer à une fenêtre ie étage.
Après ça, il faut avouer qu >
gaîté.
En fait de statues féminines
nus, d Eriirone et autres dames ,
de nos jours, île choisiraient pas
mont Olympe, mais bien le mdn «
jpetits suje
^treint celte année
L francs à une gn
Je plus difficilement
Ke'Niewerkert
.piédestal colossal.
Ce vue nous on
iet de cette pyramide
mttam a partagé cette
lirait à moi qui suis my
Epelit marbre existe réell
«soin, attendu que le
:éte de talent.
Vive les bustes, on le
il n'y a que les
D*es bourgeois se
'^eauàla Quirog;
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l^i Dantan jeun
W1^ quatre ou cin
! "» marbre ont, ci
|essemblance4 Ce <
fàn«i, j'avoue c
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le salon de 1847 illustré par Cham
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le charivari
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
R 1609 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1847
Entstehungsdatum (normiert)
1842 - 1852
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le charivari, 16.1847, Avril (No. 91-120), S. 358
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg